"Appelée à servir et à témoigner" par ses activités sociales au Burundi ... Vidéo mise en ligne par Sean Barron le 24 mai 2013.
Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU)
voir aussi les "Actualités unitariennes" au jour le jour (lien)
le site documentaire, "La Besace des unitariens" (lien)
les "Etudes unitariennes", consacrées au début du christianisme (lien)
et le site du Conseil des unitariens et universalistes français (lien)
l'Eglise unitarienne francophone (EUfr), une Eglise linguistique sur la Toile, organise un culte mensuel (lien)
La photo représente la médaille de reconnaissance des membres de l'Eglise des Frères de Pologne et de Lituanie
qui a rejeté la Trinité, dite "Ecclésia Minor" (XVI°-XVII° siècles) ; elle provient du site "Livres.mystiques.com"
Jean-Claude Barbier, membre permanent du conseil d'administration de l'AFCU, adresse
"Appelée à servir et à témoigner" par ses activités sociales au Burundi ... Vidéo mise en ligne par Sean Barron le 24 mai 2013.
d'après des informations d'Ambroise Niyongabo, président de l’Eglise unitarienne du Burundi, et des photos de Gur Mulanga.
L’Association unitarienne francophone africaine (AUFA) a tenu sa seconde rencontre au début du mois d’août 2013, un an après la première (lien). En l’absence de représentant des communautés francophones du Congo (des deux côtés, Brazzaville et Kinshasa), l’AUFA se retrouve à sa tête avec un tandem Burundi-Rwanda en les personnes du révérend Fulgence Ndagijimana et Clément Uwayisaba. Le Rwanda était représenté par le président de sa congrégation, Clément Uwayisaba, Christian Mahoro et Mme Fotide Ndayishimiye (en tenue blanche, sur la droite de la photo).
1ère photo : de G. à D. , Mark Kiyimba, Fulgence Ndagijimana, Roux Malan, Jill McAllister, Steve Dick
2ème photo : Roux Malan, Fulgence Ndagijimana, Gur Mulanga, Mark Kiyimba
A l’occasion de cette rencontre annuelle, l’Eglise unitarienne du Burundi a invité des anglophones : le révérend Rev Roux Joanes Malan et Gur Moulanga (lien) de l’Eglise unitarienne de Capetown, le révérend Mark Kiyimba de l’Unitarian Universalist Association of Uganda (lien) et les Kenyans Josphat Mainye et Ben Macharia. L’International Council of Unitarians and Universalists (ICUU) était représenté par les révérends Jill MacAllister, chargée des programmes, et Steve Dick, secrétaire exécutif, qui ont prodigué deux jours de formation.
Fulgence Ndagijimana (message du 9 septembre 2013) :
" La récente rencontre panafricaine a été un succès. Des décisions importantes ont été prises et des orientations données pour le travail de l'ICUU avec les groupes africains mais aussi les projets communs notamment la formation continue et les autres opportunités d'apprentissage et d'échange. Une rencontre est prévue pour février 2015 au Kenya dans le cadre d'une formation continue des leaders africains. Un groupe de travail a été mis en place pour la préparer et tous les pays africains seront représentés. Un secretariat africain a été mis en place pour centraliser et partager les informations sur les groupes africains. A cet effet, un premier bulletin sortira en novembre et il sera en anglais et en français. "
Cet article a été traduit en italien par Giacomo Tessaro et mis en ligne sur le site de la Comunione unitaria italiana (CUI), lien.
A l’occasion de leur participation à la rencontre africaine de Bujumbura (lien), les unitariens de Capetown ont offert ce calice à leurs condisciples du Burundi. Photo : le révérend Roux Joanes Malan (à gauche) et Gur Moulanga (à droite, lien), tous deux de l’Eglise unitarienne d’Afrique du Sud, saluant l'assemblée au culte à l’église de Bujumbura.
Fulgence Ndagijimana est né le 3 mai 1976 au quartier Nyabikenke de la commune de Ryansoro dans le centre du pays, au sud de Gitega ; une commune traversée par la RN 14. Il a fait ses études secondaires au Lycée du Lac Tanganyika à Bujumbura et se souvient que les enseignants jésuites passaient beaucoup de temps pour apprendre aux jeunes comment tenir correctement les fourchettes et couteaux qu’ils découvraient sur les tables à manger – ce fut une obsession semble-t-il de la part des colonisateurs belges d’inculquer les bonnes manières ; du moins est-ce le souvenir que le marqua ! Puis il passa aux mains des Dominicains et commença des études de théologie, cette fois-ci à Nairobi, au Tangaza College à Karen (voisin de l’Université catholique de l’Afrique de l’Est). Finalement, n’ayant guère d’appétit pour les spéculations théologiques, il n’est pas retenu par les Dominicains. Il fait alors de la Philosophie à l’Université de Nairobi.
Toutefois, Fulgence demeure préoccupé par la religion mais d’abord par une approche sociale qu’il considère comme un préalable indispensable : aider au développement car les gens ne peuvent pas s’ouvrir aux choses spirituelles s’ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts à la fin du mois. A la fin de 2000 et au début de 2001, il fonde un groupe qui deviendra l’Assemblée des chrétiens unitariens du Burundi (en reprenant le concept d’assemblée qui est une innovation des chrétiens unitariens français *).
