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Jean-Claude Barbier, membre permanent du conseil d'administration de l'AFCU, adresse

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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 08:02

par Pierre-Jean Ruff, pasteur de l’ERF
résumé pour une prédication à l'Eglise réformée francophone de Copenhague pour le culte du dimanche 22 novembre 09 


Lorsqu’on dit Calvin, tout de suite on pense à la prédestination. Lorsqu’on dit prédestination, tout de suite on pense à Calvin. Les choses ne sont pas aussi simples.


1 – définitions


Beaucoup confondent la prédestination, le déterminisme et la providence.


La prédestination ne concerne que notre salut pour maintenant et surtout dans l’au-delà. Qui sera sauvé et sur quel critère ? Selon cette doctrine, Dieu seul décide qui sera sauvé ou réprouvé et nous n’avons absolument pas à lui demander des comptes de ses choix. La parabole du potier (Jérémie 18, 2-10) en est une des meilleures illustrations. C’est Calvin qui a donné la meilleure explication de cette doctrine : "Nous appelons prédestination, le conseil éternel de Dieu par lequel il a déterminé ce qu’il voulait faire de chaque homme. Car il ne les crée pas tous en même condition, mais ordonne les uns à vie éternelle et les autres à éternelle damnation".


Le déterminisme en concerne que la vie présente. Nous sommes conditionnés par notre hérédité comme par le contexte socioculturel qui est le nôtre. Si nous étions nés Esquimaux, Zoulous ou Pygmées, nous serions différents.


Par sa providence Dieu veille sur les siens. Certains diront que Dieu nous accompagne toujours dans la vie, alors que d’autres diront qu’il nous y protège. "Pas un cheveu ne tombe de votre tête que votre Père ne l’ait voulu".


Remarques :


Calvin est sans doute celui qui a le mieux défini la doctrine de la prédestination mais, en son temps, il n’a pas été le seul à y souscrire et l’Eglise catholique d’alors ne la rejetait pas.


Cette conception du salut est présente dans la Bible, même si elle n’y est pas seule.


Quelques positionnements historiques à propos du salut et de la prédestination.


Les cathares, dont l’acte de foi premier était l’amour de Dieu, croyaient en un salut universel.
Bien avant eux, Origène optait dans le même sens, disant que le dernier à être sauvé serait le diable. Plus près de nous, Karl Barth, que certains ont qualifié de néo-calviniste, préconisait une double prédestination. Nous sommes tous pécheurs et nous sommes tous sauvés par la miséricorde de Dieu.


Réflexions pour aujourd’hui


Des doctrines comme celle de la prédestination sont aujourd’hui mal comprises par beaucoup et contribuent au discrédit des Eglises (ce qui ne suffit pas pour les dire erronées).


Aujourd’hui, parmi les chrétiens pratiquants, beaucoup s’interrogent à propos d’une vie future ou n’y croient pas. Pour ceux-là, la prédestination est un faux problème. Pour moi, la grâce ou l’amour de Dieu ne sont eux-mêmes que s’ils ne sont pas sélectifs. C’est la crédibilité même de Dieu qui est en cause.


Aujourd’hui sur terre, je pense qu’il y a plus de personnes à sécuriser et à déculpabiliser que de personnes à inquiéter et à responsabiliser par des semonces.

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 01:46

par Michel Jamet

Vers l'an environ à peu près 33 après lui-même, un certain Jésus mourait sans doute sur une croix, à Jérusalem : peine capitale romaine, l'homme ayant été livré aux Romains par les dirigeants du Temple. Il avait fondé un petit groupe de disciples à qui il avait, semble-t-il, donné un enseignement spirituel.
Ces disciples (et leurs propres disciples) ont ensuite relaté les faits et gestes du dénommé Jésus, accompagné d'une Bonne Nouvelle : la vie éternelle est à portée de main ... Jusque là, ils étaient à peu près tous d'accord, ainsi que sur certaines valeurs morales. Mais rapidement, le nouveau courant religieux se répandant, chaque communauté se mit à transmettre sa propre version de la Bonne Nouvelle. Tant et si bien qu'après quelques décennies, c'était la cacophonie la plus totale, chacun ayant son idée sur le message de Jésus : un tel insistant sur tel aspect, tel autre reliant le message à telle ancienne prophétie juive, à tel enseignement grec, ou à telle coutume égyptienne. Tel autre enfin élaborant un début de "christologie", c'est-à-dire de réflexion sur ce "sacré bonhomme" de Jésus, son rôle dans le plan divin, sa nature (humaine, divine ou les deux ?).

Différentes écoles virent le jour. Celle de Paul, en particulier, un ancien oppresseur de chrétiens devenu disciple lui-même après une vision au soleil, commençait à réunir les "assemblées" (en grec : ecclesia) autour d'une doctrine commune.
D'un autre côté, une école de chrétiens se rattachait à un courant plus ancien, diffus dans le monde judéo-hellénique (en particulier à Alexandrie, capitale intellectuelle du monde), celui de la Gnose :


Très grossièrement, ce courant de pensée affirme qu'il est possible à certains humains, en pratiquant une certaine discipline corporelle, intellectuelle et morale, d'accéder à la Connaissance (grec : gnôsis) de Dieu, de l'Absolu, de l'Origine de toutes choses.
Les gnostiques chrétiens affirmaient que Jésus était lui-même la Vérité divine, venue enseigner à un petit nombre le chemin de la Gnose. Bien sûr, il y eut aussi différents courants chez les gnostiques, qui n'ont jamais formé une organisation centralisée.


Or, une organisation centralisée, c'est justement ce qu'ont cherché à créer les tenants du courant "paulinien". Se calquant sur les divisions administratives de l'Empire romain, ces chrétiens-là tenaient plutôt (toujours très grossièrement) pour la doctrine suivante : Jésus est le fils de Dieu, le Messie attendu par Israël, il est venu sur la terre pour y mourir et racheter par sa souffrance les péchés de tous les hommes, à condition qu'ils croient en lui. Point-barre ...

On voit les énormes différences entre les deux courants, et on voit bien que les responsables de l'Ecclesia
ont rapidement compris que les gnostiques menaçaient leur autorité car prônant la possibilité individuelle et directe de parvenir à la Vérité, sans nécessaire intermédiation sacerdotale. L'Eglise (on peut l'appeler comme ça) a donc, dès le IIIème et surtout le début du IVème siècle, condamné la Gnose et défini un ensemble de textes "canoniques" comprenant quatre "Bonnes Nouvelles" (trois très "pauliniens" : Matthieu, Marc et Luc et, à titre de concession, un quatrième plus gnostique, celui de Jean), les Actes des Apôtres écrits par les mêmes groupes que l'Evangile de Luc, et surtout toutes les Lettres de Paul (et de certains autres) aux différentes Ecclesiae. On y rajoute une Apocalypse attribuée elle aussi à Jean.

