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Jean-Claude Barbier, membre permanent du conseil d'administration de l'AFCU, adresse

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19 mars 2007 1 19 /03 /mars /2007 00:00

Il y a dépassement ou élargissement d’un mouvement précédent, reprise de son corpus mais qui est désormais resitué dans une nouvelle perspective, sans toutefois que cela implique sa négation.

L’islam conserve les figures de Moïse et de Jésus, se réapproprie celle d’Abraham, et se centre sur celle de Muhammad ; à l’origine il fut un mouvement post-chrétien.

Le révérend Moon, arguant de l’échec des missions de Jean le Baptiste (qui s’est fait bêtement coupé la tête) et de Jésus le Christ (qui n’a pas su fonder une famille et se concilier les élites de son époque), se présente comme la nouvelle figure messianique (avec sa femme, la nouvelle Eve) chargée de restaurer le lien avec notre Créateur, lequel lien aurait été rompu comme chacun sait lors de la Chute.

Au sein d’une religion, le post-confessionnalisme vise un dépassement des appartenances pour valoriser ce qui est essentiel et commun à tous les croyants concernés (voir " Le christianisme post-confessionnel " http://prolib.net/chroniques/201.050120.xsmeconf.barbier.htm).

Il est distinct de l’œcuménisme qui en reste à une négociation entre les diverses confessions pour arriver à une inter-communion ou encore pour retrouver une unité perdue (version catholique).

Il ne préconise pas la sortie de la religion concernée comme le fait par exemple le post-christianisme.

L’unitarisme post-chrétien (représenté en France par la Fraternelle unitarienne, voir nos Actualités unitariennes du 13 février) dure tant que les problématiques débattues et les cérémonies restent d’inspiration chrétienne (voir " Christianisme d’ouverture et post-christianisme : faut-il inviter les autres à faire partie de nos communautés chrétiennes " dans la Correspondance unitarienne du mois de mars 2007, http://prolib.net/unit/cu065.ouverture.jcb.htm )

Mais on ne peut plus parler de post-christianisme lorsqu’il y a eu carrément largage du corpus originel comme dans le cas de l’unitarisme-universalisme. Il s’agit là d’un nouveau mouvement à part entière, vécu comme une nouvelle religion, tout à fait indépendant au niveau des croyances ou du moins se voulant comme tel, seule une filiation historique le reliant encore à l’unitarisme.

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19 mars 2007 1 19 /03 /mars /2007 00:00

Ce préfixe marque à la fois la résurgence d’un mouvement ancien et son adaptation au contexte d’une autre époque. Il y a une continuité revendiquée, mais en même temps une différence suffisante pour qu’on puisse présenter ce mouvement comme " nouveau ".

Les néo-ébionites (présentés dans nos " Actualités unitariennes " du 13 février) se réfèrent aux ébionites du 1er siècle et en assument l’héritage spirituel, mais il y a eu revitalisme après une longue discontinuité. Des historiens * ont pu, légitimement, se demander s’il fallait qualifier le protestantisme libéral de " néo-protestantisme " tant est grande la distance prise par rapport aux fondateurs Luther et Calvin.

* voir par exemple Elisabeth Labrousse (Théolib n° 3, année I, 3ème trimestre 1998)

Le néo-paganisme sous-entend que les rites anciens ont été perdus dans leur détail et qu’ils sont réinventés.

Il peut y avoir une tendance facile à qualifier de "néo" lorsqu'il y a simplement ajout d'un ou plusieurs traits nouveaux à un corpus existant.

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19 mars 2007 1 19 /03 /mars /2007 00:00

Dès lors que, de plus en plus, les gens mettent le nez hors de leur boutique religieuse et se hasardent à prendre contact avec d'autres mouvements dont de tout nouveau , il est important de clarifier le positionnement des divers champs religieux les uns par rapport aux autres. Nous ouvrons en conséquence une " catégorie " qui donnera des définitions afin de mieux nous aider à comprendre le vocabulaire rencontré.