* Ce terme est utilisé la première fois par les fondateurs de l’AFCU en février 1997, en référence avec au mot grec ekklesia qui signifie Eglise, une assemblée qui se tient régulièrement et qui délibère pour prendre ses décisions. Auparavant, c’est le terme d’association qui était utilisé (en France, avec la fondation de l’Association unitarienne française en juillet 1986 ; en Grande-Bretagne en 1991 avec l’Unitarian Christian Association) ou encore celui de Fraternité (en 1938 aux Etats-Unis avec l’Unitarian Christian Fellowship).
Trois ans plus tard, en décembre 2003, le groupe compte environ 50 personnes, principalement des jeunes d’origine protestante ou catholique et se réunit deux fois par mois chez l’un des membres ou dans une salle louée à un hôtel. Les échanges portent sur des textes bibliques, mais aussi sur des textes philosophiques (Kant, Kierkegaard, etc.). C’est alors que Fulgence prend contact avec les unitariens français par un message du 26 décembre 2003 :
« Mon cher Jean-Claude Barbier, mes salutations du Burundi. C'est avec plaisir en effet que j'ai vu sur le site le bon travail que tu fais d'amener les gens à se poser des questions et à s'exprimer notamment par la voie de "CORRESPONDANCE UNITARIENNE" *. J'avais toujours eu de la peine à trouver des unitariens qui parlent la langue de Voltaire, c'est donc un plaisir de vous savoir en France. J'ai commencé un groupe unitarien voici deux ans et nous serons heureux de partager avec vous nos expériences. J'espère te lire bientôt et d'avance et serais heureux de recevoir ton bulletin ».
* Les bulletins mensuels de la Correspondance unitarienne ont commencé à être publiés en octobre 2002 et ont été mis en ligne par le pasteur Pierre Bailleux sur le site de Profils de Libertés , jusqu’au n° 71, en septembre 2007 (lien) ; par la suite, La Besace des unitariens (lien) – à partir du n° 72, octobre 2007, prit le relais (Pierre Bailleux mourut en janvier 2008). En plus, quelques jeunes burundais, disposant d’une adresse électronique, reçurent aussi le bulletin.
A cette époque, avant le boom des Eglises évangéliques de réveil, le paysage religieux burundais était composé de catholiques, méthodistes, pentecôtistes, épiscopaliens (anglicans des Etats-Unis), baptistes, kimbanguistes et Témoins de Jéhovah. Courageusement, Fulgence N. lançait une nouvelle offre religieuse, celle d’une religion « libérale » : « Moi-même ancien membre d’une communauté religieuse catholique, c’est à la suite d’un certain malaise que j’ai décidé de changer et de chercher ma croissance spirituelle vers la religion libérale et j’avoue que je me trouve plus satisfait maintenant qu’avant » (son message du 27 décembre 2003).
En 2004 - F. Ndagijimana est venu en France en novembre sur un programme organisé par le réseau de la Correspondance unitarienne (CU). En voici le compte-rendu dans le bulletin de la CU, n° 38, décembre 2004 (lien) :
Fulgence Ndagijimana, président de l’ACUB, a séjourné en France, Espagne, Belgique et Hollande du 11 octobre au 6 novembre. Sa famille d’accueil, responsable du bon déroulement de son programme, a été celle de Mr et Mme Barbier, à Gradignan. Son programme s’est déroulé comme prévu.
- À Bordeaux : soirée de partage spirituel avec chrétiens unitariens et baha’is de Bordeaux (le 14 octobre), assistance à deux conférences universitaires (le 15), entretien (le 15) avec Christine Deslaurier, historienne de l’Institut de recherche pour le développement au Centre d’étude d’Afrique noire, spécialiste du Burundi.
- À Agde : journées du protestantisme libéral organisées par Evangile et Liberté (les 16 et 17), puis à Montpellier : entretien à la Faculté libre de théologie protestante de Montpellier avec le professeur André Gounelle et le pasteur Anani Kuadjovi, secrétaire exécutif de la Communauté d’Eglises en mission (CEVAA), puis travail documentaire à la bibliothèque de cette faculté (du 18 au 21).
- En Espagne : participation aux cérémonies de clôture de l’année Michel Servet à Zaragoza et à Villanueva de Sijena, les 22 et 23.
- À Marseille : assistance au culte de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) à l’occasion de son AG, le 24.
- À Reims : participation à la retraite organisée (du 29 au 30) par l’Unitarian Universalist Fellowship of Paris (UUFP) et l’European Unitarian Universalist (EUU). A Paris : entretien (le 1er novembre) avec le pasteur Pierre-Jean Ruff.
- À Lille : accueil (du 1er au 3) dans la famille de Jean-Marie Godillot, président de l’AFCU et entretien avec Ramola Sundram, coordinatrice du programme « Jeunes adultes » de l’International Association for Religious Freedom (IARF).
- À Bruxelles : rencontre (les 4 et 5) avec la Libre pensée chrétienne (LPC) et le Centre de recherche et d'informations sur les questions éthiques, théologiques et sociales : CRIQUETS, association éditrice des sites « Correspondance unitarienne » et « Profils de libertés » et accueil familial chez Pierre Bailleux.
- Puis à La Haye, chez un cousin à lui.
