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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 18:44

« Croyants en Liberté , pour une Eglise du dialogue », basé en Moselle, invite à son Forum de printemps lequel sera animé par Jean-Marie Kohler, chercheur en anthropologie culturelle et sociale Cette rencontre se déroulera le samedi 7 mai 2011 au Foyer Ste Constance, à Metz (16, Rue Gabriel Pierné) de 9 h à 17 h, sur le thème « Rendre l’évangile au monde ». Pour contact : Georges Heichelbech, adresse électronique ( lien). " Croyants en liberté " est membre de la Fédération des réseaux du Parvis (voir notre rubrique).

 

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le site de Jean-Marie Kohler : Recherche plurielle, avec un parcours sociologique et des perspectives théologiques

 

« Rendre l’évangile au monde » par Jean-Marie Kohler ( lien)
 
Se libérer de la religion


C’est l’évangile qui est notre première passion. Et non pas l’Église en tant qu’institution socio-politique qui, trop souvent, se soucie plus de sa survie que de sa vocation à témoigner de l’évangile. Mais cela ne doit pas faire oublier que c’est malgré tout par l’Église que le message évangélique nous a été transmis, et il n’existe peut-être pas d’autres canaux pour continuer à le transmettre. Humaine et divine Église, entre Vendredi saint et Pâques... Dans les faits, l’évangile a été accaparé par les institutions ecclésiastiques. Elles ont voulu s’approprier cette source d’eau vive pour en contrôler le cours, se mesurant au souffle et au feu de l’Esprit pour les diriger. Pourquoi et comment une telle chose a-t-elle été osée, et avec quelles conséquences ? Institution sociale, l’Église s’est très tôt alliée aux puissants pour servir sa propre gloire sous couvert de la gloire de Dieu, et ce péché originel la poursuit. Pour rendre aujourd’hui l’évangile au monde, il faut le libérer de la religion qui l’a travesti. L’avenir de Dieu parmi les hommes ne se joue pas dans les sanctuaires et moyennant des rites, ni dans les facultés de théologie. Il se joue dans la splendeur et la boue du monde, dans la jubilation et la détresse des coeurs qui aiment et haïssent, dans l’enfantement, la mort et le désir d’infini. Et ce parmi toutes les nations, toutes les cultures et toutes les religions.


Pour une foi engagée


Mille fois trahies, les béatitudes et les paraboles n’ont jamais été oubliées. Dans le passé, une multitude de croyants se sont voués corps et âme, comme François d’Assise, à aimer et à servir leurs semblables et leur Dieu. Les temps modernes ont vu se lever Albert Schweitzer, Martin Luther King, Helder Camara, Oscar Romero, mère Teresa, l’abbé Pierre, soeur Emmanuelle, et d’innombrables inconnus passionnés d’évangile dans l’Église et hors d’elle. D’abord s’impose la lutte pour la justice et la paix. La marchandisation mondialisée des productions et des relations humaines menace à brève échéance l’existence de l’homme et celle de l’humanité. La tyrannie des plaisirs instaurée au profit du marché et les terribles frustrations qui s’en suivent sont mortels. Face à la cupidité, au mensonge et à la violence qu’engendre l’ultra-libéralisme, les bonnes volontés doivent partout se mobiliser d’urgence.


Toutes les religions prêchent la bienveillance et le respect de la création, mais le message d’amour apporté par Jésus peut apparaître comme le plus simple et le plus exigeant par sa radicalité et son universalité, comme le plus subversif. Dégagés du dogmatisme qui les rapetisse, les mystères de l’Incarnation et de la Trinité développés ultérieurement par le christianisme contribuent à leur manière à éclairer la voie qui mène l’homme vers Dieu.


Dans un cadre renouvelé


Si l’Église voyait avec les yeux du monde le spectacle qu’elle donne au lieu d’exiger que le monde la voie avec les yeux de la foi, elle en serait consternée. Prisonnière d’usages rituels et mondains obsolètes, péremptoire au plan doctrinal et dure dans ses jugements, ne conformant pas ses pratiques à ses enseignements, intéressée et liée par des alliances douteuses, gouvernée par une gérontocratie machiste attachée à un centralisme bureaucratique, etc.


La foi chrétienne n’est pas un savoir ou un legs cultuel qu’il suffirait de conserver et de reproduire, un « dépôt sacré » confié à un corps sacerdotal surplombant le monde. Son inculturation dans les réalités contemporaines est non seulement la première condition de son audibilité, mais la condition incontournable de sa crédibilité, de sa vérité aux yeux des hommes. La fidélité à la foi ne demeure qu’en se renouvelant.


Loin de se réduire aux structures et aux représentations qu’elle a héritées de l’histoire, l’Église n’existe pour les hommes et pour Dieu que là où se vit l’évangile. Sans doute lui faudra-t-il, pour renaître, emprunter des formes et des appellations inédites. Ce n’est pas la continuité apostolique et le droit canon, ni même quelque orthodoxie que ce soit, qui la constitue. C’est l’amour et le service des hommes auquel le Christ s’est identifié.

 

ajout du 3 juin 2011 : voir la version définitive de ce texte sur le site de l'auteur (lien)

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