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Jean-Claude Barbier, membre permanent du conseil d'administration de l'AFCU, adresse

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9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 19:18

Alors que Jean-Baptiste et Jésus-Christ n’ont jamais demandé à leurs compatriotes de changer de religion puisqu’ils s’adressaient à leurs coréligionnaires Juifs, mais tout simplement de changer de mœurs et de pratique, de ne plus pécher, de se converrtir de coeur et d'esprit, le terme de conversion devint, avec la fin du judéo-christianisme, synonyme d’adhésion à la nouvelle religion qu’était le christianisme de la part de « païens », puis plus tard, pour d’autres peuples également monothéistes, par exemple juifs ou musulmans.

Dès l’origine le baptême est la marque d’un changement intérieur, d’un reniement au passé ; il deviendra de plus en plus le signe d’un changement d’identité avec l’adoption d’un prénom chrétien.

Au sein de sa nouvelle communauté, la promotion du baptisé, après un temps de formation - le catéchuménat - peut être très rapide puisque tous y sont frères et sœurs et que les origines nationales sont abolies. Il y a d’emblée assimilation résultant de l’abolition des identités antérieures. Il n'y a plus ni Juifs, ni Grecs, ni païens dira Paul. L’islam et bien d’autres religions fonctionnent ainsi sur ce même modèle universel après un rituel d’entrée.

Dans la pratique, bien entendu, le nouveau converti, en quelque sorte l' "étranger", est suivi avec attention par les autochtones (censés être les descendants des premiers occupants des lieux habités, du moins ceux dont on connaît l’histoire), par les vieilles familles (les souches lignagères qui peuvent compter leurs aïeuls sur place), par les dignitaires et la hiérarchie, si ce n’est les autorités politiques.

NDLR - Dans la société civile, on notera les progrès suivants : l’insertion (qui consiste en une adaptation aux règles de vie et aux mœurs de la société d’accueil), l’intégration (qui implique l’adoption des valeurs et une solidarité active) et enfin l’assimilation (où toute trace d’identité antérieure concurrente est gommée).

Lors des conversions forcées, la surveillance est accrue et les individus identifiés selon des statuts bien précis.

 

En Espagne par exemple les chrétiens (« Cristianos ») furent « Mozarabes » lorsqu’ils vivaient en territoire arabe, « Elches » lorsqu’ils se convertissaient à l’islam (d’un mot arabe signifiant « renégat »).

Les musulmans ("Moros" , c’est à dire les Maures) furent des « Moriscos » (Morisques, littéralement « petits Maures ») lorsqu’ils durent se convertir après les édits de 1502 *, « Mudéjares » lorsqu’ils vivaient en territoire chrétien et autorisés à vivre leur propre religion, moyennant tribut, « Marranos » = Marranes, si, convertis au christianisme, ils étaient soupçonnés de continuer à pratiquer leur propre religion.

Les juifs (« Judios ») sont « Conversos » lorsqu’ils sont convertis au christianisme (ils y sont obligés depuis la fin du XIIème siècle), et eux aussi soupçonnés d’être « Marranos » lorsqu’ils continuent à pratiquer clandestinement leur religion.
* après la proclamation en 1525, par Charles Quint, de l’unité religieuse de son royaume d’Espagne, la pression sur les musulmans de Grenade sera de plus en plus forte jusqu’à la révolte dite des Morisques en 1570-1571.


La_Expulsion_de_los_Moriscos.jpg
Illustration. "La Expulsión de los Moriscos" par Vicente Carducho. Museo del Prado, Madrid. Les Morisques sont expulsés de Valence par décret du 22 septembre 1609 et débarquent au port d’Oran. Pour plus amples informations sur le sort des Morisques, voir entre autres l’article dans Wikipedia ( lien)

 Si le fidèle ne se comporte pas selon les pratiques en vigueur, il sera admonesté, sinon exclu (l’excommunication chez les chrétiens). S’il n’adhère pas à toutes les croyances et, pire, s’il en professe de différentes ou de nouvelles, il courra le risque d’être taxé d’« hérétique ». S’il change de confession ou de religion, il sera un « apostat » (qui abandonne, qui renie sa foi), on dit aussi un « renégat » (mais ce terme déborde le seul domaine religieux).

La démocratie et la laïcité permettent une libre circulation des personnes entre les confessions et religions, chacun pouvant adhérer à la communauté de son choix et en changer sans que cela fasse drame dans sa famille, dans son entourage et parmi ses relations.

 

Il peut donc y avoir des itinéraires religieux et spirituels qui ne sont pas forcément des ruptures par rapport aux étapes précédentes, mais des cheminements, voire même des recherches. Il n'y a plus d'avant et d'après, des "conversions", mais des choix successifs qui peuvent être vécus comme autant de progressions.

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