En 2005 – à l’occasion de la rencontre de l’International Council of Unitarians and Universalists (ICUU) à Montserrat, en Catalogne, du 4 au 11 novembre : transit par Paris dans une famille unitarienne-universaliste américaine, séjour dans la famille Barbier à Bordeaux du 12 au 18, puis aux Pays-Bas du 19 au 27. A noter la visite de Jean-Claude Barbier aux congressistes de l’ICUU (à Villanueva puis à Montserrat).
En 2006 – en transit à Paris pour se rendre à Cluj-Napoca (= Kolozsvar), pour le 2ème symposium de théologie organisé par l’ICUU, du 3 au 8 juillet 2006.
En 2007 - en novembre pour participer à la rencontre de l’International Council of Unitarians and Universalists (ICUU) à Oberwesel en novembre 2007 (transit par Paris, voyage Bordeaux-Oberwesel puis Oberwesel-Paris avec Jean-Claude Barbier).
L'envoi des bulletins de la Correspondance unitarienne a commencé à partir de décembre 2003, dès que la relation fut établie ; puis en 2004, il y eut mise en relation avec les mouvances protestantes libérales francophones à la suite d’une demande de documentation (1) : Evangile et Liberté (abonnement gratuit en 2004 à la demande l’AFCU), Théolib (abonnement payé par Jean-Claude Barbier), le site Profils de Libertés (Prolib) animé par le pasteur Pierre Bailleux (un article sur les chrétiens unitariens du Burundi sera publié sur ce site le 9 février 2004), et l'Association pour un Christianisme Libéral et Démocratique (ACDL) qui venait d’être lancé par le protestant David Dubois dans un esprit œcuménique. Egalement du côté des catholiques libéraux : Quelques nouvelles (le bulletin de la mouvance Marcel Légaut), et Jésus simplement (un réseau de la mouvance Marcel Légaut ne reconnaissant pas la divinité de Jésus et donc - de fait - de théologie unitarienne).
(1) « A propos des instances unitariennes internationales, nous sommes en contact avec tous les organes internationaux de l’UUisme. Le rév. Gordon Oliver de l’Afrique du Sud, qui se trouve être le président de l’ICUU (Le conseil international des Unitariens Universalistes) est un ami à moi. soutient notre groupe. Il nous a donné une bibliothèque de référence contenant beaucoup de livres (tous en Anglais) et nous sommes en contact avec nombre d’autres remarquables unitariens. La raison pour laquelle nous nous sommes tournés vers vous est que nous sommes un groupe francophone et aimerions nouer des liens avec des unitariens qui parlent cette langue. Oh hélas, nous ne sommes abonnés à aucune revue faute de moyens. J’ai eu connaissance d’ “ Evangile et liberté” en visitant Prolib l’autre jour. Si tu as un moyen à nous proposer pour avoir accès à ces sources, dites-le nous. Nous avions à un certain moment reçu le “ Global Chalice”, organe de ICUU mais cela s’est arrêté. ».
La mise à la disposition de l’ACUB des statuts de l’AFCU pour une couverture juridique a été faite en novembre 2005 à la suite d'une AG de l'AFCU, confirmée ensuite par son Conseil d'administration. En voici le texte :
Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU), association loi 1901, fondée en 1996 et ayant eu Théodore Monod comme premier président d'honneur, siège social : s/c Jean-Pierre Babin.
Jean-Pierre Babin, président de l'AFCU à Fulgence Ndagijimana, président de l'Assemblée des chrétiens unitariens du Burundi (ACUB), B.P. 2585 Bujumbura, Burundi (Afrique centrale), Nantes, le 1er novembre 2005
Cher Ami, Je suis très heureux de vous faire savoir que, à la suite de notre assemblée générale extraordinaire des 15-16 octobre, notre conseil d'administration, en sa séance du 30 octobre, a entériné l'accord qui avait été conclu entre vous et notre bureau, à savoir :
1° - votre association a le droit d'utiliser nos statuts et de se présenter comme "groupe local" de l'AFCU, tout en gardant sa propre dénomination, son mode de fonctionnement et le choix de ses activités. L'AFCU a été déclarée à la préfecture des Alpes de Haute Provence, à Digne, le 5 février 1997 conformément à la loi de 1901 sur les associations.
2° - vous avez à choisir en votre sein un trésorier adjoint de l'AFCU qui prélèvera les cotisations annuelles selon le tarif décidé en assemblée générale. Les cotisants seront membres de l'AFCU et auront le droit de voter par correspondance dans le cadre de nos AG. Chaque nouvel adhérent doit impérativement faire parvenir au trésorier de l'AFCU une attestation de son accord avec les statuts afin d'être enregistré. Conformément à nos statuts, un minimum de 5 adhérents vous donne le droit d'avoir un représentant de votre association au conseil d'administration de l'AFCU.
3° - Le trésorier adjoint gère le budget ainsi obtenu indépendamment des autres ressources propres à votre association. Il le gère en gardant l'argent obtenu sur place et en l'utilisant pour vos propres besoins. Il envoie un rapport annuel au trésorier (rapport qui est une obligation statutaire tous les deux ans).