Tous les autres textes ont été condamnés comme non canoniques
, et ont cessé assez rapidement d'être la source de pratique des communautés chrétiennes, même en Egypte où les gnostiques étaient les plus nombreux. Ces textes ont donc disparu. Tous ? Non ! Car quelques uns d'entre eux ont été redécouverts à notre époque, sauvés par le sable et la piété des anciens gnostiques qui les avaient dissimulés dans différents endroits inaccessibles. Ce sont les fameux "apocryphes"...

Je ne parlerai pas des apocryphes de l’Ancien Testament, qui ne nous concernent pas beaucoup ici. Ce sont eux aussi des textes religieux – mais du judaïsme – non retenus en général dans les recueils " officiels " des autorités juives. Certains nous sont parvenus par l’intermédiaire du christianisme. D’autres ont été découverts à Qumrân (les fameux " Manuscrits de la Mer Morte " de la secte des Esséniens).


Les textes apocryphes chrétiens constituent un ensemble de textes très disparates.


On y trouve des " Actes " : Actes d’André, d'André et Matthieu, d'André et Paul, d'André et Pierre, de Barnabé, de Jacques, de Jean, de Jean selon le Pseudo-Prochore, de Jean à Rome, de Marc, de Paul, de Philippe, de Pierre, de Pierre et des douze apôtres, de Pilate ou Evangile de Nicodème, Actes de Thaddée, de Thomas, de Timothée, de Tite.

Des " Apocalypses " (en grec : apocalypsis = révélation) : Apocalypse d'Esdras, d'Étienne, 1re Apocalypse de Jacques, 2e Apocalypse de Jacques, 1re Apocalypse de Jean, 2e Apocalypse de Jean, 3e Apocalypse de Jean, Apocalypse de Paul, de Pierre, de Sedrach .

Des " Evangiles " : Évangile arabe de Jean, Évangile arménien de l'Enfance, Évangile de Barnabas, Évangile de Gamaliel, de Judas, de Marie-Madeleine, de Philippe, de Pierre, du Pseudo-Matthieu, Évangile secret de Marc, Protévangile de Jacques, Histoire de l’enfance de Jésus ou Evangile de l’enfance selon Thomas…

Et différentes Epîtres, Histoires, Homélies, Odes, Livres, etc.

L'Evangile
de Thomas se trouve dans différentes traductions. On peut aussi la trouver sur le site Omalpha.com. Je préfère cependant celle de Jean-Yves Leloup, qui est abondamment commentée, parue aux éditions Albin Michel : Evangile de Thomas (disponible sur Amazone.fr). L'Evangile de Judas est un texte gnostique, fragmentaire et d'un abord assez difficile, mais l'édition qui en a été faite par le National Geographic, avec introduction, notes et explications de plusieurs spécialistes, rend tout ça abordable. Evangile de Judas. L'Evangile de Marie est aussi un texte gnostique, contenu dans un codex copte (égyptien) du III° siècle. Il a également été traduit par Leloup : Evangile de Marie, Evangile de Thomas (document word), Evangile de Judas : traduction française du document copte (document df), Evangile selon Marie (document html).

Je crois qu'on ne peut pas parler des gnostiques comme d'un "courant" mais plutôt comme un ensemble de sectes dont certaines vont concurrencer un temps le christianisme naissant. Je mettrai à part le manichéisme
qui, plus qu'une secte, a été une religion à part entière et que beaucoup de chercheurs considèrent comme faisant partie des Religions du Livre : Mani a été le seul finalement à opérer une jonction entre Jésus et Bouddha.

La publication très attendue des textes de Nag Hammadi (dans la Pléiade), publication dans une bonne traduction française et bien documentée (alors que les Anglo-saxons ont déjà accès à ces textes depuis plus de vingt ans !) va permettre de mieux connaître ces courants de pensée, aux cosmogonies étranges et complexes. Dans ce domaine comme dans d'autres il faut se méfier comme de la peste des traductions bricolées, ambiance "Da vinci code" ! En attendant il existe une très beau petit livre d'introduction sur les gnostiques, celui de Jacques Lacarrière.

Nouveau document en ligne avec : l'Evangile de Marie, l'Epître apocryphe de Jacques, l'Evangile de Philippe, l'Évangile de Pierre, le Protévangile de Jacques (Évangiles de la nativité et de l'enfance) suivi de l'évangile Alexandrin des Egyptiens, la Bible de Barnabé, l'évangile apocryphe de Barnabé (XIV° - XVI° siècles), l'Apocryphon de Jean.

Je voudrais aussi préciser que lors du procès de Jésus, il y avait un autre condamné, Barabbas, (Jésus de son prénom) le patronyme Barabbas signifiant " le fils du Père "... L'un était il le chef "spirituel", issu des esséniens, et l'autre le chef "terrestre" menant la guerre contre Rome et issu des pharisiens ? L'un aurait été libéré, l'autre crucifié, lequel ?

Sites intéressants mais "orientés" :
http://www.interbible.org/interBible/decou.../clb_030926.htm
http://sophie.md.chez-alice.fr/NouvOMond/biblioapo.htm


Le "Pléiade" des écrits gnostiques de Nag Hammadi est désormais disponible. Voilà le contenu de l'ouvrage : ÉCRITS GNOSTIQUES [2007]. Édition publiée sous la direction de Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier, trad. du copte par un collectif de traducteurs. Index établis par Éric Crégheur, 1920 pages, rel. peau, 105 x 170 mm. Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 538), Gallimard -lvs. ISBN 9782070113330. Parution : 22-11-2007.