Nous défendons ici les identités et la militance, ce qui n'empêche nullement l'ouverture aux autres. Nous sommes en démocratie et les choix sont parfaitement légitimes dès lors qu'ils s'appuient sur la raison, le coeur et l?intelligence et ne sont pas des égoïsmes ni des totalitarismes. Mieux, c'est par notre tradition, notre patrimoine, par ce que nous sommes que nous pouvons mieux dialoguer avec les autres.

Les flous artistiques, le confusionnisme, le tout est dans tout, les grands écarts, la tolérance tout azimut et inconditionnelle, le manque de discernement ne sont pas ici conseillés. Si nous avons des convictions, il nous revient de les énoncer en toute clarté.

Ce soucis de précision, qui nous semble particulièrement nécessaire à une époque des vases communiquants, justifie ici l'ouverture d'une rubrique nouvelle relative au vocabulaire (voir nos " catégories ")

l'illustration est une vue partielle de la couverture du livre de Michel Théron " Théologie buissonnière " (voir " Michel Théron, agnostique de culture chrétienne " dans nos Actualités unitariennes du 17 mars)

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19 mars 2007 1 19 /03 /mars /2007 00:00

Les relations au sein d’un même ensemble, peuvent utiliser ce préfixe afin de mettre l’accent sur la réciprocité et la généralisation (au-delà de seule relations bilatérales).

Les relations sont inter-confessionnelles lorsqu’on reste au sein d’un même champ religieux, inter-religieuses si elles mettent en présence des mouvements de plusieurs religions, inter-convictionnelles si elles s’élargissent à des mouvements idéologiques non-religieux, interrégionales si elles mettent en jeu des territoires voisins, internationales si elles concernent plusieurs nations au-delà d’une proximité géographique, etc.

Le Réseau européen Eglises et Libertés (RE), correspondant à la mouvance catholique libérale, s’est engagé, en relation avec le Conseil européen, dans un dialogue inter-convictionnel avec des mouvements laïcs et humanistes (voir " Manifeste européen d’Eglises et libertés ", dans nos Actualités unitariennes du 18 février).

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19 mars 2007 1 19 /03 /mars /2007 00:00

Cet élément marque l’antériorité. Nous avons ainsi, avant que Martin Luther n’affiche ses propositions de réformes en 1517, des " pré-réformateurs ".

Mais attention ! selon l’angle de l’analyse, on peut tout aussi bien penser que les Vaudois, les Lollards et les Hussites, par exemple, ont été, sur de nombreux points, plus pertinents que le Grand réformateur sus nommé. Cette notion d’antériorité peut donc conduire à des raccourcis, voir à des réductions partisanes. Jean-le-Baptiste, pour les chrétiens, serait le précurseur de Iéshoua ; mais il est d’abord lui-même !

De même, les mouvements ont tendance à se situer dans la lignée avec d’autres mouvements antérieurs afin de se donner une légitimité historique, par exemple les unitariens citent volontiers les éboniens du 1er siècle (qui pourtant ne brillaient guère pour leur ouverture aux non-juifs !). Il y a ainsi des récupérations idéologiques !

Les pré – (avant) sont le pendant des post – (après).

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15 mars 2007 4 15 /03 /mars /2007 09:43

Datant du début du VIII° s, le calice d’Ardagh fut enfoui en terre pour échapper aux rapines et ne fut découvert qu’en septembre 1865, d’une façon tout à fait fortuite, en bêchant un jardin pour y planter des pommes de terre ! Ardagh est en Irlande, dans le comté du Kerry. Ce calice est fabriqué en métaux (bronze, argent et or) selon les normes de l’orfèvrerie celte. Il témoigne du christianisme celte lorsque celui-ci n’avait pas encore été " régularisé " par Rome.