Nous vous assurons de notre entière fraternité, au nom de Jésus qui nous réunit tous et sous la bénédiction de Dieu.
pour l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens, le président,
pour l’Assemblée des chrétiens unitariens du Burundi, le président,
Ce type de partenariat servira aussi au Congo Brazzaville (ACUC), aux chrétiens unitariens italiens (CICU), et aux Congo-Kinshasa (Lisanga). Dans le cas du Burundi, l'ACUB reçut son agrément officiel le 28 septembre 2011 après avoir construit en dur son église et n'a donc plus besoin des statuts de l'AFCU.
C'est dans le cadre de ce partenariat qu'il y eut ouverture d’un site hébergé par celui de l’AFCU, lien ; le premier article sera publié le 27 juin 2008.
En plus de ses relations avec les chrétiens unitariens français, Fulgence Ndagijimana, du fait de sa maîtrise de l’anglais, put établir très tôt de bonnes relations avec les unitariens anglophones. Il eut un contact avec un pasteur du Nigeria, mais malheureusement sans lendemain. Ce fut avec le révérend sud-africain Gordon Oliver, alors président de l’International Council of Unitarians and Universalists (ICUU), qu’une relation solide put très tôt s’établir ; également avec le pasteur américain Forrest Church (lien) qui fut ministre jusqu’en 2006 de l’Eglise unitarienne « All Souls » (Toutes les âmes) à New-York (dans le centre ville). Diplômé de l’Université de Stanford et de la Harvard Divinity School, ce dernier s’était spécialisé dans l’histoire des débuts du christianisme. Il fut l’auteur d’une vingtaine d’ouvrage et orateur réputé ; il est mort le 24 septembre 2009. Il avait envoyé une trentaine de ses livres à la communauté naissante du Burundi.
Au début, il n'avait pas lui-même d’ordinateur et c’est sur son lieu de travail qu'il pouvait se relier à l’étranger à raison de 30 minutes par jour après ses heures de travail au sein d'ONG basées à Bujumbura (il est actuellement gérant de programmes à la Christian Outreach relief and development CORD). Dès 2004 il lance la Fondation «Afrique Espoir» afin d’aider les enfants et les personnes atteints du sida. Il trouve de l’aide auprès d’une ONG néerlandaise (qu’il visite en novembre 2005) et surtout auprès des congrégations unitariennes-universalistes américaines (plusieurs déplacements aux Etats-Unis et, en 2013, au Canada).
Pour pallier à ses absences, il a, très tôt, su confier les prédications à d’autres membres de sa jeune communauté (laquelle se réunissait deux fois par mois). Cela a été possible car celle-ci est composée en partie d’étudiants et de jeunes cadres ; il a mis sur pied un comité exécutif (« Nous avons un président, un vice président qui est en même temps trésorier, un chargé des projets et un chargé des relations publiques et une dame chargée de l'éducation religieuse avec un vice président »). « Mon absence n'est pas synonyme de paralysie même une longue absence serait, à mon sens surmontable » (son message du 21 juin 2004).
A cette époque, l’ICUU veut promouvoir l’unitarisme en Afrique et avait mis sur pied une « task force » [groupe de travail sur l’Afrique] laquelle était composée entre autres par Yielbonzie Johnson (un Noir Américain), Elizabeth Breedlove (une Brittanique à Barcelone), et le révérend Gordon Oliver. De nouveaux groupes étaient apparus au Kenya, Ouganda et Congo-Brazzaville. G. Oliver, en sa qualité de président de l’ICUU, les visita en avril 2005, puis William Skinford en sa qualité de président de l’Unitarian Universalist Association of Congrégations (UUA) des Etats-Unis.
Le Burundi fut reconnu comme groupe émergent en avril 2005, et devint, après le Nigeria et l’Afrique du Sud (membres fondateurs) le 3ème pays africains à être membre entier de ce réseau mondial. Fulgence Ndagijimana fait partie du bureau exécutif depuis la rencontre des Philippines en février 2012. Plusieurs fois reçu dans les congrégations unitariennes-universalistes des Etats-Unis, il eut l’occasion en mai 2013 d’être reçu aussi au Canada, à Montréal, dans l'Atlanta et à Toronto (où il participa à la rencontre annuelle des ministres canadiens du culte unitarien). Ici, en compagnie du ministre du culte de la First Unitarian Congregation of Toronto après avoir été invité à présider le culte.
Il y apporte une voix africaine, le soucis de mieux organiser l’aide aux communautés émergentes de son continent (d’où la fondation en août 2011, à son initiative, de l’Association unitarienne francophone africaine AUFA, lien) et son soucis de promouvoir une religion humaniste, caritative et sociale. Pour mars 2006, il avait rédigé cette méditation mondiale dans le cadre du programme « Chalice ligtining” qui témoignage bien de sa spiritualité : Nous allumons cette flamme pour les victimes des catastrophes humaines et naturelles :
- pour les malades du Sida qui ploient sous le poids de la stigmatisation et l’incompréhension des voisins et de la famille ;
- pour les victimes de la famine dont ces enfants aux corps émaciés qui ne savent à qui donner de la tête.
- pour les personnes blessées par la séparation au sein des couples notamment les enfants.
- pour les déplacés et les réfugiés des nombreuses guerres qui font ravages dans de nombreuses régions du monde et qui sont au seuil du désespoir.
- pour les victimes des catastrophes causées par la cupidité humaine dont le réchauffement planétaire n’est que l’une des manifestations.