La bibliothèque de Nag Hammadi : Prière de l'apôtre Paul - Épître apocryphe de Jacques - Évangile de la vérité - Traité de la résurrection - Traité tripartite - Livre des secrets de Jean - Évangile selon Thomas - Évangile selon Philippe - L'Hypostase des archontes - Écrit sans titre - Exégèse de l'âme - Livre de Thomas - Livre sacré du Grand Esprit invisible - Eugnoste - Sagesse de Jésus Christ - Dialogue du Sauveur - Apocalypse de Paul - Deux apocalypses de Jacques - Apocalypse d'Adam - Actes de Pierre et des douze apôtres - Le Tonnerre, Intellect parfait - Enseignement d'autorité - L'entendement de notre Grande Puissance - Extrait de " La République " de Platon - L'Ogdoade et l'Ennéade - Prière d'action de grâces - Extrait du " Discours parfait " d'Hermès Trismégiste à Asclépius - Paraphrase de Sem - Deuxième traité du Grand Seth - Apocalypse de Pierre - Enseignements de Silvanos - Les Trois Stèles de Seth - Zostrien - Lettre de Pierre à Philippe - Melchisédek - Noréa - Témoignage véritable - Marsanès - Interprétation de la gnose - Exposé du mythe valentinien - Allogène - Hypsiphroné - Sentences de Sextus - Fragments de traités - Pensée Première à la triple forme. Manuscrit de Berlin 8502 : Évangile selon Marie - Acte de Pierre


Sinon deux "points de détail". La plupart des chercheurs s'accordent à penser que Jésus est mort le 7 avril 30, et non en 33. Cette date est la seule qui semble être en accord avec les calendriers des fêtes juives de l'époque. D'autre part quelques chercheurs américains émettent des doutes sur le fait que les écrits de Qumran aient été la bibliothèque des Esséniens. Leur hypothèse serait plutôt celle d'une cache qui aurait accueilli les livres du temple dans la peur de la profanation romaine.
 

Il faut éviter une erreur courante, c'est de donner aux mots "secte" et "religion" les acceptions qu'ils ont aujourd'hui. Le christianisme naissant a toujours été composé de multiples communautés aux pratiques différentes, aux textes de référence divers et aux croyances variées, mouvantes et évolutives. Ce n'est qu'après au moins deux siècles qu'une certaine norme s'est fait jour. Le "gnosticisme" est plus une composante qu'un ensemble de "sectes" coupées du reste du monde chrétien, et même les plus "orthodoxes" pauliniens pouvaient avoir des tendances gnostiques sur tel ou tel sujet, et refuser, par exemple, la cosmogonie valentinienne. Il s'agit plus, à mon sens, d'une des tendances interprétatives du message de Jésus, qui a fini par être isolée et éradiquée de l'Eglise naissante.

Les textes apocryphes de Nag Hammadi regroupent :


Codex I
(Codex Jung) : 1. Prière de l'apôtre Paul, 2. Le Livre Secret de Jacques, 3. L'Évangile de vérité, 4. Le Traité sur la résurrection, 5. Le Traité tripartite. Codex II : 6. Le Livre secret de Jean, 7. L'Évangile selon Thomas, 8. L'Évangile selon Philippe, 9. L'Hypostase des archontes, 10. Symphonia de l'hérésie 40 du Panarion d'Épiphane (écrit sans titre), 11. L'Exégèse de l'âme, 12. Le Livre de Thomas l'Athlète. Codex III : 13. Le Livre secret de Jean, 14. L'Évangile des Égyptiens, 15. Eugnoste le Bienheureux, 16. La Sophia de Jésus-Christ, 17. Le Dialogue du Sauveur. Codex IV : 18. Le Livre secret de Jean, 19. L'Évangile des Égyptiens. Codex V : 20. Eugnoste le Bienheureux, 21. L'Apocalypse de Paul, 22. L'Apocalypse de Jacques, 23. L'Apocalypse de Jacques, 24. L'Apocalypse d'Adam, 32. Fragment de l'Asclépius. Codex VI : 25. Les Actes de Pierre et des douze apôtres, 26. Le Tonnerre, intellect parfait, 27. Authentikos Logos, 28. Aisthesis dianoia noèma, 29. Passage paraphrasé de La République de Platon, 30. Discours sur l'ogdoade et l'ennéade, 31. La Prière d'action de grâces, 35. L'Apocalypse de Pierre, 36. Les Enseignements de Silouanos, 37. Les Trois Stèles de Seth. Codex VII : 33. La Paraphrase de Sem, 34. Le Second Traité du grand Seth. Codex VIII : 38. Zostrianos, 39. La Lettre de Pierre à Philippe. Codex IX : 40. Melchisedek, 41. La Pensée de Noréa, 42. Le Témoignage de la Vérité. Codex X : 43. Marsanès. Codex XI : 44. L'Interprétation de la connaissance, 45. Exposés valentiniens, 46. Révélations reçues par l'Allogène, 47. Hypsiphronè. Codex XII : 48. Les Sentences de Sextus, 49. Fragment central de l'Évangile de vérité, 50. Fragments non identifiés. Codex XIII : 51. La Protennoia trimorphe, 52. Fragment du 5e traité du Codex II.

Les textes
en rouge se trouvent en traduction française sur le site de l'Université Laval (Québec)

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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 18:05

Comment pouvons nous situer les Eglises dans une dynamique d’ouverture ? Si, jusqu’à présent, la plupart des Eglises sont confessionnelles, on peut s’attendre, dans un contexte de déchristianisation et de recomposition du paysage religieux, à ce que d’autres types d’Eglises apparaissent.

La typologie suivante repose à la fois sur des formes déjà bien connues et aussi sur de nouvelles architectures en émergence. Elle concerne le degré d’ouverture des Eglises aux autres chrétiens, aux autres croyants et aux non-croyants.


Fresque de l'église Saint-Savin. Qui embarquer dans l'arche de Noë ? That is the question !

Les Eglises confessionnelles se réfèrent à une tradition historique particulière.


Les Eglises libres le sont par opposition aux Eglises concordataires dans les pays protestants, par exemple en Grande-Bretagne et en Allemagne. Leurs pasteurs ne veulent pas souscrire aux confessions de foi, comme dans le cas des Non-subscribing irlandais. Par extension, une Eglise est libre lorsqu’elle n’impose pas de dogme ou de confession de foi.


Les Eglises latitudinaires acceptent en leur sein plusieurs théologies, plusieurs traditions confessionnelles, comme par exemple l’Eglise réformée de France (qui va jusqu'à accepter la théologie unitarienne parmi d'autres).


Les Eglises œcuméniques pratiquent l’intercommunion sur la base d’accords négociés entre plusieurs Eglises.


Les Eglises transconfessionnelles réunissent tous les chrétiens de n’importe quelle origine confessionnelle, chacun gardant toutefois sa propre confession mais mettant en avant sa qualité de chrétien d’abord (par exemple les Eglises du Christ dans leur projet initial), sans qu’il y ait eu de négociation au préalable.


