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Jean-Claude Barbier, membre permanent du conseil d'administration de l'AFCU, adresse

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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 19:31

par Jean-Claude Barbier, article à la Une dans le bulletin n° 133, novembre 2013, de la Correspondance unitarienne.

 

Si les Eglises chrétiennes ne posent pas de conditions financières pour leurs prestations, lesquelles sont gratuites quitte aux bénéficiaires à faire un geste selon leurs possibilités, elles n’en ont pas moins des exigences morales et religieuses : l’adhésion à une confession de foi, le suivi du catéchisme pour être baptisé, être en règle pour recevoir les sacrements ou des bénédictions, etc. C’est bien entendu de leur plein droit.


Mais voilà que, de nos jours, les internautes chevronnés ont vite fait bien fait de dénicher sur la Toile l’existence d’autres Eglises dont les conditions d’admission peuvent être plus libérales – comme par exemple le site de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) qui propose un accompagnement spirituel des couples avec l’idée d’une adaptation aux personnes ( lien). Les entretiens avec les futurs époux et l’organisation de la cérémonie religieuse peuvent aisément se faire alors par messagerie et téléphone. C’est dire qu’aujourd’hui, si vous n’êtes pas contents, vous pouvez toujours vous adresser à une autre Eglise pour voir si c’est mieux ! Désormais, les Eglises locales ne sont plus incontournables … et les fidèles peuvent profiter de leur liberté de choix et faire jouer le pluralisme confessionnel et religieux !


Serait-ce l’ouverture au laxisme, à une relativisation des décisions ecclésiales, au contournement des obligations ? Est-ce l’acceptation progressiste d’une évolution des mœurs où chacun fait ce qu’il veut ? Peut-être, mais pour le chrétien sincère cela renvoie à l’attitude même de Jésus ô combien rebelle vis-à-vis des règles de son époque. Les pharisiens de son temps et le sanhédrin avait raison contre lui : une femme adultère prise en flagrant délit devait être lapidée ; les Juifs devaient éviter tout contact avec les Samaritains jugés hérétiques ou encore avec les femmes en état d’impureté rituelle à cause d’un épanchement sanguin (lors de leurs règles ou pour une autre cause) ou encore le fait de frayer avec des étrangers et d’utiliser leurs monnaies comme le faisaient les percepteurs d’impôts et de douanes ; le sabbat était « intégral » y compris lorsque son âne tombait dans un puit ou que la fringale vous tenaillait en traversant un champ de blé mûr, etc.


coeur-a-coeur.jpgAlors que faire d’un couple qui n’est pas en règle quant à ses obligations religieuses ? Lui dire de faire le nécessaire, de prendre patience, de convertir son conjoint … Mais tous ceux qui ont aimé avec passion savent très bien que l’amour n’attend pas, qu’il est pressé, qu’il vit chaque seconde dans l’urgence ! Et puis n’est-ce pas le moment précisément - où le couple vit le bonheur de vivre, la joie d’aimer, l’envie de partager son enthousiasme à leurs proches et à tous leurs amis - de se tourner vers Dieu ou la Source de la vie ou l’Energie initiale ou toute autre façon de désigner la transcendance spirituelle que nous ressentons profondément en nos êtres, et plus particulièrement en ces moments d’euphorie.


Dans cette relation à Dieu, notre intuition à partir de ce que nous vivons nous-mêmes, notre expérience de la vie, notre sentiment de sa présence indicible sont beaucoup plus importants que les croyances qui renvoient quant à elles à des théologies plus ou moins abstraites, liées à des doctrines religieuses particulières, et manifestement « construites de main d’homme » !


Et puis, si Dieu existe, s’il est vraiment ce Dieu créateur de l’univers et donneur de vie que nous pensons, ne serait-il pas plus généreux que les hommes ? Au juridisme ecclésiale, trop souvent étouffant, oppressant, déprimant, ne faut-il pas résolument opposer une toute autre façon d’accueillir les demandes? Une attention personnalisée, des conseils adaptés aux situations particulières, des points de repères, la proposition de textes évangéliques qui peuvent nous inspirés – mais cette fois-ci en toute liberté ! un accompagnement spirituel non directif (qui n’a plus rien à voir avec la « direction des consciences »), et enfin l’orientation vers une communauté la plus à même de recevoir le couple le temps d’une cérémonie. C’est ce que nous avons appelé « le mariage à la carte » à l’occasion du mariage d’un couple canadien que nous avions organisé en septembre 2006 (lien),


Et puis, cessons aussi d’accepter les prétentions des Eglises ou autres communautés religieuses. Non, dans un Etat moderne et laïc, ce ne sont plus elles qui font le mariage, mais la Mairie ! Si bien que le couple arrive à l’église, au temple, à la synagogue, à la mosquée ou autre lieu de culte, en étant déjà marié! Mieux, dans la tradition chrétienne, ce sont les époux qui se donnent eux-mêmes le mariage et le prêtre n’est là que comme témoin, au nom de la communauté, de leur union. C’est donc devant Dieu directement et sans intermédiaire que les époux se tiennent. Même la bénédiction reçue est reçue de Dieu et non des hommes (le prêtre ou le pasteur ne faisant que souhaiter cette bénédiction) *. Aux discours religieux englobants et qui sont trop souvent du rabachâge de catéchismes quelque peu vieillots, nous devons substituer une théologie plus lisible à notre raison, plus rigoureuse dans sa démarche intellectuelle, plus spirituelle aussi. C’est Jésus qui disait que le vin nouveau se boit meilleur dans de nouvelles outres ! * Le pasteur Pierre-Jean Ruff l’explique en article à la Une de la Correspondance unitarienne, n° 125, mars 2013, lien.


Dans cette perspective, c’est désormais aux futurs époux de préparer eux-mêmes leur mariage et la façon dont ils souhaitent que la cérémonie religieuse se déroule. Libre à eux, aussi, de demander les services d’un ministre du culte de leur convenance qui comprenne leur propre itinéraire spirituelle. Réciproquement, libre à un ministre de ne pas présider à des rituels qu’il estimerait contraire à sa conscience (mais dans ce cas, il peut orienter le couple vers un autre ministre).