En effet, contrairement à l’épopée semi-légendaire du missionnaire Patrick, le christianisme s’est diffusé en Irlande par osmose à partir des terres déjà chrétiennes : l’Angleterre (touchée par le christianisme deux siècles plus tôt) et le littoral des terres franques. L'évangélisation s’est faite par le " haut ", à savoir par les familles royales, celle des druides et celle des troubadours. Ce sont les rejetons de ces familles qu’on retrouve comme fondateurs de monastères (saint Ciaran, à Clonmacnoise, saint Kevin à Glendalough, saint Comball à Bangor, saint Colomba à Derry et Durrow, etc.).

vue du calice avec ses deux anses. La première photo est prise sur la décoration de celles-ci en premier plan et en présente un extrait 

Elle s’est appuyée principalement sur des monastères qui en quelque sorte reprenaient l’organisation druidique antérieure en y changeant le contenu, réunissant intra-muros des érudits, des savants, des artistes en de hauts lieux déjà fréquentés par les druides (le site des premiers oratoires était souvent des îles ou des sources sacrées). Au sein de ses monastères, les moines se consacraient aux enluminures bibliques comme en témoigne le livre de Durrow (milieu du VII° s.) et celui de Kells (fin VIII°s.) et aux travaux d’orfèvrerie. Ils reprenaient volontiers les motifs de décoration coutumiers. Il y avait bel et bien conversion au christianisme, signe de la modernité des temps de l’époque et des relations avec les peuples les plus riches, mais en douceur et sans rejet culturel brutal. C'est ainsi, par exemple, que la grande fête celtique de Samain (l’Halloween des Américains), le 1er novembre, est devenue la Toussaint et la fête des morts.

En 431, Rome envoie un certain Palladium comme évêque pour les Irlandais " croyant dans le Christ ", in Christum credentes. Puis Patrick l’année suivante. Le modèle voulu par Rome est assurément épiscopal comme le montre la création de l’évêché d’Armagh vers 445.

voir dans nos Actualités unitariennes, notre présentation de saint Patrick le 11 mars (" Les unitariens et le trèfle de saint Patrick ", " Saint Patrick : les serpents à la mer ")

Mais Rome est loin, coupée de l’Irlande par des pays parfois en guerre et qui ont leur indépendance, si bien que c’est la forme du monachisme qui va se développer dans l’île aux VI° et VII° siècles. Celle-ci est décentralisée puisque les monastères sont indépendants les uns vis-à-vis des autres et deviennent les véritables centres de la vie religieuse.

Dans un pays dépourvue de centres urbains, les monastères ruraux s’adaptent mieux que l’organisation épiscopale. Outre l’héritage artistique qui y est maintenu, le monachisme irlandais présente quelques particularités liturgiques qui diffèrent d’avec Rome : la date de Pâques, les rites du baptême … et une tonsure particulière ! Rome rectifiera tout cela à partir de la fin du VII° siècle et fera de saint Patrick la figure (ecclésiale) dominante.

Pour plus d’informations, vous pouvez lire les travaux de l’historien nantais Jean Guiffan http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/saint_patrick_et_la_christianisation_de_l_irlande.asp

Dès lors, ce calice d’Ardagh est non seulement prestigieux par son orfèvrerie "barbare", mais pour nous, unitariens, qui avons pour la plupart une tradition congrégationaliste, il est signe d’une Eglise non centralisée, ouverte aux initiatives locales, valorisant le lien social à partir d’en bas. En cela, il est plus le signe d’une communion locale, populaire, que du rattachement à une hiérarchie plus ou moins lointaine.

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12 mars 2007 1 12 /03 /mars /2007 00:00

Voir nos derniers messages dans les "Actualités unitariennes" : un prochain colloque à Mazamet sur les cathares, les ariens en Espagne, faut-il fêter la Saint-Patrick ? ...

et puis - et surtout ! - un appel à militance avec comme illustration le Petit Nicolas de Sempé qui aide au déplacement - non pas des montagnes par la foi - mais tout simplement des meubles de la maison de ses parents ! Eh oui ! la mouvance unitarienne a besoin de militants et vous êtes le/la bienvenu(e). Cessons d'avoir le complexe des minoritaires (ou des hérétiques ?) et retroussons nos manches si nous voulons que notre courant théologique et humaniste soit davantage connu.

http://actua.unitariennes.over-blog.com

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12 mars 2007 1 12 /03 /mars /2007 00:00

A l’occasion du centenaire de l'inauguration du Foyer de l'âme, je conseille ce livre émouvant de Charles Wagner, l’ "Ami ", paru aux éd. Fischbacher à Paris, réédité en 1950.