Les Eglises ouvertes acceptent au sein de leur assemblée d’autres croyants, sinon des non croyants en recherche spirituelle (par exemple les Eglises unitariennes aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle et à partir de 1950 en Grande-Bretagne), tout en maintenant le culte chrétien et la référence à la Bible. Les non-chrétiens sont en accueil et n’ont pas accès aux principales responsabilités statutaires. C’est la recommandation du manifeste d’Avignon (août 2007), lien, aux communauté chrétiennes unitariennes.


Les Eglises post-confessionnelles ne retiennent pas l’origine confessionnelle de leurs fidèles, celle-ci n’a plus guère d’importance.


Les Eglises post-chrétiennes héritent du christianisme mais en déplacent la référence centrale qui n’est plus Jésus, mais de nouveaux prophètes ayant bénéficié d'une révélation ultime : Mahomet (pour les musulmans), le révérend Moon (pour les moonistes), etc.


Les Eglises théistes regroupent des croyants en Dieu mais sans faire référence à des révélations historiques ni à des traditions confessionnelles.


Les Eglises inter-convictionnelles admettent l’expression de toutes les fois, y compris celles de non-croyants en Dieu ; l’accent est mis sur l’expression de chacun, le dialogue, le partage. Elles ne se réfèrent à aucune religion particulière, mais leurs fidèles si, individuellement !
C’est le cas de l’Eglise unitarienne francophone (lien) où les chrétiens cohabitent avec d’autres croyants et des non-croyants. L’héritage chrétien, peut rester important, mais cela dépend des fidèles qui s'expriment ; en tout cas le christianisme est traité de la même façon que les autres religions, spiritualités ou sagesses.


Les Eglises universelles ne privilégient plus le christianisme (mais ne le renient pas non plus !) ; les fidèles sont désormais invités à parler un langage directement universel comme dans le cas de l’unitarisme-universalisme américain sans faire référence à des traditions particulières ; du moins celles-ci sont reléguées à leurs aspects culturels et non plus cultuels. Croyants et non croyants y cohabitent en osmose totale. L'accent est mis sur les convergences spirituelles, sur les universaux.

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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 17:23
La question a été posée au sein de notre groupe Yahoo "Unitariens francophones" (lien). Voici la réponse de Jean-Claude Barbier, le 21 mai 2009 :

Le déiste désigne à l'origine un croyant par opposition à un athée. Le mot est apparu en 1564 (nous dit le Petit Robert), dans les milieux sociniens (nous dit le dictionnaire de philosophie de Christian Godin). 

Mais le terme va se préciser par la suite. Il s'agit d'un croyant qui n'a pas besoin des religions existantes pour croire en l'existence de Dieu : donc pas besoin de dogmes, de révélations, de "superstitions" pour reprendre l'expression si chère aux philosophes du Siècle des lumières. Diderot disait : "Le déiste seul peut faire tête à l'athée, le superstitieux n'est pas de sa force".

En ce sens, le déisme (terme apparu plus tard en 1669), équivaut à la religion dite naturelle. L'homme contemple la Nature, en observe les lois (et la beauté !) et en conclut à l'existence de Dieu grâce à sa seule raison. Les francs-maçons qui se réfèrent au Grand architecte de l'univers (GADLU) le sont aussi. On peut également dire que les transcendantalistes (avec Ralph Waldo Emerson) le furent. Idem pour ceux qui situent Dieu à l'origine des mondes, dans un pré Big-bang. J'ajoute que le déiste ne se prononce pas sur la nature de Dieu, ni sa présence et action en ce monde, mais seulement sur son existence.

Le théisme (plus tardif que le déisme puisqu'apparu dans la langue française en 1756, mais au XVII° siècle en Angleterre) maintient lui aussi son indépendance totale par rapport aux religions ("positives" dit le Petit Robert - sic ! mais c'est sans doute au sens d'existentialiste) , mais il admet que c'est un Dieu personnel (ayant le statut d'une personne douée de volonté, de morale), unique bien entendu, distinct du monde et exerçant sur lui une action. D'où la possibilité, voire la nécessité d'un culte : c'est un Dieu qui reste providentiel et qu'il nous faut donc prier. Il peut punir, accorder ou non la vie éternelle, etc.

C'est un Dieu actif qui ne se contente pas d'être seulement un dieu créateur. Il reste présent en sa Création. Voltaire disait "On ne saurait trop respecter ce grand nom de théiste", mais on peut néanmoins le considèrer comme déiste car on ne le vit guère prier ! Le théisme, pour lui, était surtout pour maintenir le peuple dans la moralité.

Ce sont précisément les penseurs anglais du XVIIème siècle qui sont les théoriciens du théisme. Cudworth (1617-1688), le premier à employer ce mot, désigne par là un système philosophique qui affirme l'existence de Dieu appuyée sur des preuves philosophiques (seules !). Le théisme participe du combat des philosophes contre l'Eglise.

Les tentatives de fonder une Eglise théistes, par exemple sous la révolution française avec Dame Raison) ont toutes échouées. A mon avis parce qu'une religion ne se limite pas à des idées ... A noter que des obédiences maçonniques ont maintenu le théisme anglo-saxon de leur origine, contrairement aux loges dites "laïques" comme le Grand Orient de France (GOF).

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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 09:47

Lu sur le site du journal La Croix sous le titre " Qu’est-ce qu’un intégriste ? ".


Le mot " intégriste " apparaît vers 1880 en Espagne pour désigner un parti politique fondé sous l’invocation du Syllabus de Pie IX qui condamne, in fine, l’idée selon laquelle le pape " peut et doit se réconcilier et transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne ".

En France, il s’impose au début du XXe siècle pour désigner ceux qui s’opposent au " progressisme " en matière d’exégèse biblique. Mais il ne s’agit pas ici d’un terme revendiqué : les opposants au " modernisme ", condamné en 1907 par Pie X, préfèrent se référer à un " catholicisme intégral ". Nourri par l’Action française, vivant la décolonisation comme une offensive alliant le communisme au nationalisme musulman, l’intégrisme voit dans le XXe siècle la fin de la civilisation chrétienne. D’où son refus de Vatican II vécu comme la ratification par l’Église de la philosophie des Lumières, à l’origine, selon eux, de tous les maux.

Selon Nicolas Senèze :

Au fil des générations, ce catholicisme intégral va traverser plusieurs moments : Maurras et l’Action Française, Vichy et la Libération, la décolonisation et l’Algérie Française… Non que les intégristes soient tous maurassiens, vichystes ou nostalgiques de l’Algérie française : mais ils ont été plus ou moins influencés par ces courants que Mgr Lefebvre va réussir à rassembler dans un même combat : l’opposition à Vatican II. ".

