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Jean-Claude Barbier, membre permanent du conseil d'administration de l'AFCU, adresse

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 13:00

paul_abela_paris_mars_2006_photo_afcu.JPGNé le 29 décembre 1921 au Caire, ingénieur économiste, Paul Abela a été très actif à Droits et Libertés dans les Eglises (DLE) dont il fut l'un des membres fondateurs avec Jacques Chatagner en 1988. C'est tout naturellement, qu'il se retrouva parmi les meneurs de l’aventure des Parvis en 1999 qui fédéra la plupart des mouvements qui avaient éclos un peu partout en France à la suite de l’éviction de Mgr Gaillot de son diocèse d’Evreux en 1995.

 

Malgré sa petite taille et un début de voussure du fait de son âge, il en était le patriarche aux cheveux blancs de la sagesse et aux yeux bleu pervenche accueillant à tout nouveau venu ; il était toujours présent, avec sérénité, porté à l’écoute des autres et aux synthèses ; sa voix était douce.

 

Tout en ayant d’excellentes relations avec sa communauté catholique locale, qui se réunissait en la chapelle Saint-Bernard-de-Montparnasse, il souhaitait ardemment la réforme de son Eglise. Nourri des grandes personnalités catholiques qui, bien avant, Vatican II, avaient préparé le changement, il était entre autres débiteur de la pensée et de la spiritualité d’un Maurice Zundel, prêtre suisse, écrivain et théologien (1897-1975). Il fit d’ailleurs une communication intitulée « Quel Dieu prions nous ? » au colloque de Paris consacré au centenaire de la naissance de Maurice Zundel en mars 1997 (mise en ligne en septembre 1999 sur le site de l’Eglise réformée de Mulhouse).

 

C’est bien d’un bilan qu’il s’agissait, non seulement de son propre itinéraire, mais de toute une génération catholique, lorsqu’il écrivit un livre de 160 p. en 2002 (aux éditions l’Harmattan, dans la collection "Chrétiens autrement") : Je crois, mais parfois autrement) *. "Pour exprimer - disait-il -  l'essentiel de ce que je crois, je dirai, en termes neufs, les convictions acquises à mon âge." Beaucoup de chrétiens réformateurs se retrouvèrent alors d'emblée dans ce livre.
 

 

* un compte rendu du livre fut fait par Jean-Claude Barbier dans la Revue de théologie et de philosophie - Rthph (Lausanne), n° 134, 2002 et reproduite dans le bulletin n° 19 de la Correspondance unitarienne, en mai 2003. 


Avec lui, nous avions organisé la célébration libre du 5 juin 2004 à Paris, à la salle Sainte-Agnès de la rue Oudinot qu’il avait réservée (il avait des relations partout dans les milieux catholiques !). Il présida une table de communion que nous avions disposée en U de façon à ce que chacun soit en relation de face à face. Il s’ensuivit un manifeste signé de lui même au nom de la Fédération, du pasteur Pierre-Jean Ruff au nom de Théolib et de moi-même, au nom des chrétiens unitariens ; ce texte appelait à la multiplication de cette pratique et fut publié en juillet par Golias.

 

L’année suivante, nous refîmes une telle célébration publique, cette fois-ci dans une salle de la rue Montparnasse, toujours à la sortie d’un conseil d’administration de la Fédération des réseaux des Parvis, avec la même participation mais surtout des gens des Parvis. J’étais alors venu avec un ami unitarien d’Orléans. Je me souviens que notre théologienne Alice Gombault fronça les sourcilles lorsque Paul, uniquement par excès de modestie, présenta la cérémonie comme étant "presque une eucharistie", ce qui était manifestement en retrait par rapport à sa propre pensée ! Assurément, Paul n’aimait pas heurter les sensibilités ...


Sous sa houlette, la Fédération avait mis sur pied une commission liturgique nationale. Dans ce cadre, Paul prépara le culte de la fin de notre Rassemblement annuel à Draveil en novembre 2004, mais, à la dernière minute, il ne put venir pour des raisons de santé : Pierre Castaner, Alice Gombaut et moi même avions alors pris en charge l’animation. Deux ans plus tard, à Paris, la commission rendit l’âme faute de combattants. Les ressources humaines sur Paris n’étaient pas suffisantes ou pas insuffisamment disponibles pour atteindre l’objectif qui était de toucher des gens hors du cercle habituel des militant. Réaliste, Paul ne défendit pas une décision qui était convenue d’avance.

 

AFCU-AG-06-presents.JPG

Avec d'autres membres du bureau de la Fédération des réseaux des parvis, dont Alice Gombault (théologienne) et André Letowski (alors président des Parvis) ; Paul Abéla (1er à gauche) était venu au culte de la fin de l'assemblée générale des chrétiens unitariens en mars 2006 à Paris (ici avant le culte). Photo Jean-Pierre Babin.

 

Réformateur, Paul persévéra et signa, convaincu qu’il y avait urgence : « Peut-on encore changer l’Eglise catholique ? S’adapter ou se désagréger », écrivit-il dans un article publié dans Témoignage chrétien le 30 octobre 2008 ; reproduit dans les Actualités unitariennes du 30 novembre 2008 (rubrique "catholiques libres en action" ).

 

Avec lui, nous avons assisté à un basculement dans la majorité des militants de la Fédération, désormais sachant qu’ils devaient voler de leurs propres ailes sans plus rien attendre de la hiérarchie. Paul, avec sa sérénité habituelle, avait aider à faire cette transition particulièrement douloureuse pour certains. Tout était douceur en lui et accompagnement spirituel. Marie-Thérèse, sa femme, avait déjà fait cette évolution à partir de la mouvance des amis de Marcel Légaut ; plus radicale, elle est l’une des animatrices du mouvement Jésus simplement (lien).


Jean-Claude Barbier (chrétien unitarien, Bordeaux)


Paul Abela est décédé le mercredi 7 avril 2010 à l’âge de 89 ans. La cérémonie religieuse aura lieu ce mardi 13 avril à 10h30, à la chapelle Saint-Bernard-de-Montparnasse (Paris) qu’il a tant aimée. Les chrétiens unitariens présentent à sa femme Marie-Thérèse, à son fils et à toute sa famille leurs condoléances.

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