Nous allumons aussi cette flamme en signe de gratitude pour l’amour, l’attention et la solidarité dont les hommes et les femmes sont capables au milieu de ces terribles tragédies.
C'est ce que nous dit ce récent n° de la revue "Parvis" de la Fédération des réseaux du Parvis, dans sa livraison n° 59, septembre 2013 : "Humaniser le monde au-delà des religions". Pour acheter ce n° (lien).
Éditorial de Jean-Marie Kohler
Ne vivre sur terre que pour gagner le ciel, telle a été l’inhumaine obsession de beaucoup de chrétiens durant des siècles. Exilés dans la « vallée des larmes » assignée à l’humanité après l’expulsion de l’Éden, ils devaient se vouer corps et âme à la religion pour échapper au mal omniprésent et à la damnation. Comme le fruit défendu, les plaisirs terrestres véhiculaient le péché et la mort. L’unique voie menant à la félicité éternelle passait par le renoncement aux biens du monde sous la férule de l’Église. Terrifiante aliénation ! La rédemption par le sang de Jésus-Christ donnait certes accès au salut ; mais « après » et « là-haut » seulement.
L’Évangile avait pourtant anticipé le ciel sur la terre en annonçant que le Royaume de Dieu se réalise parmi les hommes dès que la bonté l’emporte sur l’indifférence et la haine, dès que la vérité l’emporte sur le mensonge. Et, incroyable miracle, le mal et la mort ont à jamais été vaincus sur le Golgotha par la puissance de l’amour. Même dans les épreuves et les larmes, les Béatitudes du Sermon sur la Montagne invitent à vivre heureux. Dieu n’est pas à chercher dans les cieux, mais parmi les humbles à nos côtés. Actualisant la résurrection, le « Corps du Christ » se construit au fil de l’histoire des hommes. C’est là que germe notre éternité.
Tributaires du monde, les Églises sont écartelées entre leurs idéaux universels et les contraintes qui les enserrent. Leurs valeurs ne peuvent s’incarner que de façon imparfaite et transitoire. S’ajoutent à cela les contradictions inhérentes aux stratégies politico-religieuses de conquête et de domination. La proclamation de l’égale dignité de tous les hommes par le christianisme n’a pas empêché cette religion d’être plus proche des puissants que des petits, ni de couvrir à son profit bien des crimes commis par les premiers. Et les ambiguïtés des autres religions ne sont pas moindres, ni leur violence quand leurs intérêts sont en jeu.
Il n’y a pas de monopole de la vérité et du salut, mais chaque religion offre des chemins pour s’en approcher. Alors que la modernité récuse l’archaïque dieu Tout-Puissant, les religions qui en ont fait leur idole et l’assise de leur pouvoir se découvrent orphelines et obligées de se dépasser. Inévitable et douloureux exode ! Comment avancer vers des horizons nouveaux en restant fidèle à l’essentiel transmis par le passé ? Comment, sans renier la transcendance nommée Dieu ou autrement, quitter les images obsolètes du divin ? Comment, dans notre société sécularisée et pluraliste, promouvoir l’homme sans l’idolâtrer ?
Par delà les légitimes particularités identitaires des religions se profile, aube d’une possible mondialisation éthique et spirituelle, un humanisme métis à la fois universaliste et pluriel, tissé du meilleur des philosophies et des religions passées et actuelles. Congédiant les faux dieux et les prétentions des peuples élus, l’humanité a vocation à se libérer des avatars profanes du Veau d’or qui la gangrènent, à lutter pour la justice et de la paix, et à s’enrichir de toutes les cultures. « Bonne nouvelle », rêve de Dieu ou rêve de l’homme seulement, le combat pour l’humanisation du monde revêt aujourd’hui une dimension spirituelle et politique inédite.
Sommaire des articles du dossier par Lucienne Gouguenheim
Humaniser le monde peut sembler un projet inaccessible, tant sont puissantes les forces de domination, d'aliénation et de destruction, mais la foi peut renverser des montagnes et c'est elle que ce dossier interroge. Foi en la vie et en l'être humain dont, au-delà de leurs particularismes, les religions sont porteuses par les intuitions qui les fondent, et que partagent les spiritualités agnostiques ou athées. L'interdépendance devant les dangers appelle en retour une capacité de résistance et d'invention solidaires.
Une « bonne nouvelle » pour tous les hommes - Du particulier vers l’universel sans rien renier (Jean-Marie Kohler). L’inspiration fondatrice de la primauté de l’amour qui est à la source de toutes les spiritualités et de tous les humanismes peut transcender la diversité des doctrines. Le temps est venu de l’entendre à neuf, comme bonne nouvelle pour tous les hommes dans l’environnement contemporain tel qu’il est. L’humanisation du monde repose sur une foi commune en la vie et en l’homme dont nulle religion ne peut embrasser le mystère mais qui n’en exclut aucune. Une foi qui, tout en étant toujours particulière, vibre au diapason de tout ce qui est humain et divin dans le monde.