Nous sommes résolument post-confessionnels, à savoir que nous pensons que les chrétiens, quelque soit leurs confessions doivent s'aimer et se rendre service mutuellement. De confession unitarienne (l'une des Réformes protestantes du XVIème, l’anti-trinitaire), toutes nos activités sont ouvertes à tous, indépendamment de leur propre appartenance religieuse ou philosophique. Il en est ainsi par exemple pour nos cultes "on line" ( lien).


Mieux, que ce soit pour les baptêmes, les communions, les mariages ou les enterrements, les bénédictions ou les actions de grâce, les communautés religieuses doivent s'entraider et être au service des personnes. Par exemple, le baptême d'un jeune en état de choisir ou d'un adulte est une entrée dans l'Eglise, mais c'est à lui de décider de la communauté chrétienne qu'il souhaite fréquenter ; la confirmation est une volonté d'engagement, mais là aussi c'est au confirmé de choisir son programme ; les ministères sont un engagement au service de l'Eglise (en fonction de ses talents au sens paulinien du terme), mais la communauté desservie peut être autre que celle qui ordonne, etc. Les choix peuvent se faire au sein de sa confession ou bien dans une autre, peu importe. Les Eglises doivent être en osmose et non plus se situer en concurrence comme de vulgaires commerciaux !


Notre titre renvoyant au passé les Eglises conditionnelles est bien entendu une utopie, mais c’est pour mieux dire combien notre mouvance unitarienne veut dépasser cette vision réglementaire du mariage religieux et, d’une façon plus générale, de l’accès aux « sacrements » et aux « bénédictions ». Il vaut mieux à notre avis insister sur la sincérité, la générosité et l’engagement des postulants.

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 19:11

à paraître dans la Correspondance unitarienne n° 126, avril 2013


Du côté des unitariens :
Partout dans le monde, les congrégations unitariennes-universalistes bénissent les mariages homosexuels. Pour les communautés chrétiennes unitariennes, le mariage des homosexuels avec bénédiction des époux peut se faire en Norvège par l’association Bèt David et en Italie par la Congregazione italiana cristiano unitariana (CICU) (mais, dans le cas de l’Italie, seulement si l’un ai moins des conjoints est unitarien). En France et pays francophones voisins, proposition a été faite d’une action de grâce (lien) et la décision en sera prise à la prochaine AG de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU).


Dans les pays voisins, notons des initiatives protestantes en faveur des couples homosexuels, comme par exemple :
En Allemagne - L’Eglise néo-apostolique de Mettmann-Sud, en Rhénanie-du-Nord / Westphalie, célèbre des unions homosexuelles depuis 2009.

eglise_neo_apostolique.jpgRico et Stephan forment un couple depuis longtemps. Les deux hommes se sont unis à l'Etat civil en 2005. Quatre ans après, en 2009, ils ont enfin pu fêter leur union au sein de leur communauté de Mettmann-Sud, dans le cadre d'une heure de fête et de prières. Ici devant l'autel (4e et 5e depuis la gauche) avec leurs prêtres et quelques membres de leurs familles devant l'autel de la communauté (lien).


En Suisse – Le Synode de l'Eglise protestante vaudoise (EERV) a accepté le 3 novembre 2011 le principe d'un rite pour les couples homosexuels en partenariat enregistré. Le vote a été très net, avec 59 voix pour, 9 contre et 7 abstentions. Le Synode a repoussé à plus tard la question délicate du type de  liturgie qui sera proposée. Il a chargé le Conseil synodal, l'exécutif de l'église, de lui soumettre diverses formes de rites d'ici la fin de la législature, en juin 2014. L'EERV devient la dixième Eglise en Suisse, et la première exclusivement francophone, à proposer un rite aux couples de même sexe. Fribourg et Berne-Jura ont franchi le pas. Selon Line Dépraz, conseillère synodale, les demandes sont peu nombreuses, mais elles révèlent un réel besoin. (lien).

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 16:09

Correspondance unitarienne n° 124, février 2013 :

 

Consultation de nos lecteurs - Nos bulletins sont l’occasion d’échanges entre nous. Nous avons très souvent, dans nos "Libres propos", répercuté les avis et opinions des uns et des autres. Nous proposons que notre prochain bulletin soit consacré exclusivement à vos propres opinions sur le sujet : faut-il organiser des cérémonies pour « tous les couples » et si oui, comment ? Que pensez-vous de la proposition qui est faite d’organiser des actions de grâce s’adressant à Dieu ou à la Source de la Vie ? ( lien). Vos contributions seront publiées et la prochaine AG de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) pourra en tenir compte.


Rappel de deux articles précédents de Jean-Claude Barbier, déjà publiés sur le site de l'AFCU

- Mariage à la carte, mis en ligne le 7 décembre 2006 (et fait suite à un mariage fait en septembre 2006 d'un couple canadien de sensibilité unitarienne-universaliste) (lien).

- Le mariage homosexuel, mis en ligne le 14 avril 2007 (lien).

jesus_et_mariage.jpg

La position des Actualités unitariennes sur le débat en France du "Mariage pour tous" (prise par son éditeur, Jean-Claude Barbier, et mise sur Facebook au sein du groupe « Unitariens francophones, le 30 janvier 2013) - Les Actualités unitariennes se sont montrées discrètes sur la question du "mariage pour tous". A cela les raisons suivantes : dans une société démocratique, il est normal qu'il y ait des enjeux et donc des débats contradictoires ; c'est là le domaine du politique. Les arguments volent haut ou bas, mais en aucun cas on ne doit diaboliser ceux d'en face. Si les choses étaient évidentes comme certains le clament (des deux bords d'ailleurs), il n'y aurait pas besoin de débat ! De part et d'autre, il y a des arguments très sérieux à prendre en considération. En tant qu'animateur d'une mouvance religieuse, je me dois de rester en dehors de toute polémique car les opinions traversent toutes les communautés religieuses, y compris la nôtre. Et puis, je pense que le rôle de celles-ci est de prévoir un accueil spirituel des couples. C'est là précisément leur rôle, et c'est là qu'on les attend. Il appartiendra à l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) d'en décider lors de sa prochaine AG. La réflexion est déjà bien avancée. A chacun ses responsabilités. Dans la tradition unitarienne, nous laissons chacun libre de ses opinions personnelles, mais à lui réciproquement de ne pas faire pression sur sa communauté religieuse pour que celle-ci entérine ses choix personnels. Les débats, au sein d'une même confession, peuvent se faire par contre au niveau des mouvements.

