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16 juillet 2014 3 16 /07 /juillet /2014 10:44

"La semaine dernière André Bonnery, membre de l’Eglise Protestante unie de Carcassonne et qui enseigne l’histoire et l’architecture médiévale à Perpignan et est connu à Toulouse-le-Mirail, a participé aux XXIV° Rencontres de patristique dont le sujet était " La louange". Ces travaux lui ont inspiré une réflexion sur le verbe bénir (message de Michel Jas, pasteur à Carcasonne, au sein du groupe "Protestantisme libéral" de Facebook, le 4 juillet 2014).

 

Si l’on part de l’étymologie latine, bénir signifie : dire du bien, bene dicere. L’équivalent grec est eu logein d’où dérive le substantif eulogia que l’on peut traduire par éloge ou louange. Il n’est pas indifférent de constater que bénédiction et louange ont donc la même signification.

 

Le thème de la louange-bénédiction est éminemment paulinien

« Rendez grâce en toute circonstance, car telle est, à votre égard, la volonté de Dieu en Jésus-Christ. » (I Thes. 5, 18). « En tout temps, à tout sujet, rendez grâce à Dieu le Père au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. » (Eph. 5,20). « Nous rendons grâce à Dieu, Père de Notre-Seigneur, Jésus-Christ dans la prière que nous ne cessons de lui adresser pour vous." (Col. 1, 3). « Avec joie rendez grâce au Père qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière. » (Col. 1, 12). « Je rends grâce à Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous. » (Phil. 1, 3). Mais pourquoi Dieu a-t-il besoin de notre eulogia, de notre benedictio ? « Telle est sa volonté » répond Paul dans I Thes. 5, 18.

 

Pourtant, à y regarder de près, la louange est plus nécessaire à l’homme qu’à Dieu qui n’a pas besoin de nos hommages pour Etre. Pour bien comprendre cela, il faut se rappeler que la société antique dans laquelle vivait Paul est structurée en fonction des relations de « patron » à « client ». S’il y a de l’honneur à être le puissant patron d’une nombreuse clientèle, il y a également de l’honneur à dépendre d’un haut personnage. Par conséquent, en disant du bien (en bénissant) son patron, cette louange rejaillit sur celui qui la formule. C’est sans doute dans ce sens qu’il faut comprendre I Co. 4. Le christ assure son patronage à Paul qui, au nom du Christ, patronne la communauté. En rendant grâce à Dieu, elle reçoit de ce fait même, la bénédiction divine.

 

benir_la_table.jpg

 

Par conséquent, la louange (bénédiction) donne sens à la vie de l’homme. Dans l’Evangile de Luc, les chants d’action de grâce, le Magnificat de Marie (Lc. 1, 56-55) ou le Benedictus de Zacharie (Lc. 1, 67-79) et le Nunc dimitis de Syméon (Lc. 29-35), rappellent les bienfaits de Dieu. Celui qui prononce ces louanges se réjouit des biens dont il est comblé, parce qu’il a été trouvé digne des bénédictions divines. On a la même idée dans l’hymne de l’Apocalypse, 19, 1-10. Chez Paul, Ro. 8, 15-17, la louange nous fait reconnaître Dieu comme Père parce que l’Esprit nous conforme tellement au Christ que, par lui, nous pouvons crier « Abba », Père. Glorifier Dieu, c’est donc participer à sa gloire en tant que fils, en Jésus-Christ. Il y a toujours un effet miroir dans la louange.

 

Dans cette perspective, la question de savoir si l’on peut bénir au nom de Dieu ne se pose pas car la bénédiction, c’est d’abord reconnaître les bienfaits que Dieu accomplit pour nous. C’est pourquoi on lui rend grâce. Si l’on applique cette vision des choses au mariage, bénir, c’est remercier Dieu pour l’amour qu’il a fait naître entre deux de ses créatures et lui demander de le faire grandir. En rendant grâce à celui qui est à l’origine de ce don, la femme ou l’homme se réjouissent d’avoir été trouvés digne d’en être les bénéficiaires.

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