Le monde de demain, s’il ne s’est pas autodétruit, sera tout autre (Françoise Gaudeul et Lucienne Gouguenheim). Tout est là pour prédire une issue catastrophique à l’immensité des périls actuels… Quel sursaut pourrait nous en sauver ? La multitude d'initiatives créatrices locales est le vivier du futur, mais il leur manque de se conjuguer pour être capables d’imposer « un autre monde ». Un exemple de projet fédérateur est la mise en forme d'une transition écologique, fondé sur les économies d’énergie, que propose Gaël Giraud ; il nécessiterait pour se réaliser une modification profonde du mode de fonctionnement de l’Union européenne, fondée non plus sur le dogme de la compétition et du libre-échange, mais sur la solidarité.
Rencontre avec une lectrice (Bernadette Santiano). Un exemple des échanges suscités par la lecture de la revue, au sein d'un groupe constitué autour d'elle, et des témoignages que celle-ci suscite. Economies d'énergie, mariage et amour, vivre ensemble : « humaniser le monde commence par apprendre à se tolérer, à s’écouter et à prendre ensemble les décisions dans l’intérêt de tous ».
La théologie de la libération : un paradigme universel de civilisation ? (Jean-Paul Blatz) Alors que le non-respect des droits humains et la misère matérielle poussent des foules de personnes à manifester contre les injustices sociales et l'absence de démocratie, la théologie de la libération ne pourrait-elle pas, comme l'Evangile lui-même, mais sous des formes nouvelles, être proposée à toutes les femmes et tous les hommes qui aspirent à la justice et à la paix, au-delà de leurs religions ou croyances ?
La Fondation pour une éthique planétaire (Anthony Favier) La Fondation Hans Küng part de l’idée qu’il existe déjà parmi les religions un consensus minimal sur des valeurs contraignantes, des normes irrévocables et des attitudes morales essentielles, capables de fonder une éthique planétaire. Quatre principes la structurent : l’engagement en faveur de la culture de la non-violence : l’élaboration d’une économie juste où la répartition des richesses doit être questionnée alors que la pauvreté est patente ; la culture de tolérance ; l’égalité et le partenariat homme femme.
Foi, religion, chemins d’humanisation (Georges Heichelberg) Confrontée aux valeurs et aux attitudes contemporaines, la proposition chrétienne ne peut revendiquer ni privilège ni dispense sauf à se vouer elle-même au musée des idées mortes. Pour le christianisme, l’attitude religieuse, le ritualisme devraient être seconds par rapport à son souci d’humanité.
Perspectives d’un renouveau spirituel à l’ère de la mondialisation (Jean-Baptiste de Foucauld) Mises en concurrence par la mondialisation, les religions vont-elles devenir l’une des drogues du marché ? Il est temps pour elles de reconnaître les doubles dimensions – que chacune possède, de manière plus ou moins apparente – des voies d’accès au divin : immanence ou transcendance, par relation directe ou par la médiation d’une institution, d’un livre ou d’un culte, par la contemplation ou dans l’action. Si l’on dépasse ces clivages dans une compréhension commune, le caractère lumineux des religions vécues l’emportera sur leur face obscure et violente et elles pourront devenir factrices de paix et non de conflit et apporter aux démocraties, tout en les respectant, la dimension verticale qui leur manque.
La spiritualisation et l’humanisation de l’Homme sans l’aide des religions (Michel May). Les recherches actuelles en milieu musulman, menées sous l’impulsion de la « Nahda » – la Renaissance arabe – portent un souffle religieux visant essentiellement la fraternité humaine (Kalil Gibran), ou la prévision de la fin de la prise en charge de la vie spirituelle des êtres humains par la religion (Abdennour Bidar) ; la modernité serait le moment où Dieu se retire, parce que l’Homme est devenu capable de se guider tout seul dans le monde (Mohamed Iqbal).
A partir d'un patrimoine spirituel fragmenté, construire la « maison commune » de l'humanité ? (Jean-Bernard Jolly) L'aliénation de l’homme contemporain, réduit à des besoins formatés dans la société marchande, touche la reconnaissance même de sa réalité proprement humaine. La foi dans le devenir de l'homme, à travers la promotion de ses droits et de ses aspirations face à l’amour et à la mort, est partagée par toutes sortes de spiritualités, y compris athées ou agnostiques. Ces différents efforts vont dans le sens d’une tâche commune dont un élément déterminant est l’apprentissage du vivre ensemble. Ils cherchent à construire la « maison commune » de l’humanité, consciente de son interdépendance et des risques mortels qu’elle court aujourd’hui à rester divisée.
Une interpellation de Jean-Claude Lacaze, océanographe biologiste, auteur de « Le christianisme face à la crise écologique mondiale » publié en 2009 à Paris aux éditions L’Harmattan, 168 p. ( lien) *.
* présentation du livre par l'éditeur : La crise écologique mondiale est aujourd'hui trop profonde pour être résolue par de seules solutions scientifiques ou économiques. La reconquête d'une dimension spirituelle semble être le seul contre-pouvoir à notre société techno-économique. Le christianisme, porté par les poussées "mondialisantes", doit poursuivre les transformations commencées depuis Vatican II, surmonter les blocages dogmatiques, se réapproprier le message christique, et développer une vision chrétienne de l'écologie.
Lettre du 23 août 2013 adressée à Jean-Claude Barbier (en sa qualité de secrétaire général de l'AFCU).
