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Jean-Claude Barbier, membre permanent du conseil d'administration de l'AFCU, adresse

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 12:50

par Jean-Claude Barbier, chrétien unitarien

 

Lancée en février 1999, la Fédération des réseaux du parvis réunit à ce jour une cinquantaine de mouvements (lien) dont la plupart sont apparus pour défendre les acquis de Vatican II et, pour d'autres, suite au traumatisme de 1995 que vécurent les chrétiens dit « de Gauche » lors de l’éviction de Mgr Jacques Gaillot de son siège épiscopal d’Evreux. Elle réunit à la fois des catholiques réformateurs qui espèrent changer leur Eglise sur la lancée de Vatican II, mais aussi des catholiques qui, en quelque sorte, ont pris le large et n’entendent plus obéir à une hiérarchie qu’ils estiment dépassée par les enjeux modernes.
 
Elle se trouve donc à cheval sur une frontière qui passe entre les catholiques encore pratiquants et ceux qui se positionnent désormais en dehors de l’institution, qui ont pris leur indépendance – tout en conservant bien entendu leur foi chrétienne. Même si l’évolution des dernières années, notamment avec le règne pontifical de Benoît XVI, a renforcé le camps de ceux qui n’attendent plus rien de leur hiérarchie, la Fédération n’a pas vocation à créer une dissidence catholique : elle réunit à la fois des catholiques du dedans et des catholiques du dehors ; c’est donc « et » et non pas « ou ».


Soucieux avant tout d’engagement social au nom de l’altruisme évangélique, ces mouvements n’accordent plus d’importance à la dogmatique de leur Eglise. Signe des temps, aucun ne s’intitule « catholique », tous préférant des identités plus larges : « chrétiens », « croyants », « Eglise », « Fraternité », « Evangile », « Parole », « Liberté », etc. Pour tous, c’est chrétiens d’abord et la fidélité à l’Evangile, la « Bonne nouvelle » annoncée à tous les hommes sans exception par Jésus. C’est donc tout naturellement que cette Fédération s’est engagée dans une post confessionnalité * et a accepté en ses rangs des associations d’inspiration protestante : Théolib (depuis 2005) et Expérience et Théologie (en 2010), ainsi que les chrétiens unitariens (l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens, AFCU, depuis 2006)*.


* Sur le christianisme post-confessionnel, voir notre article mis en ligne sur le site Profils de libertés, le 20 janvier 2005, dans la rubrique " Chroniques " ( lien), texte par ailleurs reproduit sur le site du Réseau européen des protestants libéraux ELPN, celui des Croyants len liberté Sarthe et dans le mensuel genevois Le Protestant  (" mensuel roman fondé en 1831 "), n° 3, mars 2005, p. 6.
  

* voir la rubrique "Parvis (France)" sur le site de l’AFCU ( lien).


Ce positionnement post-confessionnel fut fort bien expliqué dès 1999 par Jean Huez, responsable de Croyants en liberté Sarthe, dans un article intitulé « Catholiques réformateurs », dans un paragraphe intitulé précisément : "Foi chrétienne" plutôt que "foi catholique" ou "foi protestante".


« Beaucoup d’entre nous assument mal leur héritage et leur appartenance catholique. C’est parfaitement compréhensible, tant le malaise est profond par rapport au discours et à la pratique dominant dans notre Eglise. Aussi préférons nous mettre en avant notre christianisme. Et nous n’avons pas tort car notre foi ne va pas à une Eglise particulière, mais à Jésus, le Christ.
A l’inverse, nos amis protestants, beaucoup moins complexés que nous vis à vis de leurs propres Eglises, revendiquent souvent d’abord un protestantisme dont ils sont fiers, avant même leur christianisme. Nous pouvons comprendre ce souci de ne pas être confondus avec une Eglise hégémonique à laquelle ils ne veulent pas être assimilés. Mais parfois nous sommes agacés quand cette affirmation protestante est tellement forte qu’elle occulte presque le plus important : cette foi en Jésus, le Christ.
Nous n’avons donc pas tort de dire d’abord notre foi chrétienne, avant notre appartenance à une Eglise particulière ».


Tout récemment, dans un texte préparatif au Rassemblement de Lyon pour les 11-12 novembre 2010, Cécile Entremont, présidente de la Fédération, dans un article intitulé « Qui sommes-nous ? », mets volontiers en avant, elle aussi, cette diversité confessionnelle :

 

« Catholiques d’ouverture, protestants libéraux, unitariens, nous sommes de 7 à 10 000 chrétiens - au sein de cinquante associations françaises - regroupés depuis dix ans par les Réseaux du Parvis. Si certains de ces chrétiens critiques oeuvrent encore dans les Eglises instituées, beaucoup ont pris leurs distances par rapport à l’appareil « disciplinaire-dogmatique » et pour la majorité ils se rassemblent « hors les murs » pour vivre, dire et célébrer l’Evangile ensemble, de façon nouvelle. ».