à suivre ...

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 14:52

suite l'article précédent ...


Correspondance unitarienne, n° 125, mars 2013

Dans notre dernier bulletin de la Correspondance unitarienne, Jean-Claude Barbier proposait une « Une cérémonie pour les couples » (lien) quelque soit leur orientation sexuelle, à savoir une action de grâce par les conjoints, et sollicitait vos avis en vue d’une prochaine AG de l’AFCU devant statuer sur ce projet. Vos réactions ont été nombreuses et nous vous en remercions très vivement.


a) les messages qui ont été adressés directement à la Correspondance unitarienne :

 

Christian Baert - chrétien évangélique non trinitaire indépendant - Accepteriez-vous le mariage homosexuel ? Pourtant la Bible dit que Dieu n'accepte pas ce genre d'union. Voici les passages qui sont mentionnés dans la Parole de Dieu : Genèse 1:27, Genèse 2:24, Lévitique 18:22, 1 Corinthiens 6:9. Doit-on ignorer, nous qui nous prétendons disciple de Christ ? Répondez-moi, j'en ai le frisson d'avance …
 

Jean-Claude Barbier - Merci Christian pour ton avis. Dans notre proposition, nous disons que cela est l'affaire du maire, du mariage civil, et non pas du mariage religieux. Pour le "mariage" religieux, nous proposons autre chose.


X - prédicant de l’Eglise protestante unie - Quel article magnifique. Pour ma part je suis prêt à répondre aux demandes, sous la forme de l’unitarisme. Je l’ai déjà pratiqué en septembre dernier au titre de l’ERF. Il s’agissait d’un couple hétéro de tradition catholique qui avait besoin d’un témoignage de la foi, et non d’un enseignement dogmatique. L’ERF est désormais EPUdF. Je me sens libre de célébrer tout mariage “pour tous” au nom de ce qui nous rassemble.


Robert Serre - protestant libéral de l’Eglise protestante unie de France (EPUdF) - OK pour une action de grâces.


Maurice Causse - protestant libéral de l’Eglise protestante unie de Saintes - Le "mariage homosexuel" n'est pas encore entré dans la Loi. Y entrera-t-il ? Le moins qu'on puisse dire est que Dieu n'a pas eu beaucoup de place dans l'argumentation de ses partisans. La proposition de M. Fillon au président de la République, d'une concertation sur l'aménagement du PACS, m'a paru en son temps raisonnable et modérée. Mais c'est là une réflexion de citoyen, non de théologien. En revanche, il me paraît inexact d'assimiler ceux qui s'y opposent à des "fondamentalistes", comme les gens qui s'obstinent à imposer la croyance à la Création en 7 jours. Le mariage est hétérosexuel par une définition universelle et millénaire, comportant des dispositions essentielles sur les droits des parents et des enfants. On est déjà obligé de changer l'interprétation des mots père et mère dans la lecture du Code civil pour faire passer le vote... On eut autrefois le mariage républicain. C'était un supplice consistant, au temps de la Révolution, à jeter dans la Loire un homme et une femme ligotés ensemble. On connaissait aussi le mariage de la (main) gauche... Tout cela pour dire qu'à mon avis on ne devrait pas se presser, et surtout ne pas confondre cette question avec les convictions unitariennes. Celles-ci peuvent s'appuyer sur une lecture de la Bible scientifiquement très solide, et conforme à une longue tradition d'authentique piété.


Yvonne Causse - protestante libérale de l’Eglise protestante unie de Saintes - Cette proposition indique que jusqu'à maintenant il n'y avait pas de cérémonie organisée pour les mariages "classiques" ? Mais il n'y a pas de lieu unitarien en France : cérémonie sur Internet ? j'aimerai mieux « Mariage et Union civile » et ne pas inclure l'adoption automatiquement. Et de plus, pour un problème de société, on aurait pu faire une consultation nationale.
 

mariage chez findusJean-Claude Barbier – Chère Yvonne. Les unitariens français n’ont effectivement pas de lieu de culte en France, par contre une cérémonie de mariage peut être organisée selon les occasions dans le lieu de culte d’une autre communauté avec l’accord de celle-ci (ce fut le cas en  pour un couple canadien) (1) ou encore sur les lieux mêmes du banquet du mariage ou encore au domicile des mariés, etc.
Autant les unitariens français ont réussi à organiser un partage cultuel mensuel au moyen du site de l’Eglise unitarienne francophone (2), autant je n’imagine pas une présentation au Temple, un baptême, une confirmation ou un mariage de cette façon là. La présence en chair et en os d’une communauté, fut-elle peu nombreuse, est requise. Jésus nous dit que si 2 ou 3 personnes sont réunies en son nom, il sera (spirituellement) au milieu d’elles (Mt 18, 19-20).
Pour ce qui est du projet gouvernemental et de sa concrétisation, nous avons bien dit que cela relevait du débat politique et des choix sociétaux que les citoyens et leurs représentants sont amenés à faire. Vos remarques sont parfaitement recevables, mais, en tant que mouvance religieuse, nous nous sommes volontairement tenus à l’écart de ce débat dans un esprit laïc afin de nous concentrer sur le rôle spécifique de nos communautés à savoir l’accompagnement spirituel des couples. C’est un choix qui a au moins un premier avantage : celui de ne pas diviser nos communautés!
(1) le 21 septembre 2006 à la chapelle de Pise dans le Gard, laquelle est privée et sur le territoire d’une paroisse de l’ERF (lien). (2) (lien).


