réunir par les échanges, l'amitié et le culte tous les chrétiens qui n'adhèrent pas au dogme de la Trinité
Les Eglises « exclusives » conditionnent la participation de leurs fidèles à plusieurs préalables que ce soit des sacrements, à commencer par le baptême, à un credo, à une déclaration de foi pour les ministres du culte, à des prescriptions morales et autres, etc. Sur ces critères, on peut être « excommunié » en cas de défaillance, déclaré hérétique, mis à l’index, etc.
Par contraste, on a au contraire des Eglises « inclusives » qui, elles, ouvrent les portes et les fenêtres. Les « non-subscribing » en Irlande et en Ulster ont, historiquement, rejeté la profession de foi qui était exigée des pasteurs par l’Eglise anglicane ( lien). D’une façon générale, le protestantisme libéral resitue les credo comme expression de la foi communautaire à un moment donné dans un contexte donné, mais n’en fait plus un absolu.
Les congrégations unitariennes-universalistes, qui se sont constituées aux Etats-Unis au XXème siècle, à partir d’un christianisme d’ouverture, offrent un bon exemple d’inclusivité en pratiquant le multi-faith, l’acceptation de toutes les fois (que celles-ci soit religieuses, liées à une spiritualité ou encore de nature philosophique) (lien). L’Eglise unitarienne francophone (fondée en 2008) fonctionne aussi d’une façon inclusive ( lien), mais tout en maintenant les identités.
Entre ces deux modèles, nous avons des communautés identitaires de type démocratique, vivant selon leur propre conviction, mais sans rejeter ni critiquer les autres identités, cohabitant avec elles, voire – mieux -travaillant avec elles sur des chantiers communs. Par exemple, l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) est à la fois identitaire - car elle regroupe des croyants en Dieu et fait référence à la personne et à l’enseignement de Jésus - tout en étant disposée à œuvrer avec les autres religions libérales.
Il y a aussi les Eglises latitudinaires qui sont ouvertes à plusieurs théologies
Pour le Littré de 1880, ce mot est synonyme de laxisme !
LATITUDINAIRE (s. m.)
1. Terme de théologie. Celui qui se donne trop de liberté dans les principes de religion, ou qui en parle trop librement. Des principes latitudinaires.
2. Membre d'une petite secte [sic !] qui croyait que tous les hommes seront sauvés ; on disait aussi universaliste (XVIe et XVIIe siècles).
Comme synonymes : une morale permissive, relâchée. Le dictionnaire analogique aligne ce mot avec d’autres qui ne sont pas à son avantage ; c’est le moins qu’on puisse dire ! Jugez par vous mêmes : qui est sans morale, immoral, amoral, cynique, sans scrupules, misanthropique, laxiste, sans foi ni loi, indifférent, grave, (sic !)
C’est un vieux terme précisent les dictionnaires.
Kant (1724-1804) reprend ce laxisme supposé des latitudinaires et, contre sens total ou théologie bornée de sa part, en fait un synonyme du syncrétisme ! En effet, il appelle latitudinaire « celui qui, par indifférence au syncrétisme, applique à l’homme des déterminations opposées et conclut à un point de vue indifférentisme en matière historique » (Christian Godin, Dictionnaire de philosophie, éd. Fayard / éditions du Temps, 2004, p. 720).
En fait, le mot provient de « latitude », du terme latin « latitudo » qui indique la largeur. Il s’agit donc d’une théologie ouverte qui accepte un faisceau de doctrines proches les unes des autres, mais quand même pas contradictoires ! Les universalistes, au XVIIIème siècle, en Angleterre puis aux Etats-Unis, professaient que tous les hommes étaient promis au salut, nonobstant leur péchés, dès lors qu’ils gardent la foi et recherchent la vérité – le salut était universel et pour tous. Ils rejoignaient ainsi les unitariens et furent rejoints ensuite par les libéraux. Les puritains, par contre, maintenaient l’enfer comme lieu de punition !
L’Eglise réformée de France (ERF) offre un bon exemple d’Eglise latitudinaire en acceptant en son sein des pasteurs luthériens, baptistes, unitariens*, etc. , en plus bien entendu des pasteurs calvinistes / réformés.
* l’Américaine unitarienne, Lucienne Kirk, exerça comme pasteur dans les Cévennes de 1987 à 1990 ; elle était alors présidente d’honneur de l’Association unitarienne française (AUF) qui venait d’être fondée en 1986. Plusieurs pasteurs de l’ERF, protestants libéraux, ont des convictions unitariennes et ne s’en cachent pas.
On pourrait tout aussi bien parler de christianisme ouvert.
En fait, dans les sociétés modernes et démocratiques ou l’individuation peut se développer librement, même les communautés paroissiales des Eglises exclusives regroupent des fidèles dont les croyances personnelles sont des plus diverses et parfois contradictoires. En se proclamant « inclusives » les assemblées unitariennes-universalistes font d’abord preuve de réalisme !
Il leur reste à fonder leur cohésion sur autre chose que l’affirmation de croyances communes, comme par exemple une éthique du dialogue, des échanges, des mises en commun. L’écoute mutuelle entre les fidèles, le partage des convictions et des vies personnelles, les gestes fraternels de communion soudent la communauté tout autant sinon plus que les discours et prières de type communautaires (et communautaristes !).