Retraité du Muséum d’histoire naturelle, j’ai eu le privilège de connaître Théodore Monod et partager pour une bonne part sa spiritualité. Océanographe biologiste, spécialisé dans le domaine des pollutions marines, je suis comme lui très sensible à la nature et à la protection animale.
Ce qui saute aux yeux, à ce sujet, est que TOUTES les Eglises chrétiennes, l’unitarisme compris, ont oublié la nature ; celle-ci se rappelle à nous avec la crise écologique. Pourtant les questions de Dieu, de l’expérience spirituelle et de l’engagement éthique sont directement liées aujourd’hui à l’écologie, à la cause environnementale. C’est aussi un champ missionnaire immense …
L’unitarisme, à juste raison, revendique le retour au christianisme primitif, à la pure religion de Jésus (avant les ajouts intéressés des Eglises) ; on peut donc, à partir de ce socle, (re)construire autrement le christianisme, un christianisme où la nature (l’écologie) aurait toute sa place. C’est la première étape d’une refondation.
L’homme est aussi la nature nous dit aujourd’hui la science. Une éco-spiritualité s’impose d’urgence. Il me semble que c’est dans cette voie que l’unitarisme (un unitarisme qui s’aperçoit que la nature existe, qui comprend qu’elle doit intégrer nos cultures, bref un unitarisme écologisé, éco-spiritualisé, pro-nature) doit se développer alors que les Eglises traditionnelles empêtrées dans les dogmes et la « traditionnite » sont incapables de se repenser. C’était me semble-t-il l’engagement de Théodore Monod. Sans cet engagement, l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) est et restera inaudible.
Une liturgie dictée par les grands mystiques chrétiens pro-nature (François d’Assise et son Cantique des créatures, Teilhard de Chardin et sa Messe sur le monde*, Théodore Monod et ses prêches) peut aller dans ce sens. En ce début du XXIème siècle, l’élargissement de l’altruisme christique à la totalité de notre biosphère devrait être, me semble-t-il, notre guide, un cheminement vers une civilisation de l’empathie.
* texte de lui ( lien), musique de l’organiste François Clément, 1923 (sur Youtube),
Pour information :
Du côté de l’unitarisme francophone, voir la rubrique « la défense des animaux » dans les Actualités unitariennes (lien) avec 15 articles à ce jour sur la tauromachie (les jeux taurins peuvent remplacer la corrida !), les espèces à protéger, la protection des élevages face à la réintroduction des loups et des ours, la viande halal et casher et la notion de nourritures « impures », etc. Voir aussi de nombreux numéros de la Correspondance unitarienne (1). Avec la DUR, l’unitarisme allemand est très branché sur l’écologie. Aux Etats-Unis, les unitariens-universalistes ont coopté Darwin (de famille unitarienne, mais lui-même a décrocha de la religion à cause du récit de la Création dans la Genèse qui, à son époque, était lue d’une façon littérale) et, dans leurs « principes » se réfèrent au mystère de la Vie et au respect de l’environnement.
(1) Les bulletins de la Correspondance unitarienne sont mis en ligne sur notre site documentaire de La Besace des unitariens (lien) et sur le site de Profils de libertés pour les bulletins antérieurs au n° 72 (lien) ; pour un accès direct aux sommaires (lien), lesquels indiquent pour chaque article le lieu où il a été publié.
n° 129, juillet 2013, Baruch Spinoza (1632-1677), dont l’article de Jean-Claude Barbier : « La fin du tout pour l’Homme » ; et le libre propos d’Eric Agier « La communion cosmique ».
n° 127, mai 2013, « Charles-Henri Matile : un homme de la terre », par Jean-Claude Barbier ; « Les vertus de la vie paysanne » reproduction d’une texte de Marcel Légaut
n° 120, octobre 2012, « Théodore Monod, unitarien jusqu’où ? », par Jean-Claude Barbier (avec une notice bibliographique)
n° 118, août 2012, « Croyances : quelles croyances ? », par Jean-Claude Barbier (la compatibilité avec les connaissances scientifiques)
n° 112, février 2012, « Une religion laïque est-elle possible ? », par Jean-Pierre Babin ; « Terre-Mère : une religion pour écologistes » (libre propos sur Facebook).
n° 114, avril 2012, « Faut-il abandonner la main de Dieu ? », par Jean-Claude Barbier (critique de la théologie providentialiste)
n° 109, novembre 2011, « L’unitarisme américain est-il un romantisme ? » par Richard Brodesky
n° 105, juillet 2010, « Aimer à en perdre la raison : ma relation avec l’argile », par Richard Brodesky
n° 93, juillet 2009, « La jubilation sensorielle dans l’amour de Dieu », par Eric Agier
n° 58, août 2006, « Albert Schweitzer et Théodore Monod : la compassion chrétienne vis-à-vis des animaux », par Jean Nakos
n° 22, août 2003, « Quel langage pour l’unitarisme ? » un débat ouvert par le révérend William G. Sinkford en sa qualité de président de l’Unitarian Universalist Association (UUA) of Congregations (Etats-Unis) ? Un langage de révérence pour parler du religieux, de la vie.
Tout le monde veut s’appeler évangélique ! Est-ce pour nous rappeler que, pour tout bon chrétien, l’Evangile est la référence fondamentale ? Pourquoi certains chrétiens veulent-ils s’accaparer dénominationnellement cette référence qui, en principe, est partagée par tous les chrétiens du monde entier ? Veulent-ils nous dire qu’ils sont meilleurs chrétiens que les autres ? ou encore les seuls chrétiens ?
