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réunir par les échanges, l'amitié et le culte tous les chrétiens qui n'adhèrent pas au dogme de la Trinité

le dessinateur et le révérend

Lorsque le dessinateur Hans Deutsch plaça une flamme au cœur d’une coupe, ce n’est pas n’importe quelle flamme ! Nous sommes en 1941 et les demandeurs d’exil étaient pour la plupart des Juifs qui fuyaient l’enfer nazi. H. Deutsch pensa-t-il alors aux braves Grecs et Romains de notre Antiquité qui utilisaient des vases sacrés ? Ou bien plutôt, d’une part au calice des hussites (nous l’avons dit dans nos messages précédents) et d’autre part aux flammes que les Juifs allument pour célébrer leurs rites et fêtes, à commencer l’allumage de la ménorah à chaque début de sabbat et des huit bougies de ‘Hannoucah.

Le révérend Charles Joy fait partie des unitariens de Boston, héritiers d’une tradition chrétienne libérale qui, à la fin du XIXème siècle, a décidé d’ouvrir ses communautés à des agnostiques et à des non-croyants qui partagent les mêmes valeurs universelles que les chrétiens (voir la Correspondance unitarienne n° 65, de mars 2007 "Christianisme d'ouverture et post-christianisme : faut-il inviter les autres à faire partie de nos communautés chrétiennes ? "). 

L’intention est certes louable, mais elle oblige au grand écart.

Pour plaire aux chrétiens, le révérend appelle " calice " ce qui est manifestement, vu le dessin, une coupe (ce qui n’est toutefois pas un contre-sens puisque le dessin est un écho du calice des hussites ainsi que nous l’avons expliqué antérieurement) et, toujours selon le révérend, la silhouette du dessin nous fait penser à une croix – ce qui est effectivement vrai, mais de loin !

Pour les non chrétiens, le révérend puise dans ses connaissances des premiers siècles du christianisme pour évoquer les religions antiques utilisatrices de vases sacrées (où – stop, non dit ! – on y versait parfois du sang humain).

Nous sommes en 1941 et donc encore loin de l’unitarisme-universalisme qui ne prendra sa forme qu’en 1961 avec la fusion des congrégations unitariennes américaines et de l’Eglise universaliste. Mais déjà notre révérend parle ce langage qui se veut conciliant envers toutes les croyances mais qui relègue à l’arrière plan les particularismes au risque de jeter le bébé avec l'eau du bain.

Dans le cas présent, le dessin du calice unitarien par Hans Deutsch renvoie manifestement à des histoires très précises de résistance au moment même où les peuples se trouvent tragiquement confrontés au nouvel totalitarisme qu’est le nazisme. Ce n’est donc pas n’importe quelle coupe ni n’importe quelle flamme. Qu’on se le dise !

projet-Didier-2.GIFMaintenant, à partir de ces symboles concrets et précis, chacun peut s’y brancher à sa façon, vivre la transmission et la filiation comme il l’entend.

Didier Le Roux, membre de l’AFCU, a choisi d’affirmer cette filiation juive avec le dessin d’une ménorah toute entière et non seulement une flamme, placée au creux du calice. C’est un dessin dont l’expression est forte et qu’il propose comme logo pour notre association.

Le christianisme unitarien accueille très volontiers en son sein des chrétiens judaïsant. L’Eglise unitarienne de Norvège, par exemple, allie, dans son logo, le blason de notre Eglise historique (l’Eglise unitarienne de Transylvanie) et la ménorah juive.

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