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Jean-Claude Barbier, membre permanent du conseil d'administration de l'AFCU, adresse

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 15:53

note de Jean-Claude Barbier, sociologue, publié sur le site de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) à la rubrique « le vocabulaire religieux » le 1er janvier 2015. « La mystique chrétienne : les états de communication physique avec Jésus, Marie ou Dieu » au séminaire de formation organisé par la Congrégation unitarienne du Rwanda du 15 au 21 décembre 2014 à Kigali. « Les apparitions post-mortem de Jésus dans les évangiles », groupe d’échange sur les religions du Réseau d’échanges réciproques de savoirs (RERS) de Gradignan Malartic, séance du 19 janvier 2015.
NbHnPMMsSoJOgdlG237S7VmBwsY.jpgLes apparitions post-mortem de Jésus ont longtemps été considérées comme des preuves de la résurrection de Jésus. Paul de Tarse ne nous dit-il pas qu’il y eut plus de 500 disciples à voir ces apparitions (1 Col 15, 5-8) ? Lui même n’affirme-t-il pas avoir vu Jésus sur le chemin de Damas ? De nos jours, nous établissons mieux la distinction entre ce qui est objectif, pouvant être vu par tout le monde, indépendamment de sa culture et de ses croyances et le vécu subjectif, certes respectable, mais n’allant pas au delà de la personne concernée.
En fait, le constat fait par les disciples n’est pas celui d’une résurrection avec sortie du tombeau, mais plus simplement celui d’une absence du cadavre dans le tombeau qui avait été prêté par Joseph d’Arimathie non loin du Golgotha et où il avait été déposé la veille du sabbat, le samedi soir avant 18h. Après le sabbat, le dimanche matin, les femmes se rendent au tombeau pour y pratiquer les soins funéraires et ne le trouvent pas. C’est donc par déduction purement intellectuelle que les disciples vont être persuadés (comme on dit à tort ou à raison !) que le cadavre n’est plus là car ayant été « enlevé au ciel » par Dieu conformément aux écritures messianiques. C’est cette forte conviction qui va lancer l’épopée chrétienne, donc sur une certitude totalement subjective (lien).
Dans la littérature biblique, les apparitions s’ajoutent aux rêves, aux songes et aux visions, celles-ci relevant d’une production onirique ou encore hallucinatoire qui a besoin d’une interprétation. Dans le cas d’une apparition, on est « comme dans le réel » et en présence ressentie d’une personne perçue comme vivante, qui se meut, parle et répond aux questions. D’ailleurs, les récits évangéliques afin de mieux convaincre les incrédules insistent lourdement : Jésus parle, mange, montre ses plaies à Thomas, fait d’ultimes révélations. L’apparition s’impose d’elle-même ; elle n’a pas besoin d’être expliquée. Par ses effets physiques, elle renforce la conviction ; elle fait désormais partie des certitudes.
Les apparitions sont contagieuses dès lors qu’elles se font au sein d’une communauté et la valident. Chacun ne veut pas être en reste et ressent lui aussi les mêmes symptômes. C’est une transe collective qui saisit les disciples lors de la Pentecôte. Une fois l’assemblée rassurée sur le bien fondé de sa nouvelle foi, les apparitions s’estompent, ne sont plus que des effets isolés et limités aux visionnaires et prophètes agrées (cas par exemple de l’Eglise du christianisme céleste née dans les années 40 au Bénin) ou des cas purement individuels. Jésus remonte définitivement au Ciel lors d’une ascension que seul Luc raconte (Lc 24, 50-53 et Ac 1, 9-12).
La contagion peut se faire au sein d’un groupe d’enfants comme par exemple pour les apparitions mariales à Fatima au Portugal (3 jeunes bergers en 1917, lien) et à Medjugorje en Bosnie-Herzégovine (un groupe de 6 voyants en 1981, lien), étant entendu que cela prête le flanc à une suspicion d’affabulation.
Lorsque l’apparition concerne une seule personne pour lui délivrer un message personnel, la tradition chrétienne parle d’annonciation. C’est Luc qui en parle le premier (annonciation de l’ange Gabriel à Zacharie Lc 1, 5-25, puis à Marie Lc 1, 26-38) et le Matthieu grec embraie avec une annonciation à Joseph, Mt 1, 18-20, sans doute parce que les milieux juifs ne comprenaient pas pourquoi ce dernier n’avait pas répudié sa fiancée enceinte par les soins d’autrui (la version du Saint-Esprit géniteur ne les ayant pas convaincus !).
L’islam embraye avec le Coran révélé à Muhammad par l’ange Djibril (= Gabriel qui reprend du service !), d’où une exégèse qui présente le Livre descendu du Ciel et écrit de tout temps en arabe !
En développant le culte marial, les Eglises catholique et orthodoxes ont suscité des apparitions de Marie qui sont devenues autant de lieux de pèlerinage. A noter, que pour chacune de ces apparitions, l’habillement et la posture sont différents si bien que c’est la Vierge Marie de tel endroit et que cela entraîne l’adhésion d’une collectivité, d’une région, d’un peuple, d’un nationalisme.
A la différence des apparitions de fantômes, les apparitions chrétiennes sont porteuses de messages, de révélations.
A la différence des hallucinations qui peuvent susciter des visions ou des délires (cas de la Pentecôte), les apparitions se font dans le calme, sans qu’il y ait transe ; le voyant a les yeux ouverts et dit voir (ou avoir vu).

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commentaires

P
bonjour je recherche une église unitarienne en France .<br /> hélas je n en trouve aucune merci de m'aider
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M
Oui, mais la raison ne risque -t-elle pas de devenir une idole de notre coeur? KIERKEGAARD n' a-t-il pas écrit que la subjectivité est la vérité? Disons que le choix de l' interprétation rationnelle<br /> est un choix philosophique, mais ce n'est qu'UN choix. Après tout la science moderne comporte<br /> une grande part d' irrationalité. Toute opinion est un choix entre une option constructrice et une option destructrice.
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