Qui sait si le vrai Dieu n’a pas rompu avec ses champions attitrés, pour aller habiter incognito le cœur de ceux qui ne le nomment pas, mais qui vivent de sa vie ? " (Charles Wagner dans L'Ami)

 

Voici un livre qui recèle beaucoup de richesses variées : il est fait d’abord par un écrivain et un poète, par un croyant qui vit sa foi de manière très originale, par un homme qui ouvre les routes de l’espoir à tous, et pas seulement à ceux de son appartenance, vers les grands horizons, et l’on s’en aperçoit dès la préface, qu’il date de 1902. S’il propose son Dieu, c’est d’abord comme un Ami qu’il a été pour lui dans toutes les expériences de sa vie, dans son combat personnel, dans ses heures de joie ou de douleur... mais j’ai conscience de le dire tellement plus mal que lui !

Après les pages de la douleur, celles du deuil du père, d’un père, il révèle l’humanité dans sa vie intérieure, ses manques et ses insuffisances, ses souhaits et ses joies simples, souvent au contact de la nature ; il l’éclaire de ses conseils, toujours bienvenus. L’Ami, dans ce dialogue incessant avec l’homme, a toujours quelque chose d’important à nous dire, et de si important qu’il peut accompagner toute notre vie. Comment vivre sa vie quotidienne, de jeune, de parent, d’homme, de pionnier, comment appréhender Dieu ?

Ce livre n’a, pour moi, pas une ride, et c’est pourquoi j’ai souhaité partager un peu de sa richesse avec vous. Aujourd’hui, il est toujours là, probablement en haut des étagères des éditions Fischbacher, un peu poussiéreux, comme un Ami qu’on aurait oublié injustement, mais qui vous attend patiemment, comme quelqu’un qui est toujours capable de vous accueillir pleinement, de la meilleure façon, avec une grande sensibilité et une forte intelligence de l’essentiel.

 

Marie-Claire Weber-Lefeuvre est l’auteur d’une étude des évangiles aux éditions L’Harmattan que nous avons présentée dans nos actualités unitariennes (http://actua.unitariennes.over-blog.com " Une laïque nous parle des évangiles ", 2 mars 07, catégorie : vient de sortir). Elle est membre de notre association, l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens.

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12 mars 2007 1 12 /03 /mars /2007 00:00

Pierre-Jean Ruff, qui fut pasteur à la paroisse ERF de la Bastille, a publié un livre aux éditions Van Dieren en 1999 : Charles Wagner et le Foyer de l'Âme (Paris, coll. " Petite bibliothèque théologique " 96 pages). En voici la présentation par l'éditeur et l'introduction (sur le site de l'éditeur).

"La liberté est un bien inestimable… Sans elle, l'essentiel — l'amour, l'Évangile pour les croyants–, reste lettre morte" (Charles Wagner").

Sur la voie de cette quête de la liberté en vue de la Vie, Charles Wagner (1852-1918) reste une figure de proue. Outre la beauté et le relief de cette figure, il y a le message du protestantisme libéral qu'il porte profondément en lui : un agnosticisme religieux, mystique et exigeant, le souci de mettre l'Homme et non la Révélation ou l'Église au centre du destin de Dieu, l'assurance de l'amour de Dieu –qui garantit une fin bonne et un présent marqué du sceau de la lumière. Ce message est résumé dans la devise qu'il a proposée lors de l'inauguration du temple, "Le Foyer de l'Âme", qu'il a fondé en 1906 : "Ici on enseigne l'humanité". Voilà ce que dit chacune des pages de la vie de cet homme d'exception.

INTRODUCTION

Beaucoup aujourd'hui ne savent plus trop qui était Charles Wagner. On se rappelle qu'il fonda la paroisse du Foyer de l’Âme. On connaît aussi la petite rue parisienne qui lui est dédiée, même si l'on ne sait plus trop pour quel motif. Il y a une présentation admirable de la vie de Charles Wagner. Nous la devons à son gendre, Alfred Wautier d'Aygalliers. Je lui ferai de nombreux emprunts. Mais cet ouvrage est hélas épuisé et peu le connaissent. Il mérite d'autant plus de retenir l'attention qu'il offre des extraits nombreux et remarquables du journal de Charles Wagner. Or, là aussi hélas ! malgré de nombreuses recherches effectuées, ce journal est aujourd'hui introuvable.