Cela semble avoir commencé par les luthériens au XVIème siècle, pour se démarquer des catholiques qui, selon Luther, avait trahi les textes. Leur théologie est luthérienne, mais leurs Eglises se dénomment officiellement « Eglises évangéliques luthériennes », sinon « évangéliques » tout court dans la pratique. Par contre les fédérations se disent luthériennes. Pour les historiens, on dit « Églises de la Confession d'Augsbourg ».
Puis, il y eut, au XIXème siècle, une réaction conservatrice de protestants réformés (donc cette fois-ci de tradition calviniste) qui s’affichèrent comme « évangéliques » par opposition au protestantisme libéral. En France, l'Union des Églises évangéliques libres (UEEL) est créée en 1849, dans l'affirmation de l'attachement à la Réforme et dans le refus de toute emprise de l'État sur son organisation et ses activités (refus d'un Concordat). Elle n'a pas souhaité faire partie de l'Église réformée de France (ERF), lors de la création de cette instance en 1938. Confédérée à la Fédération des Églises évangéliques baptistes de France (depuis 1987) et à la Fédération internationale des Églises évangéliques libres, l'UEEL fut membre fondateur de la Fédération protestante de France en 1905, lui fournissant d'ailleurs, en la personne d'Édouard Gruner, son premier président (1905-1927). Elle s'en est éloignée au début des années soixante, mais y est revenue en 1996 (lien) et Claude Baty, libriste, en est l’actuel président depuis 2007. Cette mouvance a formé ses pasteurs soit à la Faculté libre de théologie réformée d'Aix en Provence (dite maintenant « protestante et évangélique » et qui, a adopté le nom de Jean Calvin à son fronton), soit à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine. Attention ! Encore faut-il vérifier chaque cas ! par exemple, les Réformés du canton de Vaud en Suisse ont une Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) où les libéraux sont actifs (1). Du côté des luthériens, on a aussi assisté à la même réaction anti-libérale, mais la dénomination « évangélique » étant déjà prise, cela a donné l'Église évangélique luthérienne - Synode de France et de Belgique (EEL-SFB).
(1) ajout de Pascal Acker, à réception de ce texte - en fait la plupart des Eglises réformées de Suisse (22 sur les 25 Eglises cantonales que compte la Fédération des Eglises protestantes de Suisse) ont adopté cette dénomination dès le début du XVIème siècle (lien).
Au XIXème siècle, le pentecôtisme a connu un développement international à partir des Etats-Unis et on le retrouve sous des appellations très diverses dont des Eglises indépendantes qui se disent « évangéliques » et dans les mouvements charismatiques au sein de l’Eglise catholique. Sociologiquement on peut parler d’une mouvance pentecôtiste parfaitement cohérente dans son contenu et son style.
Mais bien au-delà de la mystique pentecôtiste et de ses effets physiques sur les personnes qui y adhèrent, une dernière vague « évangélique » d'un autre style représente un christianisme conservateur, voire réactionnaire, plus politisé, assurément dogmatique, plutôt rationnel à partir d'argumentaires bibliques, très rodé pour les effets de scène et les manipulations de foules, les manifestations de rue aussi, mais aussi très social et travaillant dans la proximité (dans la rubrique « le christianisme évangélique » de nos Etudes unitariennes, nous avons avancé le concept d’Eglises évangéliques indépendantes afin de les distinguer des Eglises protestantes qui se rattachent à une confession historique, Eglises pentecôtistes incluses) (lien). La carte ci-jointe donne le nombre d'Eglises indépendantes de dénomination "évangélique" par département en France.
Sans compter bien entendu, au gré des siècles, les mouvements de Réveil qui, par définition, prétendent secouer l’inertie et la foi attiédie des autres Eglises !
Entre pureté nostalgique d’un retour aux sources et pesanteurs de l’histoire, il en résulte un qualificatif tellement polysémique qu’il n’a plus grand sens de prime abord. Il faut nécessairement resituer l’Eglise qui s’en affuble dans son contexte historique afin d’en comprendre le pourquoi.
Une aubaine pour les Eglises protestantes luthériennes ou réformées (ou « unies » comme en Belgique avec l’EPUB et en France avec l’EPUdF) qui souhaitent renflouer leurs rangs en s’ouvrant à ces chrétiens qui se disent protestants d’une façon générale mais qui n’ont pas de filiation avec les Réformes protestantes du XVIème siècle. Pour les chrétiens progressistes, ils inspirent indéniablement de la méfiance quant à l’utilisation incantatoire des textes sacrés, idem au niveau politique au regard de l’évolution des mœurs, et une certaine rigidité militante proclamant l’Evangile d’une façon littérale et dogmatique, bref, un mot complètement plombé ! Ceci dit, il ne convient pas d’enfermer une personne dans une catégorie, dans une appartenance dénominationnelle, mais de la percevoir dans un itinéraire religieux et spirituel pouvant être complexe et dans sa propre pratique. Aux Etats-Unis, des évangéliques réagissent eux-mêmes contre la politisation droitière des milieux évangélicaux et se déclarent « évangéliques libéraux » …