réunir par les échanges, l'amitié et le culte tous les chrétiens qui n'adhèrent pas au dogme de la Trinité
Si beaucoup de jeunes mariés se plient aux pressions familiales et vont à l’église ou au temple pour un mariage selon les normes confessionnelles, d’autres, non pratiquants ou bien parce que l’un des conjoints n’est pas croyant, préfèrent s’abstenir et se limitent au mariage civil. Or, nous savons, par les enquêtes et sondage d’opinion, que nombre de ces non-pratiquants continuent de croire en Dieu à leur façon ou sont désireux de spiritualité. Dans ces cas, pourquoi ne pas adapter la cérémonie religieuse à l’état d’âme des intéressés et à celle de leur famille ? La tradition catholique a d’ailleurs toujours mis en avant que ce sont les époux eux-mêmes qui se donnent le sacrement du mariage, le prêtre n’étant là que pour témoigner au nom de la communauté ; il serait donc normal que ce soit aux époux eux mêmes de dire comment ils souhaitent que les choses se passent ce jour là ! De plus en plus de paroisses catholiques acceptent une large participation des familles lors des offices funéraires qui les concernent ; pourquoi donc ne pas le faire aussi pour les mariages ?
Les unitariens pratiquent l’accompagnement spirituel et peuvent ainsi mieux s’adapter à diverses situations. Issus de la tradition protestante, ils ne considèrent pas que le mariage religieux soit un sacrement, mais certains restent toutefois attachés à la bénédiction par un ministre du culte. Ce fut le cas pour un couple de jeunes canadiens unitariens qui, en septembre dernier, s’adressa à nous pour l’organisation de leur mariage : ils avaient besoin d’un lieu de culte (ce fut une chapelle mise à la disposition de l’Eglise réformée de France par son propriétaire), d’un pasteur (ce fut Pierre-Jean Ruff, pasteur de l’ERF, par ailleurs membre honoraire de notre association). Mais en dehors de tout cléricalisme, on peut tout aussi bien faire la cérémonie au domicile des époux ou à un endroit séculier sous la forme d’une action de grâce.
Tous les unitariens ne sont pas chrétiens et ce fut le cas. La bénédiction finale en tint compte et le couple fut béni par le pasteur au nom de Dieu « ou, ajouta-t-il à l’intention des époux, de ce que vous appelez l’Energie de l’univers ». Il n’était pas non plus question de partage du pain et du vin au nom de Jésus, mais nous fîmes une cérémonie des fleurs selon un rituel mis au point en 1923 par le tchèque unitarien, le révérend Norbert Capek, à l’usage des assemblées composites : chacun apporte une fleur, symbole de sa propre personnalité, de son individuation, de sa beauté (c’est Dieu qui nous l’a dit lors de sa Création !), puis la dépose dans un vase ; un bouquet se forme ainsi qui est symbole de la diversité et de l’harmonie de l’assemblée réunie ; enfin, à la fin du culte, chacun repart avec une autre fleur que celle qu’il a amenée, signifiant ainsi qu’il a accepté l’échange spirituel entre les membres de la communauté.
En début de cérémonie, des représentants de diverses mouvances religieuses (protestante, catholique, unitarienne) souhaitèrent la bienvenue aux mariés, à leurs parents et amis. Ce fut Jean Combe qui, habitant Montpellier, représenta la mouvance catholique puisque le mariage se déroula dans les environs de cette ville ; il le fit en son nom personnel étant entendu que chaque chrétien est un témoin de son Eglise. Parmi les parents des mariés, certains étaient catholiques, d’autres de diverses croyances. Une amie de la mariée proposa un rite bouddhiste. Tous se sentirent acceptés et reconnus dans leur foi respective.
Jean-Claude Barbier