Le temps passe et efface ce qui légitimement a marqué et fait vibrer d'autres époques. Les développements des sciences et les évolutions qu'elles suscitent font que les jeunes générations misent davantage sur l'apport des technologies nouvelles que sur la mémoire et la sagesse ancestrales. La vie moderne incite à tourner les pages plus vite que jadis, donc à vivre moins dans le souvenir. Il faut vivre avec son temps et les spécificités qui le caractérisent. Mais il ne faut pas refermer trop hâtivement les pages importantes du passé, celles qui alertent notre vigilance contre les forces de la nuit, comme celles qui ouvrent devant nous les portes de la noblesse et de la grandeur qui sont appel à la vie. Notre devise serait de ne pas nous réfugier dans le passé et de ne pas devenir les musées de la vie. Mais elle serait aussi de connaître et reconnaître résolument nos racines, ce d'où nous venons, ce qui nous permet aujourd'hui d'honorer notre condition d'homme et peut-être de croyant. Charles Wagner fut un homme d'exception.

De ces êtres, il en est dans chaque génération. Non seulement ils honorent la condition humaine, mais ils nous incitent tous à nous dépasser. Charles Wagner ne s'est jamais gargarisé de discours impressionnants sur la spiritualité et sur les grands sentiments. Avec la simplicité et la force de sa matrice rurale, il se borne à inviter à habiter notre humanité. Aussi dira-t-il qu'il y a quelque chose de plus rare qu'un grand homme : c'est un Homme. De même, lors de l'inauguration du Foyer de l'Âme, il résume curieusement toutes les belles paroles religieuses que l'on pourrait attendre en cette circonstance dans cette seule formule lapidaire : " Ici, on enseigne l'Humanité ". Nous reviendrons ultérieurement sur cette antienne du message de Charles Wagner.

Homme d'exception, il l'a été. Sa profonde sensibilité, sa simplicité et sa force paysanne sont les composantes d'une personnalité qui en impose par elle-même. Comme toutes les personnalités riches, Charles Wagner n'a pas été l'homme d'un seul engagement, mais d'une diversité d'engagements complémentaires : pasteur, penseur religieux, moraliste, écrivain et formateur de maîtres. Il savait faire vibrer plusieurs cordes de sa personnalité plutôt que d'être l'homme d'un seul sillon. Cette diversité n'avait d'égal que sa vision du monde nouveau auquel Dieu nous invite et de l'humanité qu'elle appelle. Aussi, dans une précédente et courte évocation de ce qu'il fut, l'ai-je présenté ainsi : une figure non conventionnelle mais marquante du protestantisme français. Voilà la belle et noble figure que je souhaite évoquer dans les pages qui suivent. Puissent son image et sa vigueur être aujourd'hui encore ferment d'humanité et de foi !

Le Foyer de l'Âme est l'enfant spirituel de Charles Wagner. Nous pourrions vénérer ce lieu, en mémoire seulement de celui qui en fut le père spirituel. S'il en était ainsi, Charles Wagner se sentirait trahi. Il n'y a pas de culte de la personnalité, mais seulement d'une parole ou d'un message spécifique. Selon le désir de son fondateur, le Foyer de l'Âme est un lieu religieux ou spirituel caractérisé par une parole libre sur le plan théologique, ainsi que par un accueil sans réserve à l'égard de toute personne en recherche spirituelle, quels que soient son passé et ses bagages. Le personnalisme spirituel, le non-dogmatisme, le non-ritualisme, le refus de la raison d'Eglise sont les corollaires d'une telle orientation initiale. En ce sens, au sein d'une Union d'Eglises comme au dehors, le Foyer de l'Âme a bien une vocation religieuse particulière, différenciée de celle de la grande majorité des Eglises. Pendant un siècle, comment le Foyer de l'Âme a-t-il répondu à cette vocation ? C'est ce à quoi nous allons essayer de répondre. L'histoire et les combats de Charles Wagner ; l'histoire et les combats du Foyer de l'Âme : tel est le projet de cet ouvrage.