Eric Bassoul - unitarien-universaliste français - Bien reçue ! S'il n'y a pas besoin de faire de propositions autres, ce que j'ai lu me semble déjà à promouvoir tel quel ! Je suis pour que les époux prononcent des voeux devant l'assistance composée de parents et amis, avec la question: "voulez-vous un tel prendre pour époux un tel" comme grand moment, c'est somme toute très traditionnel. Selon l'orientation unitarienne ou universaliste, chants et lectures en fonction, ou folklore de telle ou telle communauté, en plus !
Il conviendra à tous les progressistes d'adapter à leurs habitudes et convictions les changements introduits par la nouvelle loi sur le mariage. J'entends que chacun puisse se tourner vers une Eglise pour publier et faire bénir ou consacrer son engagement d'abord signé devant le représentant légal, suivant la loi républicaine et laïque. Ceux qui en éprouveront le besoin ne devront pas être déboutés par un pasteur ou prêtre du droit d'affirmer devant une communauté religieuse, spirituelle, leur joie de s'unir en couple.
En ce qui concerne l'approche unitarienne, je me rends aux avis autorisés, dont celui de Jean-Claude Barbier, et leur fais confiance pour trouver les formules compatibles, qui font sens, qui permettront d'atteindre le noble but, la libre union de deux personnes, devant Dieu et les hommes, aspirant à la simple reconnaissance de leur dignité humaine.


Giacomo Tessaro - chrétien unitarien, Piémont, Italie - mon opinion sur le mariage : pour moi le mariage c'est surtout présenter mon amour pour une personne et mon engagement avec celle-ci devant Dieu et ma communauté de foi ; pour cela je me marierais seulement avec une femme avec qui je pourrais partager au moins en partie mon itinéraire spirituel. Je ne crois beaucoup en le mariage civil : comme j'ai dit, mon engagement serait religieux et non pas civil ; vues aussi les conséquences d'un possible divorce, je voudrais un mariage exclusivement religieux si cette solution était possible au sein de la Congregazione italiana cristiano unitariana (CICU). Bien sûr je suis tout à fait d'accord avec la création d'une cérémonie nuptiale unitarienne : l'accompagnement des fidèles dans les étapes de la vie est fondamental.


b) au sein des groupes « Unitariens francophones », « protestantisme libéral » et « Evangile et Liberté » sur Facebook

 

Sylvie Queval - protestante libérale de l’Eglise protestante unie de Narbonne - Je souscris pleinement au texte de Jean-Claude Barbier. Pour moi, rien à redire, tous les mots sont pesés et me semblent justes.


Nicole Deheunynck-Bliez - membre des groupes « Protestantisme libéral » et « Evangile et liberté » - Moi aussi je suis tout à fait en accord avec l'idée d'une cérémonie dans nos églises pour les groupes homosexuels. M'étant remariée dans mon temple protestant il y a "peu de temps" (6 ans) je sais d'expérience le besoin que l'on peut ressentir de se placer sous le regard divin dans le geste que l'on est en train de poser, de sentir une présence en ce moment là, d 'entendre et dire des mots qui ont du poids, et de rendre grâce de la joie qui est la nôtre en y associant ceux que l'on aime. Il me parait juste que tous les couples puissent faire ce choix pour la reconnaissance sociale de leur union. Je continue à privilégier personnellement, là où j'en suis de ma réflexion, cette expression au mot "mariage". Il me semble que c'était l'occasion d'inventer un nouveau mot, on n'a peut-être pas été très créatifs en ce moment crucial de choix de société en décalquant un modèle ancien sur quelque chose de nouveau qui est en train de s'inventer. Mais l'accompagnement religieux est au delà des mots. Il est sur le lien.


David Steward - membre des groupes « Protestantisme libéral » et « Evangile et liberté » - Je suis d'accord avec Nicole ; voir le document écrit par le « Groupe protestant de réflexion sur la bénédiction des couples de même sexe ». On peut le demander au Centre des chrétiens inclusifs.


Michel Jas - protestant libéral, pasteur de l’Eglise protestante unie de Narbonne - Belle initiative. Oui il faut écrire, innover, accompagner par nos spiritualités, diverses et pourtant tellement proches, les nouvelles demandes d'accompagnement ... Il faut y réfléchir et prier pour cela !


Bruno Cadez - chrétien unitarien, Lille - Un texte très intéressant dans lequel je me retrouve totalement. Heureusement qu'il y a les unitariens pour prendre en compte les évolutions et la diversité des aspirations spirituelles de nos prochains !

à suivre ...

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 14:29

suite des articles précédents et fin

 

Correspondance unitarienne n° 126, avril 2013

suite du débat de la proposition faite d'une cérémonie d'action de grâce pour les couples hétéro ou homosexuels (lien).


Albert Blanchard-Gaillard, président d’honneur de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU), lettre du 5 mars 2013 - Le mariage est un contrat : c’est l’union de deux personnes contractées légalement devant l’autorité civile. C’est la seule forme de mariage valable juridiquement en France. Quand on est passé devant M. le Maire, un de ses adjoints ou un consul à l’étranger, on est marié.
Après, tout fête, cérémonie religieuse et repas de noces sont possibles. Il s’agit ici du domaine privé. Le mal nommé « mariage religieux », qui juridiquement n’a jamais existé, est une survivance du passé, quand, avant la République, le prêtre catholique était légalement officier d’Etat-civil, devant enregistrer les naissances, les mariages et les décès.
Donc, à mon sens, point n’est besoin après le mariage, d’un culte. Mais il peut être agréable en encourageant spirituellement de promouvoir, pour tous les couples unis légalement qui le désirent, une courte cérémonie d’actions de grâces, pour remercier l’Eternel du bonheur accordé, et de bénédiction, pour qu’il dure longtemps. Le scripteur de ces lignes s’est marié en 1956 à la mairie du 2ème arrondissement de Lyon et, jusqu’à ce jour, n’a pas ressenti le besoin d’une cérémonie religieuse !

