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réunir par les échanges, l'amitié et le culte tous les chrétiens qui n'adhèrent pas au dogme de la Trinité

dogmatistes, doctrinaires, radicaux, sectaires

L’unitarisme contemporain, avec ses diverses sensibilités (chrétienne unitarienne, universaliste, unitarienne-universaliste), s’affirme comme religion libérale : pas de dogme, pas de doctrine, pas de profession de foi obligatoire. Les unitariens  adhèrent à des principes éthiques, ceux énoncés par son réseau mondial, l’International Council of Unitarians and Universalists (ICUU).

Les chrétiens unitariens, bien entendu, rendent un culte à Dieu (et sont donc des croyants) et se réfèrent à la personne de Jésus et à son enseignement (ils en sont ses disciples et donc sont des chrétiens). Ils sont donc des confessants (Dieu, Jésus), mais dans un sens minimaliste du terme.

Cette attitude libérale du vécu de leur religion est partagée par d’autres mouvances religieuses : les protestants libéraux, les catholiques des mouvances réformatrices et progressistes, les juifs libéraux, les soufis, les musulmans « laïcs », etc. Les unitariens n’en ont donc pas le monopole et nombre d’entre eux militent au sein de l’International Association for Religious Freedom (IARF) / Association internationale pour la liberté religieuse, laquelle s’adresse à tous les « libéraux » sur le plan théologique.

A l'inverse, des religions ou encore des philosophies, et c’est pleinement leur droit, peuvent affirmer des dogmes, des doctrines, et développer des professions de foi.

Un dogme est un point de doctrine établi ou regardé comme une vérité fondamentale, incontestable, dans une religion, une école philosophique, etc. On parlera d’article de foi lorsqu’il s’affirme en dehors de tout raisonnement rationnel. Dans les philosophies antiques, celles dites dogmatiques admettent certaines vérités, affirment des principes ; par contre les « sceptiques » et les pyrrhoniens s’y refusaient.

Pour les religions, les dogmes s’ajoutent à l’affirmation de Dieu ou de dieux (laquelle est une croyance et non un dogme). Le catholicisme est le christianisme qui a le plus énuméré de dogmes. Les protestants du XVIème siècle (hormis les unitariens) ont maintenu les dogmes des conciles dit « œcuméniques », ceux du 1er millénaire, y compris celui qui affirme que Marie est mère de Dieu (mais, toutefois, les protestants ne lui rendent pas de culte). La dogmatique est la science qui traite des dogmes. Un dogmatiste va, dans ses argumentaires, partir des dogmes.

Par contre, lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il est dogmatique, le sens est différent : il ne s’agit plus seulement de quelqu’un qui adhère à des dogmes (ce qui est de son libre choix), mais de quelqu’un qui exprime ses opinions d’une façon abrupte, catégorique, péremptoire … ce qui coupe court à tout dialogue. Dans ce cas, cela relève davantage du caractère de la personne, de sa sociabilité, que de ses croyances proprement dite.

Une doctrine peut bien entendu partir d’un ou de plusieurs dogmes, mais elle en est alors la version enseignante. C’est un ensemble de notions qu’on affirme être vraies et par lesquelles on prétend fournir une interprétation des faits, orienter ou diriger l’action. On parlera d’un corps de doctrine. Un doctrinaire est un philosophe, un théologien ou un homme d’action qui développe une doctrine particulière. Il peut être libéral dans ses propositions et son travail s’inscrit toute à fait dans le contexte d’une société démocratique et plurielle. Là aussi on dira d’une personne qu’elle a un ton doctrinal lorsque son style est cassant, sans appel.

Une attitude radicale consiste à affirmer un point de vue qui, à une époque donnée et dans un contexte historique, a pu ou est encore considérée comme extrémiste. Au sein du christianisme, et depuis l’anti-trinitarisme du XVIème siècle, les unitariens sont considérés à juste titre comme des radicaux. Au XVIème siècle ils l’étaient avec les anabaptistes (certains historiens regroupent les deux mouvances pourtant différentes dans une même appellation de Réforme radicale)

Gemppi-yeux-rouges.jpgPar contre la secte, au sens moderne du terme *, désigne un mouvement qui s’affirme seul vrai, détenteur de la vérité, alors que les autres sont dans l’erreur. Démocratiquement, de telles prétentions sont ridicules et inadmissibles. Le sectaire se fait le prosélyte d’une doctrine qu’il présente non seulement comme étant excellente pour lui, mais nettement supérieure aux autres, sinon la seule valable et la seule possible. Toutes les autres sont erronées, sinon l’œuvre de complots internationaux (en attendant d’être interstellaires !) ou de Satan.

* selon le sociologue allemand Max Weber (1864-1920), le "type idéal" de la secte corespond à un mouvement scissionniste à cause d'une position nouvelle et radicale de sa part. Il part de l'exemple des premiers chrétiens par rapport au judaïsme rabbinique, au encore des protestants du XVIème siècle. Ensuite, la secte est amenée à arrondir ses angles, à négocier sa durée au sein de la société globale, à accepter des compromis. Malheureusement pour cette théorie qui se veut générale, il arrive que des mouvements "radicaux" se radicalisent encore plus au cours du temps !

Le sectaire – toujours au sens moderne du terme (et non wébérien) * – est contre les autres. Il peut vivre ses convictions en constituant avec d’autres personne de même opinion une communauté intra-muros, prophétique, en attente du futur – avec le risque d’un enfermement pour les enfants lorsque ceux-ci sont éduqués exclusivement par la communauté confessante ; ou encore en voulant imposer sa vérité à la société « pourrie » par une subversion politique, voir même des moyens violents et criminels : de fanatique, il devient alors vite terroriste *.

* comme dans le cas de l'islam djihadiste.

Les chrétiens unitariens sont des "radicaux" dans leur religion puisqu’il rejettent le dogme trinitaire qui est pourtant très largement accepté par les autres chrétiens, mais ils n’en sont pas pour autant "sectaires" puisqu’ils reconnaissent le baptême des autres et partagent volontiers avec tous le pain et le vin au nom de Jésus (la fraction du pain dont parle les Actes des apôtres). Ils ne disent pas que leur confession est supérieure mais, tout simplement, que c’est leur choix, leur façon de comprendre et de vivre le message évangélique.

Ce sont des "tolérants" car ils sont ouverts au dialogue et à la prière partagée avec tous les autres croyants sans exiger au préalable une profession de foi. Leur Eglise est ouverte à tous les hommes de bonne volonté. Dans le cas de l’unitarisme-universalisme, les autres croyants et les non croyants en Dieu (agnostiques et athées spirituels) sont tout à fait acceptés à part entière au sein des assemblées locales (lors des cultes, pour l’accès aux responsabilités, etc.).

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