Après 1988, on emploiera le mot " traditionaliste " (1) pour désigner ceux qui ont refusé de suivre Mgr Lefebvre dans le schisme et demeurent fidèles à Rome, par opposition aux " intégristes ", disciples de Mgr Lefebvre (2) Au fil des ralliements de ces dernières années, la frontière est devenue beaucoup plus floue ". [fin de l’article cité]
(1) ndlr - la Tradition que ces traditionalistes revendiquent à corps et à cris remonte seulement au concile de Trente (à savoir la Contre-Réforme catholique du XVIème siècle) !
(2) ndlr - après les négociations en cours avec Rome, ne resteront lefebvristes que ceux qui se maintiendront dans le schisme.

Ajout
 : Dans les années 1980, " intégriste " va servir aussi pour désigner l’islam radical, puis les ultra-conservateurs protestants évangéliques américains ou encore les juifs ultra orthodoxes (3). Par opposition les " musulmans laïcs " affirment la compatibilité de l’islam avec un Etat laïc (non théocratique). Pour une partie des musulmans djihadistes, on peut aussi ajouter " terroristes ".
(3) Cet emploi serait abusif selon l’historien Émile Poulat, grand spécialiste du catholicisme intégral, pour qui l’intégrisme est " un phénomène essentiellement catholique " – certes ! si on en reste à la définition " espagnole " de 1880.

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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 04:29

article * de  Frédéric Rognon , professeur de philosophie des religions et d’anthropologie de la religion à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg, ami de l’Arche de Lanza del Vasto, résumé par Etienne Godinot

* Frédéric Rognon, " Notre époque est-elle celle d’un ré-enchantement du monde ? (2) Se situer face à la pluralité religieuse ", Nouvelles de l’Arche, année 56, n° 4, juillet-août-septembre 2008, La Borie Noble, 34650 Roqueredonde

Face à la pluralité des religions, il présente quatre options possibles :

L’exclusivisme
consiste à prétendre posséder seul toute la vérité, les autres religions étant des erreurs, des idolâtries, voire des expressions diaboliques. L’exclusivisme exclut donc les autres religions de toute prétention légitime à une quelconque parcelle de vérité. La vérité ne se partage pas : si une religion est vraie, les autres sont nécessairement fausses. Il y a une différence de nature et non de degré entre le vrai et le faux, il n’y a pas de moyen terme.

L’inclusivisme
consiste à considérer que ma propre religion inclut les autres traditions religieuses, c'est-à-dire qu’elle les englobe et les accomplit. Chaque religion détient une parcelle de vérité, mais cette vérité partielle se trouve mélangée avec de fausses croyances, et même avec des institutions démoniaques. Seule ma religion assume la vérité pleine et entière. Les autres religions ne sont pas rejetées ni condamnées comme étant des constructions purement humaines, elles sont au contraire respectées dans toute leur dignité comme étant en partie des œuvres divines qui, de ce fait, diffusent " un rayon de la vérité ". Elles sont intégrées au plan de salut que Dieu a élaboré pour tous les hommes. Telle est la position de l’Eglise catholique depuis Vatican 2, alors qu’auparavant elle était exclusiviste.

Le relativisme
consiste à affirmer que toute religion exprime une part de vérité, mais qu’aucune ne détient la vérité entière et absolue.

Raimundo Panikkar
* est un des porte-parole les plus convaincus et les plus convaincants de cette position. Il propose cinq métaphores pour exposer sa conception de la pluralité religieuse :


1- La montagne : les religions ne sont que des chemins différents qui mènent vers le sommet d’une même montagne, au départ très éloignés les uns des autres, mais qui se rapprochent peu à peu. Comme le disait Pierre Teilhard de Chardin, " tout ce qui s’élève converge ". Il n’est pas question de changer de chemin, de se convertir à une autre religion ou de mélanger deux religions (on ne peut pas suivre deux chemins à la fois). Il n’est pas question non plus d’affirmer que mon chemin est plus direct que celui des autres. Il s’agit de poursuivre mon chemin en me rapprochant des autres, ou de me rapprocher des autres pour mieux poursuivre mon chemin.

2 - Les fleuves : Le Jourdain (le judaïsme), le Tibre (le christianisme) et le Gange (l’hindouisme) ne se rencontrent pas et n’ont pas besoin de le faire pour être des rivières vivifiantes. Mais leurs eaux se rejoignent dans les océans et dans les cieux, sous forme de nuages, après avoir été transformées en vapeur, d’où elles retomberont en pluie pour nourrir la terre et les rivières. Les religions ne fusionnent pas, mais elles peuvent se rencontrer, une fois transformées en vapeur, une fois délestées de leur outillage doctrinal, métamorphosées dans l’Esprit. Je suis chrétien par hasard, pour des raisons d’histoire et de géographie, parce que je suis né en 1949 en France de parents chrétiens, et je dois me convertir à la religion dans laquelle je baigne par hasard, la faire évoluer comme je le sens, ou choisir une autre voie.

3 - L’arc-en-ciel : les différentes religions sont comparables au nombre infini de couleurs. Les limites entre religions, comme entre couleurs, sont artificielles, il s’agit d’un dégradé progressif. C’est seulement l’arc-en-ciel dans son ensemble qui donne une image complète de la véritable dimension religieuse de l’Humanité. Mais cette image-là n’est pas elle-même la vérité, elle n’est qu’un effet de la source de lumière qui est bien au-delà des couleurs. Là encore, il n’est pas question de mêler les couleurs, ce qui donnerait naissance à une autre couleur, mais de respecter infiniment les autres couleurs que la mienne, comme étant chacune dotée de la même valeur car reflétant au même titre la lumière divine.

4 - Les planètes : Nous avons toujours tendance à considérer le christianisme comme le centre de l’univers religieux, comme nous considérions la Terre dans la représentation géocentrique de Ptolémée. Or il est possible de construire autant de systèmes de Ptolémée qu’il y a de traditions religieuses. Nous sommes donc maintenant invités à effectuer une révolution copernicienne dans notre représentation de la pluralité religieuse : passer d’une perception religieuse centrée sur elle-même, où le point fixe est donné par notre propre tradition, à une vision dont le centre échappe à toutes les traditions pour ne se trouver qu’en Dieu, critère de toute vérité, équivalent du soleil dans le système de Copernic et de Galilée. La révolution consiste à passer du christianocentrisme à un théocentrisme.