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Emile Mihière, ancien prêtre catholique, pasteur retraité de l’Eglise réformée de France (ERF), chrétien unitarien (note du 11 mars 2013) : Le mariage pour tous … beaucoup de bruit pour rien, une tempête dans un verre d’eau
1Bref rappel historique – Le mariage est l’acte accompli par deux humains qui désirent d’unir légalement. Dans la Grèce ancienne, il assurait la continuité de la famille et le culte domestique. A Rome, le Droit connaissait les justes noces et d’autres unions, entre autres le concubinat. En France, les usages médiévaux consistaient à échanger les consentements symboliques et le couple se tenait souvent à la porte de l’église. Il fallait le consentement des parents, des époux et, pour les serfs, des seigneurs. En 1792, le soin de célébrer les mariages est confié à la municipalité et depuis lors, en de nombreux pays, on distinguera le mariage civil, qui produit des effets juridiques, du mariage religieux, qui devient facultatif (sauf en Espagne où il est le seul reconnu).
2Mariage civil : contrat ou institutions ?  - Si c’était un simple contrat, il pourrait être dissous par la volonté d’un contractant. Actuellement, il faut une décision judiciaire. Les divorces qui touchent la plupart des familles font la fortune de certains avocats. Ils se sont multipliés ces derniers temps depuis que les femmes ont pris leur indépendance financière. La cérémonie à la mairie, devant un officier d’Etat-civil, consiste à recueillir les consentements libres des deux conjoints et il s’agit d’une volonté consciente affichée en public.
3Mariage religieux – Depuis 1792 en France, il n’a plus de raison d’être : le consentement des époux est déjà donné. Pourquoi le redemander ? Professionnellement, il m’est souvent arrivé de « présider » ce qu’on nommait le « mariage religieux » et j’en éprouve maintenant une sorte de honte. En demandant aux époux qui, pour la plupart viennent de sortir tout juste de la mairie : « Consentez-vous à prendre pour conjoint un tel ou une telle », c’est du ridicule achevé. Pourquoi les conjoints ne répondent-ils pas du tac au tac : « Je viens de répondre Oui il y a à peine dix minutes – ou plus selon les trajets de la mairie à l’église ou au temple – pas besoin de la répéter deux fois ! ». Dieu est présent partout et Jésus a bien dit « Que votre oui soit oui et votre non, soit non ». Cette répartie n’a jamais eu lieu, non par manque de courage (car, la plupart du temps, les mariés sont irréligieux) mais par simple politesse pour ne pas gâcher la cérémonie. Donc le mariage religieux n’a plus de raison d’être.
4Cérémonie religieuse – Est-ce à dire pour cela qu’il ne faut rien faire. Bien sûr que non. Pourquoi ne pas remercier, faire action de grâce au Dieu auquel on croit. Pourquoi ne pas faire participer la communauté qu’elle soit chrétienne, israélite, musulmane, etc. On se réjouit ensemble de la décision prise par les époux et le secours spirituel et fraternel n’est pas de trop. Aussi, je ne vois pas pourquoi nous refuserions en tant que prêtre, pasteur, rabbin, iman ou autre de prier ensemble avec deux conjoints quelque soit leur sexe pour un foyer qu’ils veulent construire, et nous réjouir avec eux.


Au sein du groupe « Unitariens francophones » sur Yahoo


Marike - protestante libérale et unitarienne - Effectivement, si l'on approfondit la question... pourquoi pas un PACS avec bénédiction à l'église pour les "homo" ? tout le monde comprendrait alors. "Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père"... Pourquoi vouloir unifier à tout prix ? je le répète : après Saint-Exupéry dans Pilote de guerre... les très beaux chapitres fondateurs XXVI et XXVII : égalité n'est pas identité... La pluralité résout sans affrontement tous les problèmes... mais on ne pourra jamais donner la même identité aux homo et aux hétéro (ne serait-ce pas ce que certains homos revendiqueraient ? On arrive alors à ce fameux péché de convoitise !).


Richard Brodesky - unitarien-universaliste, Arizona, Etats-Unis - Tout dépend de notre définition du mot « égalité ». A qui suis-je l’égal ?  Est-il possible que j’ai le droit de me marier (et je suis marié depuis juillet 1971) si la société nie ce même droit à un autre ?  Je n’accepte pas cette situation.

Ici, si une personne homosexuelle se trouve à l’hôpital, il se peut qu’on ignore son partenaire et on consulte des parents, même les personnes qui ont des liens très fragiles avec le malade.
Il y a des ennuis quand il s’agit des legs.
Et il faut constater qu’il y a pas mal de familles hétérosexuelles ou les relations sont abusives ou orageuses.  Et il y a beaucoup de couples hétérosexuels qui ont du mal à éduquer leurs enfants.
Il faut reconnaître que la sexualité est un don divin.  Il faut en réjouir et il faut reconnaitre qu’il y a beaucoup de façons de faire l’amour.
Et cela nous mène a une notion fondamentale, il faut qu’on travaille tout le temps pour élargir et les libertés dans n’importe quelle société et l’expérience et les expressions de l’amour.


Jean-Claude Barbier - chrétien unitarien - Pour l'instant, aucune communauté religieuse en France n'admet de bénir un couple homosexuel, qu'il soit marié ou pacsé. La proposition que j'ai faite est fondée sur une autre conception théologique et pastorale : le mariage, le pacs ou tout autre statut d’union civile à la Mairie, et l'action de grâce (ou autre forme d'accompagnement spirituel) au sein de la communauté religieuse.
Exception faite des couples adultérins car il y a manifestement un tort porté aux conjoints délaissés, mais on peut admettre des unions libres (couples qui refusent le mariage et qui préfèrent vivre en concubinage durable – cas par exemple de l’actuel couple présidentiel français). Exception aussi des polygames, ceci au nom de l’égalité de l’homme et de la femme, et des unions libertines où les conjoints s’accordent la liberté sexuelle tout azimut (« polyamourous » aux Etats unis).