Lors de ce Rassemblement de Lyon, le compagnonnage protestant a été notable, tant au niveau du comité de parrainage avec Roger Parmentier, pasteur protestant, fondateur du mouvement Actualisation de la Bible et auteur de nombreux ouvrages ( lien) et James Woody, pasteur de l’Eglise réformée de France (ERF) à l’Oratoire du Louvre et président d’Evangile et Liberté (lien), qu'au niveau des conférenciers : Raphaël Picon, doyen de la Faculté libre de théologie protestante de Paris et rédacteur en chef de la revue Evangile et Liberté (conférence-débat « Pour aujourd’hui, quel Dieu ? », du vendredi 12 novembre) et Lytta Basset, philosophe et théologienne, doyenne de la Faculté de théologie de l’université de Neuchâtel, en Suisse (conférence débat « Dieu dans les quêtes spirituelles de nos contemporains », du jeudi 11 novembre).

 

jean_charles_sikner_lyon_2010_devant_affiche_PB140796.JPGJean-Charles Sikner (photo), président de l’AFCU, et Jean-Claude Barbier, membre permanent du conseil d’administration de cette même association, ont participé à l’Assemblée générale et au Conseil d’administration de la Fédération qui se sont tenus le samedi 13 novembre à Sainte-Foy-lès-Lyon, dans la foulée du Rassemblement.


Il s’ensuit que la Fédération est porteuse de propositions de réformes qui valent pour l’Eglise catholique, mais aussi pour toute Eglise : un engagement dans le monde à la lumière de l’évangile et selon la dynamique de Vatican II et de la théologie de la libération qui a toute sa faveur, une promotion du laïcat et une non discrimination des femmes et des homosexuels, un mode de fonctionnement démocratique au sein des communautés, une ouverture aux autres religions, etc.

 

En cela, la Fédération, si elle ne peut en aucun cas être accusée de dissidence, n’en est pas moins vecteur d’un catholicisme alternatif *


* pour cette notion d'alternativité, voir notre article du 19 janvier 2010 dans les Actualités unitariennes « Pourquoi pas un catholicisme alternatif ? » (lien)

 

Il s’ensuit qu’il lui faut poser des jalons pour un christianisme du XXIème siècle (d’où le « message d’espérance » proclamé à la sortie du Rassemblement de Lyon, lien) et mettre au point des outils les plus efficaces possibles : un site (1), des publications (2), des rencontres (3), un soutien à des groupes thématiques (4), etc.


domaine_lyon_saint_joseph_tenture.JPG(1) le site même de la Fédération (en période de rodage,  lien), mais aussi celui – bien documenté – de Nous sommes aussi l’Eglise (NSAE,  lien), celui très engagé socialement et politiquement de « Parthenia 2000 » édité par le prêtre spiritain Gérard Warenghem ( lien), et bien sûr le site des chrétiens unitariens avec sa rubrique concernant le Parvis ( lien) et nos Actualités unitariennes ( lien) avec plusieurs de ses rubriques : « catholiques libres en action », « les chrétiens se rassemblent », « communautés religieuses en débat », « épîtres d’aujourd’hui », « paroles d’évêque », « vies de prêtres », « à contre courant, la page des prophètes », « la Contre Réforme », « vive l’inter-convictionnel », « interfaith « , etc.

 

(2) Une revue trimestrielle « Les réseaux du Parvis », deux « Lettres » par an, des hors séries


(3) Une assemblée générale annuelle (en principe le dernier week-end du mois de novembre) et deux conseils d’administration par an, regroupant les représentants des associations membres pour le fonctionnement statutaire de la Fédération ; mais aussi des « Journées d’été" sur des thèmes inspirant qui invitent à une approche multiple (déjà en juillet 2008 à Rouen sur le thème de l’eau ; en projet pour juillet 2011 et en Bretagne : sur le thème de la terre) et des « Rassemblements » comme celui qui vient d’avoir lieu avec succès à Sainte-Foy-lès-Lyon, environ tous les 3 ans.


(4) déjà en place : un Observatoire chrétien de la laïcité  OCL, et un groupe « international » ; lancées en novembre 2010 : un groupe « Evangile et société » afin de mieux mobiliser les associations qui sont engagées dans le monde, et un groupe « inter fois » ou « inter spiritualités » afin d’ouvrir les catholiques aux autres fois religieuses.

 

photo : tenture dans l'espace accueil du Domaine Saint-Joseph à Sainte-Foy-lès-Lyon où s'est déroulé le Rassemblement de novembre 2010

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