L'auteur, Pierre-Jean Ruff, est membre honoraire de notre association, l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). En plus de sa réflexion sur le protestantisme libéral, il est connu pour ses écrits sur la spiritualité cathare (voir le Cahiers Michel Servet n° 7 qui a été présenté dans "Actualités unitariennes"). 

voir aussi :

Charles Wagner, L’Homme est une espérance de Dieu, Paris, Van Dieren, janvier 2007, Textes choisis et présentés par Anne Penesco et Geoffroy de Turchheim. Avant-propos de Patrick Chabanel. Paru le 27 janvier, au prix de 20 euros au secrétariat d'Evangile et Liberté, 4, rue de l’Oratoire, 75001 Paris.

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12 mars 2007 1 12 /03 /mars /2007 00:00

Le christianisme unitarien français se réfèrent volontiers à de grandes figures du protestantisme libéral, en premier par ordre chronologique à Charles Wagner (voir notre message précédent "les références du christianisme unitarien" ).

photo de la Société de l'histoire du protestantisme français (SHPF, Paris)

Charles Wagner est né à Wiberswiller, dans les Vosges, en 1852. Fils du pasteur du village, il grandit en fils de la campagne. Dès l'âge de 16 ans, il est envoyé à l'Ecole préparatoire de théologie à Paris. Etudes qu'il poursuit à la Faculté de théologie de Strasbourg. Il fréquente aussi les universités allemandes de Goettingen et de Heidelberg. Il débute dans la carrière pastorale en 1875. Nommé par le Directoire luthérien vicaire du pasteur de Barr, il acceptera en 1877 la charge de l'Église réformée de Rémirémont (entre Nancy et Belfort), dont il démissionne en 1882 pour venir à Paris poursuivre des études d'histoire et de psychologie.

A Paris, il adhère en 1883 au Comité libéral. Il aura à ses début pour seul temple une pièce de son appartement. La petite communauté religieuse qu’il anime est considérée comme de sensibilité progressiste et fonctionne d’une façon très indépendante.

Ses nombreux ouvrages de spiritualité sont ceux d'un mystique indépendant, typique du protestantisme libéral. Il débute sa carrière littéraire en 1890 avec Justice. La maladie et la mort de son fils lui inspirent L'Âme des choses, puis L'Ami. Il publie La Vie simple en 1895. Ce livre lui vaudra un succès d'estime considérable et sera connu à l'étranger par de nombreuses traductions. C'est ce livre qui lui valut l'invitation officielle en 1904 du président des États-Unis, Théodore Roosevelt : "S'il est un livre que je souhaite voir lire par notre peuple entier, c'est La Vie simple de Wagner". Il est reçu à la Maison Blanche et parcourt les Etats-Unis.

C'est avec les bénéfices de sa collecte de fonds lors de cette tournée américaine que C. Wagner pourra financer la construction du Foyer de l'Âme, au quartier de la Bastille à Paris, la paroisse libérale indépendante dont il caressait le projet depuis longtemps. La nouvelle paroisse est inaugurée en mars 1907. Le temple comprend 1200 places assises, ce qui témoigne de la réputation de prédicateur de son promoteur. En 1924, la rue sur laquelle donne l’entrée du temple change de nom pour adopter le sien " rue du pasteur Wagner ".

L’anniversaire de la fondation du Foyer de l’âme, qui est son oeuvre, sera fêté le 24 mars par une Journée organisée par l’association Evangile et Liberté (voir " Actualités unitariennes " http://actua.unitariennes.over-blog.com " Charles Wagner et le Foyer de l’âme ").

C'est sans doute sa vision de l'enseignement qui le rapproche le plus de Ferdinand Buisson, ainsi que la passion fervente pour une pensée libre. Wagner collabore à partir de 1902, avec Buisson d'ailleurs, au Manuel général de l'enseignement primaire. Il donnera plusieurs cours aux instituteurs pour leur présenter sa vision très laïque de l'enseignement de la morale.

En 1906, avec Wilfred Monod, il est l'instigateur de l'assemblée de Jarnac, où il plaide en faveur de l'unité et qui sera à l'origine de l'Union nationale des Églises réformées, dont il devient président d'honneur.

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