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 10:31

Article à la Une dans la Correspondance unitarienne n° 125, mars 2013 de Pierre-Jean Ruff, pasteur de l’ERF, conseiller de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU)


L’auteur a exercé son pastorat successivement, d’abord en Cévennes et dans le sud de la France : à Saint-Privat de Vallongue, Cassagnas et Barre des Cévennes (Lozère), Clairac (Lot-et Garonne) ; puis à Paris et région : Paris-Étoile, Houilles-Sartrouville-Maisons-Laffitte et Paris-Bastille (Le Foyer de l’Âme). Depuis sa retraite, il dessert L’Eglise Réformée française de Copenhague (composée en majorité de couples franco-danois). Attaché au courant théologique libéral, il revendique les courants spiritualistes et dualisants qui ont caractérisé notamment le christianisme gnostique des premiers siècles et la théologie des cathares.


Je suis un pasteur libéral, de conviction unitarienne de l’ex Eglise réformée de France, aujourd’hui Eglise protestante unie de France (EPUdF). Très peu attaché à tout ce qui est institutionnel ou légaliste lorsque je célèbre un mariage dans le cadre de cette Eglise – dans l’un de nos temples avec inscription sur un registre ecclésiastique - , je me sens le devoir de respecter les grandes lignes de la pratique matrimoniale protestante, même si je dis bien qu’il est question ici du signe de la bénédiction de Dieu et non de cette bénédiction elle-même : en effet la bénédiction de Dieu sur un couple ne concerne pas que ceux qui passent par l’Eglise. De surcroît, pour moi, octroyer la bénédiction de Dieu – et non son attestation – serait clérical.


benediction-nuptiale.jpgLe mariage, religieux ou pas, est une noble institution que je respecte totalement. En même temps, je ne sais pas trop ce que c’est. Je n’en connais qu’une seule définition, que je ne fais pas mienne, c’est la définition classique de l’Eglise catholique : pour faire des enfants et les élever. Cette définition n‘inclut pas sérieusement l’amour de deux êtres ; de même la pratique catholique marie des personnes pourtant inapte à la procréation. Ce vide de définition contribue au fait que je ne suis pas hostile au mariage homosexuel, même si je n’en suis pas un défenseur acharné et si je connais beaucoup d’homosexuels qui ne le revendiquent pas.


Au niveau pratique comme à celui des principes, je suis plus à l’aise avec la notion de bénédiction qu’avec celle de mariage. La bénédiction atteste d’abord l’amour universel ou sans discrimination de Dieu. Elle le fait en refusant la distinction factice entre amour religieux et amour profane ; c’est sa signification première. Ensuite, la bénédiction, matrimoniale ou non, manifeste l’intention claire de ceux qui en sont demandeurs de témoigner, manifester et vivre de ce joyau qu’ils ont sollicité, connu et reconnu en paroles et en actes. Autrement dit, solliciter le signe de la bénédiction de Dieu, c’est attester d’une grâce reçue qu’on ne peut pas garder jalousement pour soi seul.

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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 10:38

Une cérémonie proposée pour les couples par Jean-Claude Barbier, article à la Une dans le bulletin n° 124, février 2013 de la Correspondance unitarienne. Traduit en italien par Giacomo Tessaro et mis en ligne sur le site du Projet Gionata (Progetto Gionata, portale sur fede e omosessualità) le 10 mars 2013, sous le titre " Gli Unitariani e il matrimonio religioso delle coppie gay " (lien).

Le gouvernement français a proposé que le statut actuel du mariage soit élargi aux couples homosexuels. Nos députés et sénateurs sont entrain d’en décider. Le débat s’est répercuté inévitablement au sein des communautés religieuses car certains couples homosexuels seront désireux d’une consécration de leur mariage civil par un « mariage religieux ». La hiérarchie catholique a déjà fait savoir sa position de refus d’une telle éventualité au nom des valeurs familiales. Les protestants – comme d’habitude ! – jouent la prudence et le profil bas (en attendant la tempête ?), mais d’ores et déjà des voix se sont exprimées parmi eux à titre individuel. Les fondamentalistes se basent sur la Bible ou le Coran pour refuser toute ouverture. Mais il s’agit ici de parler de nous et non des autres : quid du côté des unitariens français ?

Une première réflexion avait été menée au sein de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) en 2006-2007 (voir les deux articles mis ci-dessous en Documents), mais les participants de l’assemblée générale tenue à Paris en octobre 2007 préférèrent reporter le débat et la décision. Nous sommes maintenant, en quelque sorte, au pied du mur. Continuer à jouer les autruches, c’est considérer que notre association n’a rien à dire sur ce sujet qui pourtant est bel et bien religieux, au risque de perdre de son utilité !

Nous re-proposons la même réflexion qui avait l’avantage d’aborder la question sous un angle novateur, à savoir que le mariage relève des autorités civiles et non des communautés religieuses. Les argumentaires utilisées par celles-ci ne tiennent plus la route. La hiérarchie catholique présente toujours le mariage comme un sacrement qui serait un témoignage du lien sacré et intangible entre le Christ et son Eglise, mais il s’avère que les jeunes couples ainsi mariés ne tiennent pas souvent longtemps : l’hécatombe est de plus en plus importante ainsi que le manifeste le nombre croissant de divorces. Côté protestant, on est plus prudent et on n’a jamais parlé de sacrement, mais on procède toujours à une bénédiction nuptiale comme si ce rituel apportait un surcroît de grâce au bénéfice des époux ; or, là aussi, cette théologie providentialiste, où l’on croit en un Dieu agissant au coup par coup à la demande des prières de ses fidèles, a sérieusement du plomb dans l’aile et beaucoup de croyants n’y adhèrent plus.