5 - Le langage : chaque religion est comme une langue, qui exprime ce dont les hommes ont besoin et ce qu’ils vivent, qui évolue, qui emprunte aux langues voisines sans perdre pour autant son identité. Il n’y a pas de langue plus parfaite qu’une autre, chacune est unique puisqu’elle est fondamentalement intraduisible, elle n’existe qu’en fonction d’une certaine vision du monde, et néanmoins il y a une sphère de toutes les langues qui est traduisible, un fond commun et un langage commun pour une compréhension mutuelle. Celui qui s’engage dans le dialogue interreligieux est comme un traducteur qui doit parler parfaitement les deux langues, la sienne et celle de l’autre.

La posture apophatique
(du grec " dire non) consiste à admettre qu’on ne peut rien dire sur Dieu et sur la Vérité. Il ne s’agit pas d’agnosticisme, mais d’une approche qui reconnaît que le mystère divin dépasse toujours le langage humain : Dieu ne se laisse pas réduire à ce que nous en disons et à ce que nous croyons à son sujet. Le discours théologique ou doctrinal n’épuise pas la réalité sur Dieu. Il n’y a donc pas de dialogue interreligieux possible à proprement parler. Ce qui est possible et souhaitable, c’est une communion entre hindouistes, bouddhistes, juifs, chrétiens, musulmans, agnostiques etc. non pas pour discuter, mais pour méditer ensemble, pour se recueillir ensemble dans le silence. *

* ajout d’Etienne Godinot - et pour agir ensemble contre l’oppression, l’injustice, pour les droits de l’homme et la préservation de la nature.

* Raimundo Panikkar, jésuite, théologien indien, né de mère espagnole, auteurs de nombreux ouvrages dont " La plénitude de l’homme, une christophanie " publié à Arles par Actes Sud, en 2007 (320 p.)

" Qui est le Christ ? Comment peut-il être intelligible aux chrétiens comme aux autres ? A partir d’un postulat, " Jésus n’est pas Dieu, mais fils de Dieu et, comme fils "égal" au Père, parce que le Père ne retient rien pour lui ",

l’auteur tente de déchiffrer l’expérience mystique de Jésus de Nazareth, pour décrire ensuite l’expérience christique en neuf propositions sur l’identité du Christ et son incarnation. 

Nous avons là un livre ardu, mais avec des plages lumineuses comme l’expérience mystique à partir de celle de Thérèse d’Avila (" Cherche-toi en moi, cherche-moi en toi ") ou la réflexion sur trois expressions : " Abba, Pater ! ", " Moi et le Père sommes un " et " Il convient que je m’en aille ". […] Au carrefour de l’Orient et de l’Occident, R. Panikkar nous fait partager ses réflexions sur la condition humaine dans sa recherche de plénitude, de vie et de vérité. C’est le résultat de la pensée de toute une vie, dans la rencontre des cultures et devant la nécessité planétaire d’un changement de paradigme " par Marie-Thérèse Bouchardy (revue Choisir, septembre 2007), lu sur le site du CEDOFOR (Genève)

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22 novembre 2008 6 22 /11 /novembre /2008 17:14

Tout le monde se veut aujourd'hui "universel", souvent d'ailleurs dans le sens d'ouverture aux autres, refusant toute sorte de discrimination, voulant partager des valeurs communes à tous les êtres humains etc.  Au delà de cet élan de générosité et de l'affirmation d'une Humanité Une, qu'en est-il précisément des mots que nous employons. Vous trouverez ici deux définitions tirées d'un dictionnaire que je vous recommande pour sa clarté.

 

D'après Christian Bodin, 2004 - Dictionnaire de philosophie, Fayard / édition du temps, p. 1380

 

Universalisme

n.m. (de universel, du latin universalis, relatif au tout, général)

 

1 – Doctrine ou croyance selon laquelle tous les hommes sans exception sont promis au salut – la damnation éternelle étant incompatible avec l’infinie miséricorde de Dieu. Opposé à particularisme.

2. Caractère d’une conception du monde (religion, idéologie) qui s’adresse à tous les hommes : à la différence de l’hindouisme et du judaïsme, le bouddhisme, le christianisme et l’islam sont des universalismes.

3 – Point de vue politique selon lequel le bien et l’intérêt commun doivent l’emporter sur le bien et l’intérêt particulier : l’universalisme républicain s’oppose au communautarisme.

4 – En anthropologie, conception selon laquelle les structures de pensée sont communes et transcendantes à toutes les cultures. Opposé au culturalisme qui adopte sur cette question un point de vue relativiste.

 

Universisme

n.m. (de l’allemand Universismus, du latin universum, ensemble des choses)

 

H. de Glasenapp (1891-1963) englobe sous ce terme les trois grandes traditions philosophico-religieuses de la Chine : le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme conçus comme des religions de l’univers.

 

Information supplémentaire : un mouvement universiste a été lancé par Ford Vox, en 2003, à Birmingham dans l’Etat d’Alabama aux Etats-Unis, mettant en avant les potentialités de homme, son développement individuelle et les capacités de la Raison, reprenant ainsi à son compte (sans le dire !) certaines caractéristiques de l'unitarisme-universalisme. Mais ce mouvement s’est révélé fort agressif, critiquant non seulement les religions mais aussi la foi en tant que telle (ce que ne fait pas l'unitarisme-universalisme). Il semble avoir cessé ses activités en 2007.

 

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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 09:56

Depuis que nous savons que le terre est ronde, qu’elle est devenue un village, qu’elle s’est " mondialisée ", les approches d’emblée universelles ont du succès.

L’universel est relatif au tout, à l’ensemble. Il concerne, sans nulle discrimination, tout l'existant, toute personne, tout objet. Il ne transite plus par des lois particulières ou catégorielles. Il est général à l’ensemble du genre humain ou autre cohorte. L’histoire universelle concerne tous les peuples. Une Eglise est universelle si elle s’adresse à tout le monde et non plus à une nation particulière. Le terme " catholique " (du grec katholikos) à précisément ce sens.

Les universaux sont des caractéristiques communes à un ensemble donné. Les universaux religieux sont censés se retrouver dans toutes les religions du monde entier.

L’universalité est cette ouverture à un tel ensemble aux dimensionx du monde connu.

