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Jean-Claude Barbier, membre permanent du conseil d'administration de l'AFCU, adresse

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20 avril 2007 5 20 /04 /avril /2007 09:11

Prague, grâce aux mines d’argent de Kutna Hora (dans le Kuttenberg), ouvertes en 1237devient une ville en plein essor. Les bourgeois de la cité sont autorisés à élever un hôtel de ville en 1338 et la ville devient le siège d’un archevêché en 1344. En 1346, le tchèque est reconnu comme langue officielle du royaume de Bohème (du nom de la tribu celte des Boïens). L’université est crée en 1348. C’est la première de tout l’Empire germanique qui couvrait alors, en plus de l’Allemagne d’aujourd’hui, la Suisse, l'Italie du Nord, les Pays-Bas, la Belgique, l'Autriche, etc. En 1363, Venceslas IV est couronné du vivant de son père (Charles IV, de la dynastie des Luxembourg) souverain d’un royaume dont l’autonomie au sein du Saint Empire germanique s'est vue confirmé quelques années auparavant, en 1356.

 

C’est dans ce contexte que naît Jean Hus en 1370. Voir sa biographie sur le site " Unitariens ". Il reprendra à son compte les idées réformatrices des lollards (voir l'article de Didier Le Roux sur le même site) et revendiquera le maintien de la communion sous les deux espèces, le pain et le vin. Son action est d’autant mieux appréciée qu’en 1412 le pape, à court d’argent pour construire ses monuments, notamment la basilique Saint-Pierre et Saint-Paul de Rome, vient de lancer la vente des indulgences. Il sera brûlé vif au concile de Constance en 1415. Puis ce sera le tour de Jérôme de Prague, le 30 mai 1416.

 

Les partisans de Jean Hus, les hussites, se révolteront et tiendront tête aux croisades lancées contre eux jusqu’en 1434. Ils mettront le calice en emblème sur leurs drapeaux, en en faisant ainsi un symbole pour la libération de leur peuple.

 

 

Jean Zizka, capitaine hussite, tué au combat le 11 octobre 1424     CCSH-Zizka.gif

 

 

 

En 1457, sous l’impulsion de Pierre de Chelcic (1390-1460), les communautés hussites s’organisent en Unitas Fratrum (Union des Frères), de tendance égalitariste et non violente, avec comme centre le bourg de Kunwald (à l’est de Hradec Kralové, tout près de la frontière allemande). Ils sont connus sous le nom de " Frères de Bohème ". Mais la plupart se rallieront en masse au luthéranisme. Le mouvement disparaît totalement à partir de la fin de la Guerre de Trente ans, en 1623, lorsque les Habsbourg d’Autriche assoient leur pouvoir sur la Bohème et y réintroduisent le catholicisme romain.

 

Une première résurgence aura lieu en 1722 à l’initiative du comte Nikolaus-Ludwig von Zinzenforf, piétiste fervent, qui accueille sur ses terres de Saxe des Frères de Bohème persécutés, lesquels y fondent le village de Herrnhut (en Saxe, au sud ouest de Görlitz, entre ce bourg et la frontière tchèque). Ce seront les " Frères moraves ". En 1721, un dernier meneur hussite est signalé en la personne de Jean Népomucène. Les Frères moraves agissent au sein des Eglises protestantes et se montrèrent très actifs au niveau missionnaire. Actuellement ils sont quelques 800 000, répartis dans le monde entier (Joseph Longton, 1987, Fils d’Abraham, panorama des communautés juives, chrétiennes et musulmanes, éditions Brepols, , p. 106).

 

L‘Eglise hussite tchécoslovaque (Cirkev ceskoslovenska husitska CCSH) est donc une seconde résurgence du mouvement, plusieurs siècles plus tard, en 1919. Est-ce une Eglise musée, conservatrice de faits historiques, de caractère national, ou bien est-elle porteuse, en plus, d’une théologie spécifique (la communion sous les deux espèces) et d’une ecclésiologie moderne (ouverte aux laïcs et aux femmes) ? Quels sont ses rapports avec les Frères moraves (lesquels ont été très influencés par le luthéranisme et qui se sont internationalisés) ?

En 1941, les unitariens ont hérité du calice des hussites grâce au dessinateur tchèque Hans Deutsch. C‘est donc avec une grande émotion que nous signalons l‘existence de cette Eglise qui, bien que récente, est " historique ". En tout cas, elle fait partie de notre patrimoine culturel.

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