La plupart des époux souhaitent pour leurs noces une cérémonie marquante. Or ils l’ont déjà car les mairies font le nécessaire dans des salons d’honneurs sous les lambris de la République : ensuite il y a le repas des noces et, pour les plus aisés ou les plus ostentatoires, un banquet somptueux. Il y a parfois chez certains une dépréciation de la cérémonie civile par comparaison avec ce qui se fera quelques instants plus tard devant le prêtre ou le pasteur, or ce sentiment n’est-il pas injustifié au sein d’une société ou la laïcité fait sens ? et ne relève-t-il pas d’un sens du sacré en tant qu’espace séparé, bien délimité. Or, si Dieu existe, on ne le conçoit plus comme tapi dans le saint des saints, ou comme se manifestant sur les seuls autels et dans les seuls lieux sacrés, mais bien plutôt comme présent dans tout l’univers, coexistant avec sa Création. Pour le croyant, ce qui se passe à la mairie se fait également sous le regard de Dieu puisqu’Il est partout, omniprésent. Nul besoin donc d’aller ensuite répéter la même scène dans un autre espace.
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Alors que faut-il ajouter ? Un double religieux, certes « traditionnel », mais dont on vient de souligner le manque de fiabilité théologique ? Ou tout simplement une action de grâce à l’initiative des époux, remerciant Dieu pour la joie qu’ils vivent, et partageant celle-ci avec tous ceux qui les accompagnent en ce jour. Désormais le rôle des responsables religieux est d’accompagner le couple et d’organiser une telle cérémonie qui pourrait être une halte spirituelle entre le mariage civil et l’ouverture du banquet, ou bien encore se faire après au sein de la communauté religieuse. Les unitariens peuvent alors mettre à la disposition des époux des rituels adéquats qui relient les personnes présentes : le partage du pain et du vin au nom de Jésus, si l’assemblée est chrétienne ou bien la cérémonie des fleurs, si celle-ci est composite ; le choix des textes dans le Nouveau testament ou – selon les spiritualités en présence – dans d’autres grandes sagesses de l’Humanité, etc.

En recentrant la cérémonie sur les époux et en ne jouant plus l’intercesseur entre eux et Dieu, le responsable religieux n’a plus à accorder une quelconque autorisation. Dès lors l’action de grâce se fait à l’initiative des intéressés et ne dépend plus de conditions posées par une quelconque institution cléricale ; il s’ensuit que le responsable religieux n’a plus à s’interroger sur l’orientation sexuelle des couples pour savoir si la cérémonie est valable ou non.

Jusqu’à présent, les chrétiens unitariens français pouvaient adresser les couples en quête d’une cérémonie spirituelle à un pasteur de l’Eglise réformée de France (ERF), mais alors avec une bénédiction nuptiale, ou encore, toujours dans le style protestant, à l’Eglise unitarienne de Transylvanie (en allant à Budapest ou en Transylvanie ou encore en faisant venir un ministre du culte de cette Eglise). Par ailleurs nos voisins chrétiens unitariens italiens pratiquent la bénédiction nuptiale par un pasteur sur un couple homosexuel, à condition de l’un d’eux soit unitarien. Si la prochaine assemblée générale de l’AFCU en décide, tout couple chrétien y compris les couples homosexuels pourront faire une action de grâce à l’occasion de leur mariage ou au moment de leur convenance ; une action de grâce à Dieu ou à la Source de la Vie (selon leurs propres convictions). Les unitariens français seront alors les premiers à faire une telle proposition. Certes des bénédictions nuptiales se feront très certainement par des pasteurs à titre individuel, en quelque sorte en catimini, mais, quant à nous, il s’agira d’un accompagnement communautaire officiel et public, sans aucune ambiguïté et en toute clarté théologique.

(NB – compte tenu du contexte sociologique de l’Afrique noire, l’accompagnement des couples homosexuels ne peut pas s'y faire pour l’instant d’une façon publique. Nos amis unitariens africains le savent très bien et sauront trouver la façon qu’il convient pour apporter leur respect et réconfort spirituel à leurs compatriotes homosexuels).

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14 avril 2007 6 14 /04 /avril /2007 07:27

Trop souvent l’approche d’une question se fait à coup d’arguments et ceux-ci ne manquent pas de se bousculer ! Il nous faut au contraire bien sérier les choses afin que le débat puisse gagner en clarté et que nous avancions pas à pas, en toute sérénité.

Disons d’abord que les chrétiens unitariens se situent dans la tradition protestante, pour laquelle c’est la Mairie qui marie les couples et non l’Eglise. La responsabilité est en effet prise devant la société civile et sur un plan juridique. Ce sont donc à nos députés de non à nos religieux de décider des formes d’union conjugale qui sont légales ou non dans un pays donné.

Seulement après, à la demande des nouveaux époux, l’Eglise bénit le couple lors d’une action de grâce (rendre grâce à Dieu). Le " mariage religieux " n’est donc pas un doublon du premier, sa reproduction sous le regard de Dieu. Nous ne sommes plus en théocratie et Dieu n’est pas législateur ! Et nous ne sommes plus sous un régime clérical. Les couples qui entrent à l’Eglise sont déjà mariés !

Par rapport à Dieu, l’Eglise catholique exige l’indissolubilité du couple et refuse le divorce. Elle continue ainsi la fiction d’un mariage fait à l’Eglise. Pour les protestants, les époux reçoivent une simple bénédiction et non un " sacrement de mariage ".

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le drapeau de l'arc-en-ciel (rainbow) adopté par les homosexuels comme revendication de convivialité

Nombre de couples mariés civilement éprouvent le besoin d’une cérémonie religieuse pour mieux partager leur joie avec leurs parents et amis, pour témoigner de l’importance qu’ils attachent à leur aventure à deux, pour remercier Dieu du bonheur de la vie. Soyons alors présents à leur côté, chez eux lors d’une fête familiale ou dans un lieu de culte, en tenant compte de leur propre itinéraire et des sentiments religieux ou philosophiques de leur entourage. C’est ce que nous entendons par l’accompagnement spirituel. L’acteur religieux n’impose pas de normes à priori, ni sa théologie, mais s’adapte à la situation et aide à l’expression des personnes concernées. Il garde toutefois sa liberté de dire non si le projet ne lui convient pas et d’orienter le couple vers une autre personne ou communauté plus en concordance.

