Des unitariens-universalistes américains parlent de ce rituel comme d’une "Flower Communion", laissant ainsi supposer qu’elle serait, pour tous, l’équivalent d’une communion (sous entendu) chrétienne et en prendrait le relais dans un esprit plus ouvert, universaliste.
Nous avons déjà vu, à propos du calice des unitariens, comment nos amis américains, par manque de rigueur, avaient cette tendance à entretenir volontiers des ambiguïtés afin de satisfaire tout le monde. Cela ne peut guère aboutir à une théologie tant qu’on nage dans un consensuel avec tout et son contraire. Le retour à l’histoire est, là aussi, nécessaire pour comprendre le sens premier d’une institution.
Dans sa note de présentation " Un service de célébration pour les libéraux religieux " (texte traduit en français par la Fraternelle unitarienne), Reginald Zottoli, évoque un début de déchristianisation :
" Le service de communion des fleurs a été créé par Norbert Capek (1870-1942), fondateur de l’Eglise unitarienne en Tchécoslovaquie. Il introduisit cette forme de communion dans cette Eglise le 4 juin 1923. Depuis quelque temps, il ressentait le besoin d’une gestuelle symbolique qui créerait des liens plus étroits entre les personnes. La forme devait convenir à ceux qui avaient abandonné d’autres traditions religieuses. Le service chrétien traditionnel de communion avec du pain et le vin était inacceptable pour les membres de son église, en raison de leur hostilité envers le catholicisme. Il se tourna donc vers la beauté de la campagne, pour y trouver les éléments d’une communion authentique. Ce fut un tel succès que chaque année, avant les vacances d’été, le service fut répété ".
Même son de cloche, sans ambiguïté, dans le numéro du Quest de juin 2002 :
" Quand Norbert Capek développa le nouveau rituel des fleurs, il était en opposition avec les rituels traditionnels du christianisme. Il n’aurait jamais utilisé le mot ‘communion’ dans le contexte de la cérémonie des fleurs. En raison du respect pour Capek et de l’observance de ce rituel, nous utiliserons les mêmes termes qu "en tchèque, ‘Festival avec des fleurs’ ou ‘Célébration avec des fleurs’ (note de la rédaction du journal).
Récemment, le 7 juillet 2007, Jaume de Marcos a recueilli cet avis auprès de Joseph Ben David, ministre du culte tchèque, qui a connu Norbert Capek (texte traduit en français par Marie-Claire Lefeuvre).
" En Tchécoslovaquie cet événement est appelé kvetinova slavnost ; kvetinova signifie " des fleurs " au pluriel et le mot " slavnost " signifie célébration.
Selon le dictionnaire, cela pourrait aussi signifier une occasion de se réjouir, lors de festivités particulières, d’un heureux événement, quel qu’il soit, de le distinguer par quelque joyeux intermède, par l’accomplissement public d’un sacrement ou d’une cérémonie solennelle d’un rituel approprié.
Le mot communion pourrait aussi avoir plusieurs significations :
- la réalisation concrète d’une occasion de partager, par exemple des réflexions ou des sentiments ;
- une camaraderie religieuse ou spirituelle ; un groupe de chrétiens qui a les mêmes convictions et les mêmes rites ; le nom d’un rite
- La communion ecclésiastique
- Le sacrement de l’Eucharistie reçu par une assemblée
- les éléments consacrés de l’Eucharistie
- la partie de la messe ou d’une liturgie où l’Eucharistie est reçue.
La signification la plus proche de kvetinova slavnost - je peux imaginer ce qu’en pensait Capek - serait une célébration florale ; cela ne voudrait pas dire une célébration des fleurs pour elles mêmes, mais, par la bénédiction des fleurs, en faire un symbole et créer ainsi entre les participants des sentiments de paix et d’unité harmonieuse.
On pourrait se tromper sur le mot communion si on insistait davantage sur son emphase ecclésiastique. On lui donnerait alors un accent sectaire qui n’est pas du tout dans l’esprit de l’unitarisme-universalisme. Toutefois, N. Capek aurait compris l’utilisation de ce terme dans le cadre de l’unitarisme-universalisme, mais il vaut mieux l’appeler " la célébration florale ", terme plus approprié pour des festivités internationales ".
Alors si les unitariens tchèques parlent ainsi ... respectons leur rite puisqu'ils en sont les fondateurs et évitons de passer les cérémonies à la moulinette de l'universel.