L’universalisme désigne en religion une théologie anti-calviniste qui considère que tout homme est sauvé du fait de l’acte rédempteur du Christ. Elle fut professée par l’Eglise universaliste (aux Etats-Unis de 1779 à 1961). L’universaliste est donc un adepte de cette doctrine religieuse chrétienne ; mais le sens a évolué dans le sens d’un engagement en faveur de l’universel : il est maintenant le partisan de l’universel considéré comme un tout unique dont dépend les individus (philosophie opposée à l’individualisme et à l’atomisme).

L’universalisation est le passage du particulier ou de l’individuel à l’universel.

L’internationalisation, la planétisation, la mondialisation portent sur l’extension d’un phénomène à l’ensemble du connu. C’est un constat, indépendamment de nos propres convictions et options. On peut les souhaiter comme les craindre. L’universalisme, quant à lui, correspond à un engagement en fonction d’une vision de l’universel.

Pour en savoir plus, voir les dicos !

Lorsque l’assemblée est hétérogène, par exemple lors d’une événement de vie (naissance, mariage, enterrement), nous ne pouvons que souhaitez que les fidèles d’une religion particulière sachent présenter leurs textes ou expressions d’une façon la plus compréhensible pour les autres : par exemple en rappelant le contexte historique des rites et prières, en ajoutant pour certains mots des traductions plus universelles, en faisant volontiers référence aux autres sagesses, en évitant le jargon théologique ou codé, etc. Bref, un effort de lisibilité pour plus d’universalité, loin de la tentation de l’ésotérisme réservé aux initiés ou aux gens d’une même confession.

mains jointes, fraternelles, en forme de globe, portant en tatouage la terre entière

Voir sur ce site, notre rubrique " le vocabulaire religieux " (déjà à ce jour pas moins de 28 articles !)http://afcu.over-blog.org/categorie-1190985.html

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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 11:03

Les chrétiens unitariens sont des chrétiens qui sont de théologie unitarienne, c’est à dire qu’ils remettent en cause, non seulement la formulation, mais le bien fondé du dogme de la Trinité, à savoir que Jésus serait Dieu incarné. Pour nous, Jésus est un être humain et non un dieu. Il s’agit donc d’une base théologique très précise, héritière de l’anti-trinitarisme du XVIème siècle.

Mais les chrétiens unitariens s’inscrivent-ils dans un christianisme plus large ?

chrétiens libéraux

Ce qualificatif de " libéral " en religion provient du protestantisme. A partir des remonstrants aux Pays-Bas (dès le début du XVII° siècle), puis des non-souscrivants en Irlande, des protestants se sont mis à remettre en cause certains principes du calvinisme comme la prédestination et la rigidité du credo de l'anglicanisme. Ils ont opté pour une liberté de pensée effective et refusé les confessions de foi qui étaient exigées pour les postulants à une charge pastorale.

Au XIXème siècle, des protestants rappellent que les dogmes ou les principes ne sont que des formulations historiques et culturelles et qu’elles peuvent être réécrites sous des formes mieux adaptées. Ils disent aussi que toutes les croyances proposées ne sont pas à mettre sur le même plan. Ils mettent en avant l’idée d’une Réforme toujours en cours, qui ne doit pas s’arrêter à Luther et Calvin, mais doit se continuer : c’est la Réformation. A eux s’opposent les protestants " orthodoxes ", dont certains s’appellent " évangélistes " afin de mieux faire comprendre qu’ils défendent les vérités éternelles de l’Evangile !

Ce modèle protestant du libéralisme théologique peut s’appliquer aux autres communautés religieuses. On connaît les juifs libéraux, lesquels ont leur propre mouvement. Aujourd’hui, on peut parler de catholiques libéraux (même si les médias n'en parlent pas encore !) ; en France, une partie d’entre eux se retrouve au sein de la Fédération des réseaux des Parvis.

Cet adjectif de libéral s’applique surtout à une relativisation des dogmes. Par contre, le catholique pourra être dit " contestataire " s’il dénonce les orientations prises par sa hiérarchie, " réformateur " s’il se prononce pour des changements institutionnels, " progressiste " s’il pense que l’Eglise doit s’impliquer davantage dans les enjeux contemporains et mieux épouser l’évolution des sociétés, etc.

Depuis leurs origines, les unitariens se situent dans cette optique libérale des religions. Dire qu’un unitarien est libéral est une évidence puisque tous, en principe, le sont ! Il en est de même par exemple pour les quakers. Ils font partie des chrétiens libéraux par définition et l’ajout du qualificatif " libéral " serait, pour ces mouvements, purement tautologique. Les baha’is, les soufi et les bouddhistes entrent eux aussi d’emblée dans cette catégorie (sauf exception particulière).

Pour l’anecdote
, il est significatif que quelques unitariens américains se soient déclarés " conservateurs " par rapport à l’Unitarian Universalist Association (UUA) jugée par eux trop progressiste ! Il s’agit d’un mouvement en fait très peu connu et sans doute réduit à quelques personnes seulement :
http://www.geocities.com/conservativeuu. En plus le mouvement ne se veut pas dissident car il reste dans le contexte d’une religion " libérale " et signale que c’est seulement au niveau des valeurs qu’il est " conservateur " (The Conservative Unitarian Universalist, et en sous titre " Liberal religion … conservative values ").

chrétiens libres

Dans des pays à religion officielle, des Eglises minoritaires ont pu malgré tout, et après bien des vicissitudes, se développer. Elles se disent " libres " au sens institutionnel du terme. En Grande-Bretagne, ce sont les " Free Church " dont la plupart ont fait alliance avec les congrégations unitariennes en 1926 pour constituer General Assembly of Unitarian and Free Christian Churches " (un agglomérat que la majorité voudrait unifier et qui regroupe quelques 4 000 fidèles ou plus). En Allemagne les petites " Frei-religiöse ", que l’on retrouve avec les unitariens au sein du " Chapter " allemand de l’International Association for Religious Freedom (IARF).

Mais dire qu’un chrétien individuel est libre, cela va de soi dans un contexte démocratique, y compris si l’exercice de sa liberté est de se réfugier dans une Eglise dogmatique ! Par ailleurs dire que les chrétiens unitariens sont " libres ", cela fait un peu prétentieux car il est alors sous-entendu que les autres ne le seraient pas ! Disons simplement que nous n’avons sur le dos ni dogme, ni hiérarchie ... et que nous en sommes fort aise.

Voir sur ce sujet, le débat mené par l’AFCU au sein de l’assemblée de Provence, sous la direction d’Albert Blanchard-Gaillard.