Voir le " Mariage à la carte ", message du 7 décembre 2006.

Il appartient à chacun de prendre ses responsabilités s’il est sollicité par un couple et d’aider à l’organisation de la cérémonie religieuse ou spirituelle. La prochaine AG de l’AFCU discutera s’il peut le faire, aussi, au nom de notre communauté de chrétiens unitariens.

Autre question : faut-il bénir le couple comme dans la tradition cléricale ? Certes oui si le couple le demande et en ressent le besoin, mais on peut penser aussi que la grâce de Dieu est donnée à tous sans besoin de l’intermédiaire d’un ministre du culte qui agit au nom d’une Eglise. Dieu est assez Grand pour donner ses bénédictions lui-même ! Par contre, les parents présents où toutes autres personne âgées et sages pourraient être sollicités pour apporter leur bénédiction en renouant avec la grande tradition biblique.

Plus largement, la question se pose pour toutes les cérémonies qui marquent les étapes de notre vie : la naissance (la " présentation au temple "), le baptême ou l’engagement dans une communauté, le mariage, l’enterrement.

Quant à l’adoption d’enfants par des couples homosexuels, chacun peut avoir ses opinions sur ce sujet controversé. Là aussi, la décision n’en revient pas aux religieux, mais à nos députés. Au sein de nos communautés religieuses, ne cherchons donc pas à prendre position sur toute chose, que ce soit dans un sens conservateur (le cléricalisme de droite) ou progressiste (le cléricalisme de gauche) et respectons la liberté de pensée des uns et des autres.

L’accompagnement spirituel ne vaut pas approbation, mais tout simplement présence emphatique, aide à l’expression, invitation à la méditation et à la louange à Dieu.

C’était une proposition de Jean-Claude Barbier pour notre prochaine AG, à débattre.

Voir le témoignage de Jean Vilbas sur notre site documentaire La besace des unitariens, et " Halte à l’homophonie des Eglises ", message du 14 avril dans les Actualités unitariennes.

 

Cet article a été traduit en italien par Giacomo Tessaro le 5 mars 2013 et mis en ligne sur le site du Projet Gionata (Progetto Gionata, portale su fede e omosessualità) sous le titre " I cristiani unitariani e la benedizione religiosa delle coppie gay " (lien).

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7 décembre 2006 4 07 /12 /décembre /2006 21:54

Si beaucoup de jeunes mariés se plient aux pressions familiales et vont à l’église ou au temple pour un mariage selon les normes confessionnelles, d’autres, non pratiquants ou bien parce que l’un des conjoints n’est pas croyant, préfèrent s’abstenir et se limitent au mariage civil. Or, nous savons, par les enquêtes et sondage d’opinion, que nombre de ces non-pratiquants continuent de croire en Dieu à leur façon ou sont désireux de spiritualité. Dans ces cas, pourquoi ne pas adapter la cérémonie religieuse à l’état d’âme des intéressés et à celle de leur famille ? La tradition catholique a d’ailleurs toujours mis en avant que ce sont les époux eux-mêmes qui se donnent le sacrement du mariage, le prêtre n’étant là que pour témoigner au nom de la communauté ; il serait donc normal que ce soit aux époux eux mêmes de dire comment ils souhaitent que les choses se passent ce jour là ! De plus en plus de paroisses catholiques acceptent une large participation des familles lors des offices funéraires qui les concernent ; pourquoi donc ne pas le faire aussi pour les mariages ?

Les unitariens pratiquent l’accompagnement spirituel et peuvent ainsi mieux s’adapter à diverses situations. Issus de la tradition protestante, ils ne considèrent pas que le mariage religieux soit un sacrement, mais certains restent toutefois attachés à la bénédiction par un ministre du culte. Ce fut le cas pour un couple de jeunes canadiens unitariens qui, en septembre dernier, s’adressa à nous pour l’organisation de leur mariage : ils avaient besoin d’un lieu de culte (ce fut une chapelle mise à la disposition de l’Eglise réformée de France par son propriétaire), d’un pasteur (ce fut Pierre-Jean Ruff, pasteur de l’ERF, par ailleurs membre honoraire de notre association). Mais en dehors de tout cléricalisme, on peut tout aussi bien faire la cérémonie au domicile des époux ou à un endroit séculier sous la forme d’une action de grâce.

Tous les unitariens ne sont pas chrétiens et ce fut le cas. La bénédiction finale en tint compte et le couple fut béni par le pasteur au nom de Dieu « ou, ajouta-t-il à l’intention des époux, de ce que vous appelez l’Energie de l’univers ». Il n’était pas non plus question de partage du pain et du vin au nom de Jésus, mais nous fîmes une cérémonie des fleurs selon un rituel mis au point en 1923 par le tchèque unitarien, le révérend Norbert Capek, à l’usage des assemblées composites : chacun apporte une fleur, symbole de sa propre personnalité, de son individuation, de sa beauté (c’est Dieu qui nous l’a dit lors de sa Création !), puis la dépose dans un vase ; un bouquet se forme ainsi qui est symbole de la diversité et de l’harmonie de l’assemblée réunie ; enfin, à la fin du culte, chacun repart avec une autre fleur que celle qu’il a amenée, signifiant ainsi qu’il a accepté l’échange spirituel entre les membres de la communauté.

En début de cérémonie, des représentants de diverses mouvances religieuses (protestante, catholique, unitarienne) souhaitèrent la bienvenue aux mariés, à leurs parents et amis. Ce fut Jean Combe qui, habitant Montpellier, représenta la mouvance catholique puisque le mariage se déroula dans les environs de cette ville ; il le fit en son nom personnel étant entendu que chaque chrétien est un témoin de son Eglise. Parmi les parents des mariés, certains étaient catholiques, d’autres de diverses croyances. Une amie de la mariée proposa un rite bouddhiste. Tous se sentirent acceptés et reconnus dans leur foi respective. 

Jean-Claude Barbier

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