Chrétiens unitariens, chrétiens libres "Pourquoi sommes nous des chrétiens unitariens et des chrétiens libres ? Les fondateurs de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) s’expliquent", par Albert Blanchard-Gaillard, Recherches unitariennes, n° 1, février-avril 1997

Le christianisme libre "Le christianisme libre", par Albert Blanchard-Gaillard, Recherches unitariennes, n° 3, fin 1997, début 1998

chrétiens indépendants

Cette notion d’indépendance vaut à la fois pour les Eglises minoritaires dans les pays à Eglise officielle comme ceux que nous venons de citer, et pour des communautés ou des fidèles isolés qui prennent leur distance vis-à-vis leur hiérarchie ecclésiastique. Pour ces derniers, il ne s’agit pas d’une dissidence, ni du projet de faire une " autre " Eglise, mais de vivre leur foi en marge de leur Eglise, en toute liberté, sans soumission, en se référant à leur conscience (rejoignant ainsi une position toute protestante au sens du XVI° siècle).

chrétiens alternatifs

Plus qu’une revendication de liberté et d’indépendance, l’alternatif est une orientation beaucoup plus constructive. Il s’agit en effet de faire Eglise " autrement ". Cette expression est proposée par Pierre Castaner, dont le mouvement " le Courant d’air ", un café rencontre sis sur le Vieux port de Marseille, est membre de la Fédération des réseaux des Parvis.

Ce renouveau du christianisme passera nécessairement par une déconstruction des dogmes et une nouvelle approche du christianisme. Les chrétiens unitariens sont sur ce chantier.

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20 avril 2008 7 20 /04 /avril /2008 05:53

Le terme de prêtre est général pour toutes les religions. Chaque religion a ainsi ses prêtres (au sens anthropologique du terme) qui desservent le culte. Ils  sont appelés d’une façon spécifique au sein de chaque religion. Les catholiques ont conservé le terme général et ont donc des " prêtres " ; les orthodoxes des " popes ", les protestants des " pasteurs " *, les juifs des " rabbis ", les musulmans des " imams ", etc.

* La féminisation du mot pasteur – ce qui donnerait " pasteure " pour les femmes – n’est pas admise dans les dictionnaires. Mais sans doute peut-on dire " Madame le pasteur " ? " Chère Pasteur " ? en s’adressant à un pasteur du sexe féminin ... Dans un article, on peut contourner la difficulté en écrivant Mme X, pasteur de l’Eglise Y.

Parallèlement, ces mêmes personnes peuvent être désignées par leur grade hiérarchique ; en ce qui concerne par exemple les catholiques : abbé (prêtre d’une paroisse mais qui n’en a pas la direction), vicaire (adjoint du curé), curé (responsable en titre de la paroisse), doyen de canton, abbé ou abbesse à la tête d’un monastère (de même rang qu’un évêque), évêque, archevêque, et métropolite pour les catholiques orientaux. Pour les orthodoxes, le haut de la hiérarchie est : archevêque, métropolite, et, au-dessus, patriarche ; et en  bas,
pape pour les prêtres orthoxes en pays slaves (terme utilisé dans la littérature et les médias car les fidèles, eux, disent "petit père" ou prêtre). Surintendant ou évêque dans des Eglises protestantes.

Qu’en est-il pour les unitariens ?

Nos Eglises historiques hongroises sont synodales et épiscopales. Les ministres du culte sont des " pasteurs " et le chef spirituel de l’Eglise est un " évêque " *

* mais on ne saurait s’adresser à lui avec le terme catholique de " monseigneur " et on ne peut pas écrire Mgr devant son nom. En français, on peut s’adresser à lui en disant tout simplement " mon évêque ".

Par contre, les congrégations anglo-saxonnes, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, n’ont pas retenu la fonction d’évêque. Elles sont congrégationalistes, dans l’héritage plus particulier du puritanisme anglais, et dirigées par un conseil presbytéral qui élit en son sein un président laïc. L’enseignement religieux est quant à lui confié à un ministre du culte.

Parallèlement à ce vocabulaire par les fonctions, s’est développée une appellation honorifique au bénéfice des religieux des deux sexes : révérend, révérende *.

* du latin reverendus, digne de vénération.

Dans le système catholique, cette appellation de révérend ou révérende (devant le nom de la personne concernée) est réservée aux membres éminents des ordres religieux (chanoines et chanoinesses y compris).  Par écrit, on y ajoute alors les initiales de son ordre après son nom (s.j. pour l’ordre des jésuites, o.p. pour celui des dominicains, s.p. pour les spiritains, etc.).


Mais on ne le dira pas pour un prêtre catholique (qui à le titre honorifique de " Père ") ni pour une sœur (qui a le droit à " ma Sœur ") ni pour une abbesse ou à une supérieure de communauté (qui a droit à " ma Mère "). On dira " Monseigneur " à un évêque, sauf chez les unitariens comme nous venons de le voir. On dira sans doute " Madame " si l’évêque est une femme comme cela peut arriver chez les luthériens.

Dans les pays anglo-saxons, l’appellation de révérend et de révérende s’est développée chez les anglicans. Les unitariens de ces pays en ont hérité si bien que tous leurs ministre du culte sont nommés ainsi dès lors qu’ils ont achevé leurs études de théologie et sont reconnus comme aptes au ministère. Mais les laïcs qui, eux, desservent leur seule communauté ne jouissent pas de cette appellation. Ils sont simplement " lay minister " (lay = laïc).

Les Eglises des Pays-Bas, dont la Fraternité des remonstrants, ont également adopté cet usage ; également nos Eglises historiques hongroises. Leurs pasteurs acceptent l’appellation de " révérend / révérende ", ou encore de " professeur " s’ils ou elles enseignent dans une faculté, ou encore, mais seulement sous la forme écrite et abrégée, de Dr. = docteur  (sans doute pour tenir compte d’un grade élevé en théologie). Arpad Szabo, actuel évêque de l’Eglise unitarienne de Transylvanie est " Dr. ", ainsi que d’autres membres de son Eglise.

Dans les pays européens francophones, le terme de révérend est resté dans la seule sphère catholique. Un pasteur réformé ou luthérien ne sera jamais appelé ainsi. On dira " Monsieur le pasteur ", " Cher pasteur ". L’appellation de " professeur " est requise s’il enseigne ou a enseigné dans une faculté.

En Alsace
, les anciens disent "Herr Pfarrer" qui veut dire "Monsieur le prêtre/pasteur" pour un homme ou "Frau Pfarrer" pour une femme (information Pascal Acker).

Serions nous plus sobres que nos amis anglophones ?


Et puis, quid de nous autres, pauvres laïcs, qui sommes sans titre ...

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